dimanche 9 novembre 2014

Se faire couper les parties ou la barbe, c'est tout un ! Plutôt en perdre la tête.

" (Un) athlète (...) était en danger de mort s'il ne se faisait couper les parties génitales ; son frère survint (mais l'athlète était philosophe), et il lui dit : " Eh bien ! mon frère, qu'attends-tu ? Coupons ces parties et retournons au gymnase ". Mais lui ne se résigna pas, il tint bon et mourut. Quelqu'un demanda à Épictète : " Comment s'est-il conduit ainsi ? Est-ce comme athlète ou comme philosophe ? - Comme un homme, répondit-il, mais un homme dont le nom avait été proclamé aux jeux d'Olympie, qui avait passé toute sa vie dans une telle position et qui n'était pas un client de Baton, le parfumeur. Un autre se serait laissé couper la tête, s'il avait pu vivre sans tête." Voilà comment on reste au niveau de son rôle ; telle en est la force chez ceux qui, d'eux-mêmes, ont l'habitude d'en tenir compte dans leurs décisions. " Eh bien ! Épictète, fais-toi raser." Si je suis philosophe, je réponds : " Je ne me ferai pas raser. - Alors je t'enlèverai la tête.- Si cela vaut mieux pour toi, enlève-la moi." (Entretiens, I, 2, 25-29)
Manifestement Épictète croit à l'essence de tel ou tel rôle, ce qui permet de définir univoquement les devoirs. Mais nous qui sommes troublés par l'ethnologie et par l'histoire au point de ne même plus pouvoir répondre à une question comme : " Quels sont les devoirs d'un père ?", comment pouvons-nous encore prendre au sérieux l'idée que l'essence du philosophe inclut la barbe ?
Comment faire le partage entre les devoirs absolus et les devoirs relatifs à tel ou tel contexte ?
Et pourquoi s'écrier "Plutôt mort que rasé !" vu que la barbe fait précisément partie des choses qui ne dépendent pas de nous ? Pourquoi ne pas répondre : " Tu auras beau défigurer autant que tu peux mon visage, moi, tu ne me défigures pas ! " ?

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