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dimanche 13 septembre 2009

" Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre", voilà ce qu'on pouvait lire aussi à l'entrée du palais de Denys...

Dans Comment distinguer un flatteur d'un ami, Plutarque dénonce une des propriétés du flatteur: le mimétisme qui le pousse à singer sa cible pour ainsi satisfaire son amour-propre et donc mieux tirer profit d'elle. Pour illustrer un tel mimétisme, il a recours à l'anecdote suivante:
" Ainsi arriva-t-il, dit-on, dans Syracuse quand Platon vint y séjourner et que Denys se passionna d'un zèle furieux pour la philosophie. Le palais était plein de poussière, à l'usage des milliers d'amateurs qui ne cessaient d'y tracer des figures géométriques. Mais quand Platon eut été disgrâcié, quand des sommets de la philosophie le tyran fut retombé dans sa passion pour le vin, pour les femmes perdues, pour les propos frivoles, pour la débauche, soudain, comme à un mouvement de la baguette de Circé, ce fut une métamorphose générale; et l'ignorance, l'oubli, la sottise envahirent tout." (texte grec ici)
Pas un flatteur, des milliers.
Ce qui m'intéresse: la poussière laissée à dessein dans le palais pour que Denys ait plaisir à voir, animée par d'innombrables doigts, la démonstration de la légitimité de sa lubie (poussière ordonnée par lui-même ou par un flatteur ?)
Mais la condition de la poussière, je veux dire la négligence et l'absence de soin, dit la vérité sur ce soudain amour de l'ordre. Ce propre-là n'apparaît que sur fond de sale. Aussi a-t-on beau y faire de la géométrie, ce palais aux surfaces négligées a quelque chose de la caverne: adhésion passionnelle aux mathématiques, imitations multitudinaires et intéressées, répétitions sans progrès.