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dimanche 27 janvier 2013

Jansenius et Nietzsche, séparés par un pont.

On connaît ce texte de Nietzsche :
« L’homme est une corde tendue entre la bête et le surhomme, - une corde sur l’abîme (...) Ce qu’il y a de grand dans l’homme, c’est qu’il est un pont et non un but : ce que l’on peut aimer en l’homme, c’est qu’il est un passage et un déclin. » (Ainsi parlait Zarathoustra I, 4, éd. Lacoste et Rider)
J’y ai pensé en lisant un passage de Jansenius cité par Sainte-Beuve :
« Rompez tous les ponts avec l’orgueil, avec la volonté humaine et propre ; rompez tous les ponts, même les moindres ; qu’il n’y ait rien, pas une simple planche de passage entre l’ennemi et vous ; que ceux qui veulent venir à la sainte Cité de Grâce se jettent dans l’abîme du fossé, dans l’abîme de la Providence ; le pont de Dieu se formera sous leurs pas et ira de lui-même les chercher. Mais ne leur laissez pas croire qu’ils peuvent commencer d’eux-mêmes ce pont, qu’ils peuvent en jeter par leur effort le premier câble ou la première planche ; car ce commencement fera planche en effet à tout le reste, et tout l’orgueil humain à la suite y défilera. »(Port-Royal, livre II, La Pléiade, vol. I, p.624)
Pour Jansénius, le pont vient d’en haut, de Dieu ; pour Nietzsche, c’est l’homme qui est un pont, devrait, s'il le peut, être un pont, plus exactement.
Curieusement, dans un passage au moins de son oeuvre, Nietzsche reprend la métaphore du pont qui mène à Dieu. Il porte même un nom, Platon :
" Dans la grande fatalité du christianisme, Platon est cette fascinante ambiguïté, appelée "idéal" qui permit aux natures nobles de l'Antiquité de se méprendre elles-mêmes et d'aborder le pont qui mène à la "Croix"" (Le crépuscule des idolesCe que je dois aux Anciens, 2, ibid., p. 1025).