Dans The philosophy of human evolution (2012), Michael Ruse cite un passage des carnets de Darwin, le voici :
" Plato says in Phaedo that our "necessary ideas" arise from the preexistence of the soul, are not derivable from experience- read monkeys for preexistence -" (M 128, September 4, 1838, Barrett et al. 1987, 551)" (p. 137).
Ce qu'on peut traduire ainsi :
" Platon dit dans le Phédon que nos "idées nécessaires" proviennent de la préexistence de l'âme, ne sont pas dérivables de l'expérience - à la place de préexistence, lisez singes."
Darwin semble réaliser ici à sa façon le projet de Nietzsche et bien avant lui ! Renverser le platonisme.
Mais Nietzsche a porté des jugements sévères sur Darwin : "nos généalogistes du singe" écrit-il dans David Strauss, le confesseur et l'écrivain (7). Il l'inclut avec Mill et Spencer parmi "les philosophes anglais estimables, mais médiocres" (Par-delà le bien et le mal, 253, éd. Le Rider). Ce que Nietzsche refuse dans le darwinisme est le "déterminisme de nuance passive, avec le sentiment écrasant d'une inéluctable hérédité", selon les termes de Ernst Bertram (Nietzsche, essai de mythologie, 1932, trad. Pitrou, éditions du Félin, 1990, p..88 ). Aux yeux de Nietzsche, Darwin a réduit à tort la vie à l'instinct de conservation (cf par exemple ce passage du Gai Savoir : " la lutte pour la vie n'est qu'une exception, une restriction momentanée de la volonté de vivre ; la grande et la petite lutte tournent partout autour de la prépondérance, de la croissance, du développement et de la puissance, conformément à la volonté de puissance qui est précisément volonté de vie." V, 349). Gilles Deleuze est très clair sur ce point : " Nietzsche critique Darwin, parce que celui-ci interprète l'évolution, et même le hasard dans l'évolution, d'une manière toute réactive. Il admire Lamarck, parce que Lamarck a pressenti l'existence d'une force plastique vraiment active, première par rapport aux adaptations : une force de métamorphose." (Nietzsche et la philosophie, p.48).
Mais Nietzsche a porté des jugements sévères sur Darwin : "nos généalogistes du singe" écrit-il dans David Strauss, le confesseur et l'écrivain (7). Il l'inclut avec Mill et Spencer parmi "les philosophes anglais estimables, mais médiocres" (Par-delà le bien et le mal, 253, éd. Le Rider). Ce que Nietzsche refuse dans le darwinisme est le "déterminisme de nuance passive, avec le sentiment écrasant d'une inéluctable hérédité", selon les termes de Ernst Bertram (Nietzsche, essai de mythologie, 1932, trad. Pitrou, éditions du Félin, 1990, p..88 ). Aux yeux de Nietzsche, Darwin a réduit à tort la vie à l'instinct de conservation (cf par exemple ce passage du Gai Savoir : " la lutte pour la vie n'est qu'une exception, une restriction momentanée de la volonté de vivre ; la grande et la petite lutte tournent partout autour de la prépondérance, de la croissance, du développement et de la puissance, conformément à la volonté de puissance qui est précisément volonté de vie." V, 349). Gilles Deleuze est très clair sur ce point : " Nietzsche critique Darwin, parce que celui-ci interprète l'évolution, et même le hasard dans l'évolution, d'une manière toute réactive. Il admire Lamarck, parce que Lamarck a pressenti l'existence d'une force plastique vraiment active, première par rapport aux adaptations : une force de métamorphose." (Nietzsche et la philosophie, p.48).