Simon Leys écrit dans Le bonheur des petits poissons (2008) :
" Le philosophe Alain (suivi sur ce point par Sartre dans L'imaginaire), croyant qu'il y avait une différence essentielle entre le perçu et l'imaginé, se moquait de ces gens qui prétendent voir le Panthéon sans être en face de lui ; "Combien lui voyez-vous de colonnes ?" Mais en fait, un peintre Song, ou un Vinci, ou un Daumier n'auraient probablement pas trouvé saugrenu de compter les colonnes de leur Panthéon mental" (Le Livre de Poche, p.22)
Si compter n'exclut pas savoir déjà le résultat final, en effet on peut bien compter les colonnes du Panthéon imaginé. Mais si tout calcul est défini comme une opération permettant de découvrir ce qu'on ne sait pas, alors Alain et Sartre ont raison : on ne peut pas apprendre, en les comptant, combien notre Panthéon mental a de colonnes.
C'est pourquoi on doit être sceptique par rapport à l'hypothèse sceptique selon laquelle les perceptions pourraient n'être que des produits de notre imagination.