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dimanche 7 octobre 2018

De Baudelaire à Céline, de fil en fil.

On a peut-être à l'esprit ces quelques vers tirés du poème ouvrant Les Fleurs du malAu lecteur :
" Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégite
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !"
80 ans après, dans d'autres textes, le Diable a perdu son omniprésence impersonnelle (et si vraie ?). Mais il continue de dominer la scène. Je le retrouve dans ce texte d' Annick Duraffour et de Pierre-André Taguieff, tous deux soucieux de reconstituer la " passion idéologique que fut l'antisémitisme célinien " :
" Vision conspirationniste de l'histoire, où le Juif seul " tire les ficelles "- expression chère à Céline et fréquente dans la propagande antisémite. Ainsi Hitler déclare combattre non la classe ouvrière marxiste, mais les " judéo-marxistes qui tirent les ficelles ". Les auteurs citent alors un extrait du livre de Jean-Marie Domenach La propagande politique (1950) . Pendant l'Occupation, une affiche de la Propagandastaffel représentant un gros Juif fumant un cigare et tenant par des ficelles un groupe de marionnettes composé de banquiers de la City, de bolcheviks, d'hommes d'affaires américains." L'histoire est conçue comme un théâtre avec ses figurants, ses pantins, ses fantoches : une mise en scène trompeuse (...) " Le juif n'est pas tout mais il est le diable et c'est suffisant. Le Diable ne crée pas tous les vices mais il est capable d'engendrer un monde entièrement , totalement vicieux." (Céline, la race, le Juif, Fayard, 2017, p.294)
Les dernières lignes sont tirées d'une lettre de Céline à Lucien Combelle.
Peut-on aujourd'hui se passer de mentionner le diable tirant les ficelles ? Bien sûr l'expression ne pourra être que métaphorique. Et pas en politique, à coup sûr. Où alors ? Dans la folk psychology ? Mais athées ou non, ils nous presseront de voir le divin en nous, ou du moins le cher, le trop cher humain...
" Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encore brodé de leurs plaisant dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas, n'est pas assez hardie."

Commentaires

1. Le dimanche 7 octobre 2018, 23:34 par gerardgrig
Il y a les satanistes modernes, assumés, et leur bible à télécharger, qui est fort intéressante.
Par contre, il est certain que Satan n' est qu' une métaphore pour l' islam. Ce sont le polythéisme et l'idolâtrie, qu' il tente de conjurer et d'intégrer en les désamorçant, par le culte d' une pierre noire qui appartient aux divinités solaires de l'Antiquité. C' est le sens du titre du roman de Salman Rushdie, qui lui a valu une condamnation à mort.
Pour un penseur chrétien comme René Girard, Satan est au fondement de sa théorie du désir mimétique et du bouc émissaire. Jésus lui-même disait que Satan expulse Satan, et qu' il est le Prince de notre monde. René Girard appelait Satan la violence comme ultime principe caché, à l'origine de toute société humaine.
2. Le lundi 8 octobre 2018, 11:32 par Philalethe
Ah, j'ai beau aimer Satan comme allégorie du pire, je ne me sens pas encore prêt à lire la bible sataniste, malgré l'intérêt que vous lui trouvez...
Islam à part, qui ne doit pas conjurer l'avatar satanique qui menace de le désintégrer ?
Si j'avais à choisir entre la croyance des théodicées que le Mal n'est qu'un effet de perspective pour qui ignore la réalité du Bien et celle selon laquelle Satan est le Prince de notre monde, je choisirais cette dernière et, en janséniste, je penserais qu'il a presque toujours le dernier mot.
3. Le lundi 8 octobre 2018, 14:49 par gerardgrig
L'intérêt de l'œuvre de Salman Rushdie est qu'elle montre que Mahomet a produit des versets qui disent la multiplicité de Dieu, à côté de versets qui affirment l'unicité de Dieu, ce qui constitue une critique du fondamentalisme monothéiste. Nous autres chrétiens, nous avons essayé de traiter ce problème avec la Sainte Trinité, même si elle a entraîné des hérésies. Selon que l'on disait 3=1, ou 1=3, on était brûlé ou non ! La pierre noire de l'islam, c'est la neutralisation et l'assimilation de l'idolâtrie, mais cette pierre est aussi la météorite du Dieu solaire d'Héliogabale en Syrie, ce qui fait une autre concession au polythéisme. De son côté, je crois que la religion juive a toujours tenté d'intégrer la magie, dans un discours rabbinique parallèle, pour la détourner du satanisme.
4. Le mercredi 31 octobre 2018, 19:05 par Philalethe
Concernant la Trinité, je crois qu'on était autant brûlé si on disait que c'était trois personnes vues comme une ou une personne vue comme trois. Il faut croire qu'elles sont réellement trois et qu'il n'y en a réellement qu'une. Descartes parlant de la foi reconnaissait l'essentielle obscurité des croyances, sans elle on saurait que Dieu est un et trois en même temps.

lundi 13 mai 2013

Après avoir fait du Freud, peut-on espérer refaire du La Bruyère ?

Louis-Ferdinand Céline :
" De nos jours, faire le "La Bruyère" c'est pas commode. Tout l'inconscient se débine devant vous dès qu'on s'approche" (Voyage au bout de la nuit La Pléiade, p.397)

Commentaires

1. Le vendredi 7 juin 2013, 10:55 par Pierric R.
Bonjour,
J'essaye comprendre votre rapprochement (et par la même celui de Céline). Ici, vous semblez faire un parallèle entre le moraliste La Bruyère, et la psychanalyse Freudienne. Est-ce à dire que le moraliste dont l'objectif semble de mettre à jour les vices cachés derrière nos vertus partage avec Freud - à un degré moins achevé - cette mission (désolé je ne trouve pas de terme plus adéquat)?
2. Le lundi 10 juin 2013, 14:54 par Philalèthe
Une lecture possible : faire le "La Bruyère", c'est penser que les esprits peuvent être décrits adéquatement sans mentionner l'inconscient : même si la description fait ressortir quelquefois le caché, l'esprit décrit reste intégralement connaissable pour le psychologue pénétrant. L'inconscient, présenté ici comme indéterminable, changerait la donne : le doute sur la possibilité de connaître à fond un homme naît ; du coup l'écrivain qui fait du La Bruyère comme si Freud n'était pas passé par là court le risque de passer pour aveugle et naïf. 
Certes on pourrait reprendre l'idéal de connaissance de la Bruyère, en tenant en compte l'inconscient mais on risque d'aboutir à un échec à cause de cet inconscient inobservable. La gravité de l'échec est relative à la manière dont on comprend le "pas commode" : ardu ou impossible ?
Finalement on peut comprendre la phrase au moins de trois manières :
a) décrire l'esprit en 1932 avec les concepts de La Bruyère est mal reçu.
b) reprendre le projet psychologique de La Bruyère en tenant en compte la réalité de l'inconscient est une tâche difficile.
c) c'est une tâche impossible
Ces deux dernières phrases concluent un chapitre à la fin duquel Bardamu et Madelon, "pour faire psychologues" essayent "d'analyser un peu le caractère de Robinson. " Il n'est pas jaloux précisément qu'elle me dit alors, mais il a des moments difficiles. - Ça va ! ça va !..." que j'ai répondu et je me suis lancé dans une définition de son caractère à Robinson, comme si je le connaissais, moi son caractère, mais je me suis aperçu tout de suite que je ne connaissais guère Robinson sauf par quelques grossières évidences de son tempérament. Rien de plus. C'est étonnant ce qu'on a du mal à s'imaginer ce qui peut rendre un être plus ou moins agréable aux autres...On veut le servir pourtant, lui être favorable, et on bafouille...C'est pitoyable, dès les premiers mots...On nage." 
Viennent alors les deux phrases commentées.

mardi 7 mai 2013

Deux variations dualistes.

Socrate dans le Phédon de Platon :
" L'âme raisonne le plus parfaitement quand ne viennent la perturber ni audition, ni vision, ni douleur, ni plaisir aucun ; quand au contraire elle se concentre le plus possible en elle-même et envoie poliment promener le corps ; quand, rompant autant qu'elle en est capable avec toute association comme tout contact avec lui, elle aspire à ce qui est." (65c, éd. Brisson)
Bardamu dans le Voyage au bout de la nuit de Céline :
" Je me méfiais quand même parce que les miteux ça délire facilement. Il y a un moment de la misère où l'esprit n'est plus déjà tout le temps avec le corps. Il s'y trouve vraiment trop mal. C'est déjà presque une âme qui vous parle. C'est pas responsable une âme." (La Pléiade, p. 224)

samedi 4 mai 2013

Le divertissement : Pascal et Céline.

La version originale :
" Quand j'ai pensé de plus près et qu'après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j'ai voulu en découvrir les raisons, j'ai trouvé qu'il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près (...) De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois, sont si recherchés (...) De là vient que les hommes aiment tant le bruit et la remuement. De là vient que la prison est un supplice si horrible, de là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible." (Pensées, fragment 125, éd. Le Guern)
Une version libre, célinienne :
" Toujours j'avais redouté d'être à peu près vide, de n'avoir en somme aucune sérieuse raison pour exister. À présent j'étais devant les faits bien assuré de mon néant individuel. Dans ce milieu trop différent de celui où j'avais de mesquines habitudes, je m'étais à l'instant comme dissous. Je me sentais bien près de ne plus exister, tout simplement. Ainsi, je le découvrais, dès qu'on avait cessé de me parler des choses familières, plus rien ne m'empêchait de sombrer dans une sorte d'irrésistible ennui, dans une manière de doucereuse, d'effroyable catastrophe d'âme. Une dégoûtation.
À la veille d'y laisser mon dernier dollar dans cette aventure, je m'ennuyais encore. Et cela si profondément que je me refusais même d'examiner les expédients les plus urgents, Nous sommes, par nature, si futiles, que seules les distractions peuvent nous empêcher vraiment de mourir. Je m'accrochais pour mon compte au cinéma avec une ferveur désespérée." (Voyage au bout de la nuit, 1932)
Céline avait lu Pascal, qu'il cite à plusieurs reprises en 1916 dans les lettres envoyées d' Afrique à Simone Saintu.
Dans l'article qu'il consacre à Mort à Crédit dans Le Quotidien du 19 mai 1936, Fortunat Strowkski, professeur à la Sorbonne, écrit :
" C'est la condition humaine. Cela s'impose à nous. Ce que Pascal disait du haut de sa pensée, M. Céline le gueule au niveau des lieux bas." ( Céline, Romans, 1, La Pléiade, p.1410)
Céline a depuis bien longtemps conquis la Sorbonne...

dimanche 26 juin 2011

La sagesse vue par Céline.

" N'hésite surtout pas devant la difficulté apparente. Crache devant, dessus, dessous tous les gens qui te diront que c'est folie. On arrive à ce qu'on veut, et les choses les plus difficiles d'apparence sont protégées surtout par sa propre peur et la lâcheté bruyante des arguments dits de la sagesse. La destinée est une putain qui se tait quand on l'enfile. Mais pour cela il faut bander, et les vieux voudraient bien encore, mais la Pondération les tue." (Lettre à Albert Milon, 1920)
Ce qui me fait penser de loin à La Rochefoucauld :
" Les vieillards aiment à donner de bons préceptes, pour se consoler de n'être plus en état de donner de mauvais exemples." (Maxime 93, édition de 1678)

Commentaires

1. Le dimanche 26 juin 2011, 19:04 par sopadeajo
"On arrive à ce qu'on veut" (Céline) Pas si vous êtes le centre des attaques, si on vous fait de tout et constamment. Il le dit dans un bref entertien avec Pauwels, quoique bien plus tard. Et dans ces cas on peut même arriver à ce que l´on ne veut pas, contre notre volonté et désirer la mort (sans souffrance) plus que la vie.

mercredi 22 juin 2011

La mort comme révélateur : Montaigne, puis Céline (conforté par Pascal et Rousseau).


" En tout le reste il y peut avoir du masque : ou ces beaux discours de la Philosophie ne sont en nous que par contenance ; ou les accidents, ne nous essayant pas jusques au vif nous donnent loysir de maintenir tousjours nostre visage rassis. Mais à ce dernier rolle de la mort et de nous, il n'y a plus que faindre, il faut parler François, il faut montrer ce qu'il y a de bon et de net dans le fond du pot,
" Alors seulement des paroles sincères nous sortent du fond du coeur, le masque tombe, la réalité reste "
Voylà pourquoi se doivent à ce dernier traict toucher et esprouver toutes les autres actions de nostre vie. C'est le maistre jour, c'est le jour juge de tous les autres ; c'est le jour, dict un ancien, qui doit juger de toutes mes années passées. Je remets à la mort l'essay du fruict de mes etudes. Nous verrons là si mes discours me partent de la bouche ou du coeur." (Livre I XIX)
Céline va tirer, lui, des leçons politiques de l'attitude des hommes au pouvoir quand ils se décomposent face à la possibilité de leur mort :
" Les préjugés, qui forment le fonds coutumier du cadre social, ne sont pas suffisamment étayés pour maintenir ceux qui ont vu de près les tristes figures, l'allure délabrée, les fibres intimes tremblotantes devant la mort de ces nombreux hommes qui jouissent, dans la vie organisée, d'une "solide réputation", d'"une situation formidable" et de tant d'autres adages qui leur ont servi pendant de longues années à diriger de façon doctorale les masses respectueusement soumises de ceux qui ne possèdent pas -
Quelle triste représentation ma chère amie, que celle qu'ils jouèrent pour la plupart devant celle qui ne pardonne pas aux piètres acteurs -
Combien j'ai vu aussi de vessies dégonflées, qui tenaient en respect, quelques jours avant, des peuples de subalternes -
Aussi suis-je maintenant, avec beaucoup d'autres, rempli d'un scepticisme piteux, pour cette cohorte de prétentieux, imbéciles pour la plupart, dont tout le talent résidait à maintenir entre les observateurs et eux un écran opaque, ou plutôt de couleur favorable, à travers lequel le peuple moutonnant contemplait son oppresseur, se révoltait parfois - mais par là même, consacrait l'efficacité de ce mirage trompeur.
La mort qu'on ne leurre pas a rompu ce pernicieux charme - et les hommes me sont apparus, quels qu'ils soient terriblement égaux pour la plupart, ne se spécialisant, ne ressortant de la masse, que par deux choses et encore rarement - les vices et l'intelligence -
Tenant à la vie, tous, à un degré égal, et ne se prêtant à son sacrifice que pour trois causes - le feu sacré, qui se rapproche beaucoup d'une phobie quelconque ; par manque d'imagination qui confine à la misère psychique, et enfin pour une troisième et dernière raison, un grand amour-propre -
Appelez tout ceci comme vous voudrez - tournoyez, changez les expressions - cherchez des échappatoires, vous ne trouverez d'autres mobiles au plus grand sacrifice, décorez-le de noms les plus pompeux, distillez-le en périodes enflammées, rien ne peut vous y soustraire -
La petite bande clairsemée des pleutres apparaît infime alors, elle n'attend que le coup de pouce pour se classer dans une des trois catégories dont beaucoup de sujets n'ont le mérite que d'y avoir été poussés -
Enfin une infime minorité de lâches auxquels les trois qualités manqueront, ou seulement en posséderont une à un trop grand degré pour être annihilée par une autre, compensatrice.
Il me fallait cette grande épreuve pour connaître le fond de mes semblables sur lesquels j'avais de grands doutes -
La chose est faite, je les ai classés sans m'épargner moi-même - Je sais ce que je vaux, je sais ce qu'ils valent, et j'ai conclu avec beaucoup d'autres qu'il nous était définitivement impossible de dépendre d'autres hommes, la plupart terriblement égaux - sinon inférieurs.
Ne croyez pas ma chère Simone que je sois empreint d'une folle prétention, et que je fasse partie d'une confrérie de jeunes esthètes qui traitent avec une superbe méprisante le reste de l'humanité dédaigneusement vouée à leur ostracisme englobant.
Mon nombril n'est en aucun point devenu le centre du monde.
Je sais qu'il est sur terre des êtres devant lesquels je m'incline volontairement, mais ils ne sont malheureusement pas ceux qu'il faut solliciter pour manger.
Ceux-ci sont en général de beaucoup plus prétentieux et exigent de ceux qui dépendent d'eux une soumission respectueuse, que le ridicule a définitivement chassée chez moi, et rendue impossible -
C'est pourquoi je parcours et parcourrai encore le monde dans des occupations fantaisistes, c'est pourquoi aussi beaucoup d'autres qui ont vu nous joindront, c'est pourquoi le régiment des dévoyés et des "errants" se renforcera de nombreuses unités, transfert fatal de la désillusion, bouée de l'amour-propre, rempart contre la servitude qui avilit et dégrade, mais contre qui personne ne proteste, parce qu'elle n'a que notre cerveau comme spectateur-
Ne croyez pas non plus que je professe une haine quelconque pour mes semblables, j'aime au contraire les voir, les entendre, mais je fais mon possible pour échapper à leur emprise. Pour entendre le son d'une cloche, il vaut mieux en être éloigné, le bruit trop rapproché vous assourdit - ." (Lettre à Simone Saintu, 31 Juillet 1916 - Céline a 22 ans)
Le préjugé dont parle Céline dans la première phrase est de concevoir le pouvoir social et politique comme la propriété des meilleurs moralement. Ainsi ce texte est-il aussi bien une dénonciation de la tyrannie au sens où Pascal comprend ce mot :
" Tyrannie.
La tyrannie est de vouloir avoir par une voie ce qu'on ne peut avoir que par une autre. On rend différents devoirs aux différents mérites, devoir d'amour à l'agrément, devoir de crainte à la force, devoir de créance à la science.
On doit rendre ces devoirs-là, on est injuste de les refuser, et injuste d'en demander d'autres.
Aussi ces discours sont faux et tyranniques : " Je suis beau, donc on doit me craindre ; je suis fort, donc on doit m'aimer ; je suis..." Et c'est de même être faux et tyrannique de dire : " Il n'est pas fort, donc je ne l'estimerai pas. Il n'est pas habile, donc je ne le craindrai pas." ( Pensées, 54 éd. Le Guern)
Et Rousseau vient à l'appui :
" On ne peut pas demander quelle est la source de l'inégalité naturelle, parce que la réponse se trouverait énoncée dans la simple définition du mot. On peut encore moins chercher s'il n'y aurait point quelque liaison essentielle entre les deux inégalités (l'inégalité naturelle et l'inégalité politique) ; car ce serait demander en d'autres termes, si ceux qui commandent valent nécessairement mieux que ceux qui obéissent, et si la force du corps ou de l'esprit, la sagesse ou la vertu, se trouvent toujours dans les mêmes individus, en proportion de la puissance, ou de la richesse : question bonne peut-être à agiter entre des esclaves entendus de leurs maîtres, mais qui ne convient pas à des hommes raisonnables et libres, qui cherchent la vérité." (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes)

Commentaires

1. Le dimanche 26 juin 2011, 10:41 par sopadeajo
Beau texte de Céline qui montre bien squ´il est anarchiste, sa haine des pouvoirs établis et tout le reste n´est que mauvaise littérature.

mercredi 1 mars 2006

Mais à quoi bon méditer sur les philosophes antiques ?

" Il est mort du coeur finalement dans des conditions pas pépères... d'un grand coup d'angine de poitrine, d'une crise qui a duré vingt minutes. Il a bien tenu cent vingt secondes avec tous ses souvenirs classiques, ses résolutions, l'exemple à César... mais pendant dix-huit minutes il a gueulé comme un putois...Qu'on lui arrachait le diaphragme, toutes les tripes vivantes... Qu'on lui passait dix mille lames ouvertes dans l'aorte... Il essayait de nous les vomir... C'était pas du charre. Il rampait pour ça dans le salon... Il se défonçait la poitrine... Il rugissait dans son tapis... Malgré la morphine. Ça résonnait dans les étages jusque devant sa maison... Il a fini sous le piano." (Céline Mort à crédit 1936 La Pléiade p.525)
"Une chose si terrible et si affreuse qui fait la conclusion de la tragédie, et qui dépouille le roi du théâtre de toute sa grandeur, et l'égale au plus vil acteur de la pièce." (Jean de Silhon De l'immortalité de l'âme 1634)