Il n'y aurait donc aucun moyen de sortir de la Caverne...
" Le scarabée prend son élan, il se lance et accélère constamment vers son but... Le temps défile dans une tension paniquée, les yeux fermés. Choc contre l'obstacle, et puis chute... C'est la caractéristique biologique du scarabée-torpille que de voler jusqu'à ce qu'il s'écrase contre son but et tombe... Une fois par terre, il n' a plus aucune force. Pour qui l'observe, la cause est entendue : le scarabée n'y arrivera pas. Mais il y arrive. Il revient à son point de départ... J'ai vécu ce vol d'innombrables fois en moi-même, de jour comme de nuit. La fin a toujours été la même : collision, chute, rampement sur le sol, retour au point de départ - à grand-peine et au prix d'efforts à chaque fois plus grands... Le mur que vient percuter le scarabée est solidement construit. Des générations d'humanité sont là derrière. Aussi bien, l'étroite ouverture qu'il vise, et qui luit encore de temps à autre, n'est auparavant comme après, qu'une illusion d'optique et n'existe pas en réalité."
C'est un texte de Franz Jung. Je l'ai lu à la page 353 du beau livre de Hans Magnus Enzensberger consacré à Hammerstein ou l'intransigeance, une histoire allemande (2008, Gallimard, 2010).