Raffaele Simone dans un essai qui, entre autres bienfaits, enrichit l'ontologie du livre en prenant en compte le numérique, détermine ce qu'un auteur peut faire de ou sur son propre texte :
" Il peut copier sur lui-même ( comme dans le cas de Pirandello, qui transférait très souvent des morceaux de ses nouvelles dans ses drames et vice versa ), parce que l'idée de plagiat ne s'applique pas aux opérations que l'auteur accomplit sur ses propres textes. Le plagiat n'existe que si c'est un autre qui plagie et personne n'accuserait Pirandello de s'être copié lui-même." ( Pris dans la Toile. L'esprit au temps du web , p. 119 )
À la lecture de ces lignes me vient à l'esprit le doute suivant : peut-on copier sur soi ?
Certes on peut copier un texte qu'on a écrit, on peut dire alors qu'on se recopie. Mais copier sur quelqu'un veut dire faire l'économie d'un effort et faire passer pour son propre produit ce qui est en fait produit par autrui. Or, si j'ai écrit le texte initial que je copie, j'ai fait l'effort de le faire et par définition je ne trompe personne en attribuant à moi-même aussi la responsabilité du second texte (ou de l'oeuvre plus généralement, car il peut s'agir par exemple d'un dessin, entre autres).
Cependant Littré reconnaît comme dernier sens du verbe copier un sens réfléchi :
Certes on peut copier un texte qu'on a écrit, on peut dire alors qu'on se recopie. Mais copier sur quelqu'un veut dire faire l'économie d'un effort et faire passer pour son propre produit ce qui est en fait produit par autrui. Or, si j'ai écrit le texte initial que je copie, j'ai fait l'effort de le faire et par définition je ne trompe personne en attribuant à moi-même aussi la responsabilité du second texte (ou de l'oeuvre plus généralement, car il peut s'agir par exemple d'un dessin, entre autres).
Cependant Littré reconnaît comme dernier sens du verbe copier un sens réfléchi :
" Se copier, v. réfl. S'imiter soi-même, c'est-à-dire en parlant d'un écrivain ou d'un artiste, produire des oeuvres qui ont entre elles beaucoup de ressemblance. Cet artiste n'a point d'invention, il se copie sans cesse."
Manifestement ce dernier sens n'est pas pertinent pour rendre intelligible le texte de Simone puisque cet auteur veut dire au fond insérer sans le retoucher un passage d'une oeuvre à soi dans une autre oeuvre à soi (c'est ce qu'on appellerait aujourd'hui copier / coller).
Il semble donc qu'un auteur peut se recopier mais qu'il ne peut pas copier sur lui ( à ceux qui lisent le texte en italien de me dire si je fais ici autre chose que l'analyse d'une traduction erronée ! ).
Cependant on peut imaginer que l'auteur non seulement a oublié ce qu'il a écrit dans le passé mais n'a plus (momentanément ou non) la capacité d'écrire la même chose (en qualité et/ou en quantité) que ce qu'il a écrit. Alors, se lisant comme il lirait un autre, il prélève à l'auteur qu'il n'est plus des lignes que le lecteur sera porté à croire contemporaines de l'écriture du texte qu'il lit (procédé qui, sans être une franche tromperie, tend à faire croire le faux).
Il paraît donc que dans un certain contexte c'est sensé de dire de quelqu'un qu'il copie sur lui.
Il semble donc qu'un auteur peut se recopier mais qu'il ne peut pas copier sur lui ( à ceux qui lisent le texte en italien de me dire si je fais ici autre chose que l'analyse d'une traduction erronée ! ).
Cependant on peut imaginer que l'auteur non seulement a oublié ce qu'il a écrit dans le passé mais n'a plus (momentanément ou non) la capacité d'écrire la même chose (en qualité et/ou en quantité) que ce qu'il a écrit. Alors, se lisant comme il lirait un autre, il prélève à l'auteur qu'il n'est plus des lignes que le lecteur sera porté à croire contemporaines de l'écriture du texte qu'il lit (procédé qui, sans être une franche tromperie, tend à faire croire le faux).
Il paraît donc que dans un certain contexte c'est sensé de dire de quelqu'un qu'il copie sur lui.
Commentaires
De fait, Guitton avait dû donner le même sujet l'année précédente et l'ancien m'offrait malicieusement le propre corrigé de Guitton. Je fus certes couvert de honte, mais mon désespoir fut plus fort. Je ne fis ni une ni deux, je m'emparai du corrigé du maître, en conservai l'essentiel (les parties, leurs thèmes et la conclusion) que j'accommodai de mon mieux à ma manière, c'est-à-dire à ce que j'avais déjà saisi de la manière de Guitton, écriture comprise. Quand Guitton rendit en public les copies, il me couvrit d'éloges sincères et stupéfaits : comment avais-je pu faire en si peu de temps de tels progrès ! J' étais premier avec 17 sur 20.
Bon, pour moi, j'avais tout simplement recopié le corrigé de Guitton, j'avais triché, resquillé et pillé son texte : suprême artifice et imposture pour me gagner sa faveur. J'étais confondu : il ne pouvait pas ne pas s'en être aperçu ! Ne me tendait-il pas un piège ? Car je croyais qu'il avait tout compris, et par générosité voulait me le cacher. Mais lorsque longtemps après, peut-être trente ans, il me reparla avec admiration de cette copie exceptionnelle et qu'en réponse je lui dis la vérité, il en fut encore plus stupéfait. Pas un instant il ne s'était douté de mon imposture et n'y voulait pas croire !
Quand je disais qu'un maître ne déteste pas qu'on lui renvoie sa propre image et que souvent il ne la reconnaît même pas, sans doute sous le plaisir conscient / inconscient qu'elle lui donne de se reconnaître en un élève élu..." (p.84-85)