samedi 1 juin 2019

Greguería n° 55

" El picador es un Don Quijote que ha engordado."
" Le picador est un Don Quichotte qui a grossi."

Commentaires

1. Le samedi 8 juin 2019, 02:40 par gerardgrig
Cette gregueria évoque l'hyper-espagnolisme de la corrida, que Ramón déconstruit, comme dans "El torero Caracho", qui n'est pas une apologie naïve de la tauromachie. Mas on ne l'imaginerait pas plaisanter avec l'espagnolisme patriotique. Dans "El Rastro", il y a aussi un espagnolisme "populiste" qui abrite déjà une forme de surréalisme, le marché aux puces de Madrid semblant être comme la métaphore d'un recueil de greguerias. Néanmoins, Ramón devait peut-être partager le jugement de Dali sur le "Romancero gitano" de Lorca, qui se rattachait sans le vouloir à l'espagnolisme pour grand public.
Ramón était lucide sur l'espagnolisme d'origine étrangère de Valle-Inclán, que celui-ci avait emprunté à Barbey d'Aurevilly. Dans la bohème littéraire de Madrid, Valle-Inclán avait joué le jeu de la décadence, tandis que Ramón était commentateur et spectateur, ce qui lui permettait de prendre le train de la modernité, même s'il se rattachait au courant picaresque. L'espagnolisme de Ramón était celui du guérillero et du picaro.
2. Le lundi 10 juin 2019, 11:17 par Philalethe
Dans ce cas aussi, la greguería me paraît tout à fait juste. Le picador par son hiératisme, du moins quand il a terminé d'appeler le taureau, évoque une gravure représentant Don Quichotte, au poids près ! Le rédacteur de La France Byzantine vise juste : Ramón est supérieurement réaliste !
3. Le vendredi 14 juin 2019, 10:32 par l'ange scalpé
mais Ramon ne veut il pas dire aussi que
le picador est Sancho Pança, double vulgaire de Don Quijote?
4. Le vendredi 14 juin 2019, 11:39 par Philalethe
C'est en effet une interprétation intéressante. En prenant du poids, Don Quichotte gagnerait en sens de la réalité et au lieu d'aller vers une cible imaginaire, attendrait plus platement que le danger réel fonce sur lui.

vendredi 31 mai 2019

Greguería n° 54

" Aquel director de Zoológico hizo barnizar a todos los animales y le salió el primer día de la creación."
" Un directeur de zoo fit vernir tous les animaux : ce fut alors le premier jour de la création."

Commentaires

1. Le samedi 1 juin 2019, 11:55 par gerardgrig
Il est assez facile de faire un commencement de monde, en déménageant un zoo, par exemple. Cela pourrait inciter à douter des textes religieux, et poser le problème du conflit de la raison et de la foi. Il y a des explications rationnelles des textes religieux. Celle du Buisson ardent est parfaitement scientifique. Dans le cas de la Genèse, l'explication rationnelle reste toujours théologique. Le moyen s'y échapper est l'ironie voltairienne.
2. Le samedi 1 juin 2019, 15:10 par Philalethe
Quand j'ai lu cette greguería, j'ai immédiatement pensé au musée créationniste américain ! https://arkencounter.com/

jeudi 30 mai 2019

Greguería n° 53

" Los ojos negros nos permitirán penetrar en ellos, pero los azules nos tendrán siempre a la puerta."
" Les yeux noirs nous permettront toujours de pénétrer en eux, mais les yeux bleus nous laisseront toujours sur le seuil."

mercredi 29 mai 2019

Greguería n° 52

" El ciervo es el hijo del rayo y del árbol."
" Le cerf est le fils de la foudre et de l'arbre."

mardi 28 mai 2019

Greguería n° 51

" El capullo comienza como un corazón, y acaba estallando como un aneurisma. "
" Le bourgeon commence comme un coeur et finit en éclatant comme un anévrisme. "

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1. Le mercredi 29 mai 2019, 18:17 par gerardgrig
Cette gregueria est assez flaubertienne. À la poésie bucolique, elle mêle une angoisse sur sa fin, de rentier instruit des choses de la médecine. On pense à Bouvard et à Pécuchet. Mais Ramón évoque un accident généralement associé à des parties nobles du corps. Il n'évoque pas les infections purulentes de parties plus prosaïques.

lundi 27 mai 2019

Greguería n° 50


" La B es el ama de cría del alfabeto."
" Le B est la nourrice de l'alphabet."

Commentaires

1. Le samedi 1 juin 2019, 17:25 par gerardgrig
Ramón était un peu kabbaliste et numérologue. Il s'intéressait à la magie et à la superstition de la culture méditerranéenne. Il y a un côté para-normal, métapsychique, dans les greguerias, parce qu'elles nous font entrer dans d'autres dimensions. Ici Ramón livre une bribe d'abécédaire Le B représente les deux seins de la nourrice. Il me semble que le Beith de la Kabbale va dans ce sens, avec la nourrice en moins.
2. Le lundi 3 juin 2019, 16:47 par gerardgrig
Ramón aurait pu être soupçonné de marranisme par l'Inquisition, comme Cervantes et Thérèse d'Avila. L'Inquisition était encore active à l'époque de Goya. Il y a un tableau de lui, "Autodafé de l'Inquisition".
3. Le lundi 10 juin 2019, 11:24 par Philalethe
Il voit les majuscules comme des hiéroglyphes.

dimanche 26 mai 2019

Greguería n° 49


" El Cid se hacía un nudo en la barba para acordarse de los que tenía que desafiar."
" Le Cid se faisait un noeud à la barbe pour se rappeler de ceux qu'il devait défier."

vendredi 24 mai 2019

Greguería n° 47

" Lo mas terrible del atropello es que el grito lo da el freno mientras enmudece la victima."
" Le plus terrible quand quelqu'un se fait renverser, c'est que le cri est celui du frein, au moment même où la victime est rendue muette."

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1. Le samedi 25 mai 2019, 09:45 par pang lescale
Gregueria N° 48
" la imitacion es un arte culinario"
2. Le mardi 28 mai 2019, 16:32 par gerardgrig
Il y a peut-être une influence du cinéma dans cette gregueria. On dirait un montage qui joue sur le décalage entre l'image et le son. Il y a aussi comme un souvenir de la pataphysique du piéton écraseur. C'est le piéton qui tombe, mais c'est le véhicule qui souffre et qui crie.
3. Le jeudi 30 mai 2019, 16:34 par Philalethe
à Pang Lescale
Je fais la cuisine que je peux... J'espère que vous imitiez l'original agacé...

jeudi 23 mai 2019

Greguería n° 46

" Galgos son tuberculosos que corren."
" Les lévriers sont des tuberculeux qui courent."

mercredi 22 mai 2019

Greguería n° 45

" Cuando con la pluma se hace un enredijo de líneas sale una masa encefálica. "
" Quand avec la plume on fait un enchevêtrement de lignes, apparaît une masse encéphalique."

Commentaires

1. Le mercredi 22 mai 2019, 17:00 par gerardgrig
C'est par son œuvre de peintre que l'histologiste et neuroscientifique Santiago Ramón y Cajal découvrit les neurones, avec axones et dendrites, et les synapses. À l'origine, il peignait des coupes de cervelles de mouton, auxquelles il trouvait un grand intérêt artistique. D'un point de vue épistémique, on peut parler de sérendipité. Néanmoins, dans sa gregueria, Ramón évoque plutôt une forme de dessin automatique, comme il y a une écriture automatique. Pourtant, le fait que la main dessine spontanément ce qui ressemble à un cerveau pourrait intéresser les neurosciences.