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dimanche 13 septembre 2015

Karl Kraus, notre contemporain.

En 1908, dans le numéro 261 de son journal Die Fackel (Le Flambeau), Karl Kraus écrit :
" Kein Atemholen bleibt der Kultur und am Ende liegt eine tote Menschheit neben ihren Werken, die zu erfinden ihr so viel Geist gekostet hat, dass ihr keiner mehr übrig, sie zu nützen.
Wir waren kompliziert genug , die Maschine zu bauen, und wir sind zu primitiv, uns von ihr bedienen zu lassen. Wir treiben eine Weltverkehr auf schmalspurigen Gehirnbahnen."
Son biographe, Edward Timms, traduit ainsi :
" There is no breathing space for culture, and ultimately mankind lies dead beside its works, whose invention has cost so much intelligence that there was none left to put them to use.
We were complicated enough to build the machine and we are too primitive to put it to our service. We are operating a world-wide system of communication on narrow-gauge lines of thought." ( Karl Kraus, apocalyptical satirist, Yale University Press, 1986, p.149)

Commentaires

1. Le dimanche 13 septembre 2015, 19:18 par pale langesc
Gerhirnbahnen , jolie expression: voies cervicales ?
Est ce qu'on ne peut pas énoncer une loi à partir de là : plus les voies de communication sont larges plus les pensées sont étroites et pauvres ?
2. Le dimanche 13 septembre 2015, 19:48 par Philalèthe
Oui, littéralement "des voies cérébrales à traces étroites"...
Si votre loi tient, on peut qui sait ? rajouter alors celle-ci : plus les conséquences négatives des voies larges de communication sont connues, plus de voies étroites sont reconstruites à des fins correctrices.

vendredi 3 juillet 2015

L'essence de la guerre (de civilisation ou non).

Le capitaine Prasch debout devant son abri, tout barbouillé de sang, il brandit au-dessus de sa tête un tête empalée sur un bâton. Il parle : " C'est mon premier prisonnier italien, c'est moi qui ai fait ça avec mon propre sabre. Mon premier prisonnier russe, je l'avais fait torturer avant. Mes préférés pour ça, c'est les Tchèques. Je suis natif de Graz. Tous ceux que j'ai rencontrés en Serbie je les ai abattus sur le champ. De mes propres mains, j'en ai tué une vingtaine, parmi eux des civils et des prisonniers, et j'en ai fait fusiller au moins cent cinquante. Tout soldat qui tardait à monter à l'assaut ou qui se planquait pendant un feu roulant, je l'ai abattu moi-même. J'ai toujours frappé au visage mes subordonnés, qui avec ma canne, qui avec mon poing. Toutefois j'ai aussi beaucoup fait pour eux. En Serbie, j'ai violé une jeune Serbe mais ensuite je l'ai abandonnée aux soldats, et le lendemain j'ai fait pendre la fille et sa mère au parapet d'un pont. La corde s'est cassée et la fille, encore vivante, est tombée dans l'eau. J'ai sorti mon revolver et j'ai tiré jusqu'à ce qu'elle coule, morte. J 'ai toujours rempli mon devoir jusqu'au dernier souffle de l'homme et de sa monture. Je fus décoré et promu. J'ai toujours été à mon poste. La guerre exige une solide concentration de toutes les forces. Il ne faut pas perdre courage. Haut les coeurs ! " Il lève plus haut le bâton." (Karl Kraus, Les derniers jours de l'humanité, Acte V, scène 55, 1919, Agone, 2005, p.691-692)

mercredi 1 juillet 2015

La raison s'interdit de prendre des vacances.

" Il n'est pas exclu que le droit de ne pas se servir de son intellect et de sa raison ou, en tout cas, de s'en servir le moins possible soit en train de se transformer plus ou moins en un droit fondamental et qu'un intellectuel qui serait tenté de le contester explicitement coure le risque d'être soupçonné de faire preuve simplement d'arrogance et de mépris. Ce qui est nouveau n'est évidemment pas le fait que les êtres humains dans certaines circonstances et même de façon générale, se servent fort peu de la faculté dont ils sont en principe le plus fiers, à savoir la raison, c'est plutôt le fait que l'on se sente de moins en moins autorisé à le leur reprocher." (Jacques Bouveresse, Et Satan conduit le bal..." Kraus, Hitler et le nazisme in Karl Kraus, Troisième nuit de Walpurgis, Agone, 2005, p.50)

dimanche 17 mai 2015

Au fait !

" Leur langue ne leur sert plus qu'à se tenir au fait." (Karl Kraus, Les cent derniers jours de l'humanité, Acte I, scène 29)