mardi 31 mars 2020

Greguería n°335

" El gato está muy desengañado de todo porque desde su rincón en el despacho del señor, o desde el gabinete de la señora, mira frente a frente a la Muerte, que está en esa misma habitación siempre."
" Le chat est complètement revenu de tout parce que, de son coin dans le bureau de Monsieur ou du cabinet de toilette de Madame, il voit face à face la Mort qui est toujours dans la pièce où il est. "

La contextualisation historique.

Lire Vesperini est passionnant car cet historien érudit et brillant contextualise historiquement les Penseurs vénérés de l'Antiquité philosophique : il a commencé avec La philosophia et ses pratiques d'Ennius à Cicéron (École française de Rome, 2012), puis s'est centré sur deux Philosophes, le premier, stoïcien (Droiture et mélancolie. Sur les écrits de Marc-Aurèle, Verdier, 2016), le second, épicurien (Lucrèce. Archéologie d'un classique européen, Fayard, 2017), pour enfin proposer une synthèse plus ambitieuse La philosophie antique. Essai d'histoire (Fayard, 2019). La lecture de ces ouvrages est très intéressante car Pierre Vesperini en ethnologue foucaldien, si on me permet l'expression, reconstitue l'identité des auteurs qu'il traite en se plaçant du point de vue de la culture où ils écrivent et clairement défend la thèse que ni Marc-Aurèle n'était un philosophe stoïcien, ni Lucrèce un philosophe épicurien. Bien sûr c'est aux autres historiens de la philosophie antique de juger ces thèses, mais qu'en penser en philosophe ? Vincent Descombes dans ses Exercices d'humanité (Les Dialogues des petits Platons, 2013) dit à mes yeux clairement l'essentiel :
" Il va de soi que l'on doit tenir compte de l'histoire, du contexte. Mais le fin mot de l'affaire, c'est que Platon nous intéresse par sa philosophie et par le fait que nous heurtons aux mêmes apories que lui (par exemple avec la théorie des ensembles). C'est pour cela que nous faisons l'effort de nous transporter jusqu'à lui, de façon à pouvoir poser le problème de l'un et du multiple autrement que comme une curiosité antique." (p. 21-22)
Même révisés à la baisse culturellement, et humainement tout autant, Sénèque (à propos, Pierre Vesperini l'exécute en 8 pages dans son dernier ouvrage...), Marc-Aurèle, Lucrèce etc. continuent de nous intéresser par leurs arguments en rapport avec tel ou tel problème philosophique, peu importe au fond qu'ils n'aient pas pensé leurs textes comme des textes philosophiques porteurs d'arguments. Dit en d'autres termes, l'oeuvre de Pierre Vesperini est éclairante concernant l'élucidation du contexte de découverte relatif aux productions des auteurs mais aux philosophes de travailler sur le contexte de justification. La géométrie euclidienne perdrait-elle sa part de vérité si on apprenait qu'Euclide n'était pas perçu par ses contemporains comme le fondateur de la géométrie, ni ne se percevait comme tel ?

Commentaires

1. Le mardi 31 mars 2020, 18:13 par gerardgrig
Les Pères de l'histoire de la philosophie à la française (Gueroult, Alquié, Gouhier, Hyppolite), qui rendaient les auteurs et les textes si vivants, se sont affrontés sur ce problème capital.

lundi 30 mars 2020

Greguería n°334

" Hay rosas que se abren tanto queriendo ver la vida, tan de par en par, que mueren deshojadas en seguida."
" Il y a des roses qui, voulant voir la vie, s'ouvrent tellement, tellement largement, qu'elles meurent effeuillées instantanément."

dimanche 29 mars 2020

Greguería n°333

" El adolescente ve siempre en los espejos de los pisos bajos mujeres que se peinan."
" L'adolescent voit toujours dans les miroirs des appartements en contrebas des femmes qui se peignent."

samedi 28 mars 2020

Greguería n°332

" El artista ante los ignaros sabe que es inútil su arte, como el peluquero cuando corta el pelo a un ciego."
" L'artiste face aux ignares sait que son art est inutile, comme le coiffeur quand il coupe les cheveux d'un aveugle."

vendredi 27 mars 2020

Greguería n°331

" El Pensador de Rodin es un ajedrecista a quien le han quitado la mesa."
" Le Penseur de Rodin est un joueur d'échecs à qui l'on a retiré la table."

Commentaires

1. Le jeudi 2 avril 2020, 02:41 par gerardgrig
C'est le principe du couteau de Lichtenberg, sans lame, et qui a perdu son manche. Ici, c'est le joueur d'échecs, sans sa table et sans son jeu. Il y a aussi la gregueria des picadors sans taureau ni toréador. Une constante des greguerias est la fascination pour le langage en tant qu'il fait disparaître le monde.
2. Le samedi 4 avril 2020, 22:30 par gerardgrig
C'est la même chose dans le cas du débat sur le port du masque anti-pandémique, alors qu'il n'y a pas de masques.

jeudi 26 mars 2020

Greguería n°330

" El borracho sentimental toma el buzón por el panteón de su difunta y la llora apoyado en él. "
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" L'ivrogne qui est sentimental prend la boîte aux lettres pour le monument funéraire de sa femme disparue et, s'y appuyant, la pleure."

mercredi 25 mars 2020

Greguería n°329

" En el hombro ala hay un pedazo de brazo de mujer, pero lo demás son plumas."
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" Dans l'aile il y a un morceau de bras de femme, mais pour le reste ce sont des plumes."

Le suicide de Caton, révisé à la baisse.

Pierre Vesperini écrit des ouvrages explicitement démysticateurs. En effet son ambition est de remplacer l'histoire officielle de la philosophie antique, histoire de philosophes, au sens double où elle est écrite par des philosophes et porte sur des philosophes, par une histoire vraie de la philosophie antique écrite par un historien et portant moins sur des figures philosophiques que sur le monde social et culturel dans lequel ces " vedettes " vivaient. J'ai déjà rendu compte le 7 décembre 2016 du traitement que Pierre Vesperini a fait subir à Marc-Aurèle qui passait, pour faire très vite, du statut de philosophe stoïcien à celui d' empereur se servant à des fins non philosophiques de la philosophie stoïcienne. Aujourd'hui je souhaite juste faire connaître la manière de faire de ce destructeur de vulgates. Je tire ces lignes du dernier ouvrage de Pierre Vesperini paru chez Fayard en 2019 La philosophie antique. Essai d'histoire. Elles sont contenues dans le chapitre V, intitulé La révolution romaine, où l'historien analyse la réception de la philosophie grecque dans la culture de la Rome républicaine. L'auteur réfléchit sur le sens du " suicide de Caton, qui préfère mourir libre plutôt que de vivre sous la domination de Jules César . " :
" Très souvent, on y voit un exemple de l'influence des philosophes sur les Romains. Mais dans le récit de Plutarque, notre principale source, ce qui est étonnant, c'est que justement les deux philosophes qui entourent Caton, un Péripatéticien et un Stoïcien, sont absolument opposés au suicide. Et c'est lui qui leur reproche leur manque de cohérence, en leur opposant les discours qu'ils lui ont fait connaître. On voit très bien qu'il y avait une grande différence pour les philosophes entre exposer des doctrines éthiques et enjoindre à leurs auditeurs de les appliquer. Il y avait même une grande différence pour les philosophes entre enjoindre à leurs auditeurs d'appliquer des doctrines et attendre d'eux qu'ils le fassent réellement. Car il était courant, au cours d'une conférence, de faire de grands et beaux discours appelant à se montrer toujours et partout d'une vertu inflexible. Mais cette conférence était un " jeu de langage " qu'on trouvait dans les théâtres. Une fois le spectacle fini, chacun rentrait chez soi satisfait d'avoir entendu de belles choses, mais personne ne changeait de vie pour autant. Dans l'attitude littéraliste de Caton, il a donc quelque chose de typique de ces Romains que la philosophie conduisait parfois au bord de la folie. Et je crois que, si l'on veut vraiment comprendre ces Romains, il ne faut pas seulement les étudier en compagnie des autres Romains qui se sont particulièrement intéressés à la philosophie. Il faut surtout les rapprocher des Romains à qui les savoirs grecs ont fait perdre la raison. Des Romains se sont perdus pour posséder un chef-d'œuvre d'art grec ou par une passion pour la mythologie. Il y avait dans la culture grecque quelque chose qui fascinait, et cette fascination pouvait perdre ceux qui s'y abandonnaient. " (p. 241-242)
Caton aurait donc été une victime parmi d'autres de la mode grecque autant qu'un interprète naïf des exhortations des philosophes. On pourra aussi penser que la version de Plutarque, bien qu'elle soit la source principale, ne dit pas la vérité .

Commentaires

1. Le mercredi 25 mars 2020, 15:20 par gerardgrig
Chez les penseurs gréco-arabes, il y avait une sorte de culte sécularisé de la philosophie grecque, une dévotion presque superstitieuse pour sa méthode. Même les théologiens, pourtant hostiles aux Grecs, se mettaient à la démonstration. On pourrait donc nuancer ce que disent les lecteurs d'Henry Corbin, concernant le dialogue de sourds entre la falsafa et le kalam. Sur le plan théologico-politique, il y avait un jeu de rôles entre le Calife et le Faylsuf. Le Roi-Philosophe et le Philosophe-Roi auraient pu échanger leurs rôles. Dans ce contexte, le Roi-Philosophe était le Législateur-Prophète, fou de pensée et d'art grecs.

lundi 23 mars 2020

Greguería n°328

" A la mayor parte de los libros con notas habría que llevarlos al quitamanchas."
" Il faudrait apporter au teinturier la plupart des livres avec des notes."

Commentaires

1. Le mardi 24 mars 2020, 14:59 par gerardgrig
Ramón montre avec un humour noir la différence entre le nazisme et le franquisme. Le nazisme fait un autodafé des livres. Le franquisme les passe dans la cuve du teinturier. En réalité, c'est l'agacement des notes de bas de page qui pousse le lecteur à des outrances réactionnaires.
Il y a souvent de la futilité dans la motivation du radicalisme des idées.
2. Le mardi 24 mars 2020, 21:26 par Philalèthe
Il s'agit peut-être des notes laissées par les lecteurs sur leurs exemplaires, indices de leur bêtise ou des défauts de leur lecture. Les annotateurs qui s'imaginent enrichir leur livre par leurs réactions y inscriraient en fait les traces de leur médiocrité. Aux teinturiers alors d'effacer ses saletés.

Greguería n° 327

" A la mayor parte de los libros con notas habría que llevarlos al quitamanchas."
" Il faudrait apporter au teinturier la plupart des livres avec des notes."

Commentaires

1. Le mardi 24 mars 2020, 14:59 par gerardgrig
Ramón montre avec un humour noir la différence entre le nazisme et le franquisme. Le nazisme fait un autodafé des livres. Le franquisme les passe dans la cuve du teinturier. En réalité, c'est l'agacement des notes de bas de page qui pousse le lecteur à des outrances réactionnaires.
Il y a souvent de la futilité dans la motivation du radicalisme des idées.
2. Le mardi 24 mars 2020, 21:26 par Philalèthe
Il s'agit peut-être des notes laissées par les lecteurs sur leurs exemplaires, indices de leur bêtise ou des défauts de leur lecture. Les annotateurs qui s'imaginent enrichir leur livre par leurs réactions y inscriraient en fait les traces de leur médiocrité. Aux teinturiers alors d'effacer ses saletés.

samedi 21 mars 2020

Greguería n°326

" Se ve que el queso Gruyère ha sido señalado por muchos dedos, como diciendo : " De ese."
" On voit que le gruyère est un fromage qui a été montré par beaucoup de doigts, comme pour dire " je veux de

vendredi 20 mars 2020

La raison, l'homme et la femme.

Au début du Cratyle, Socrate, comparant le nom à un instrument, défend la thèse que les noms donnés à une chose doivent traduire l'Idée, la Forme du nom de cette chose, dit autrement, le Nom. De même que l' Idée de métier à tisser peut être réalisée concrètement à travers une multiplicité de métiers à tisser particuliers et différents, le Nom peut ainsi avoir autant une traduction grecque qu'une version barbare.
La comparaison du nom avec un instrument justifie la référence au producteur des noms concrets qui ne peut réussir sa tâche que si, tel le fabricant d'outils, il a une connaissance théorique des Noms correspondant aux êtres nommés (choses, personnes etc.). Mais qui est susceptible d'être ce producteur éclairé ?
" Socrate : Imagine donc qu'on te demande si, selon toi, ce sont les gens les plus raisonnables qui donnent les noms de la façon la plus correcte.
Hermogène : Je dirais évidemment que ce sont les gens raisonnables.
Socrate : Eh bien, d'après toi, dans les cités, sont-ce les femmes ou les hommes qui sont les plus raisonnables - j'entends le sexe féminin ou le sexe masculin dans son ensemble ?
Hermogène : Les hommes.
Socrate : Eh bien, tu sais que, d'après Homère, le jeune enfant d' Hector était appelé Astuánax par les Troyens : il est clair, n'est-ce pas ? que les femmes lui donnaient le nom de Skamándrios puisque ce sont les hommes qui l'appelaient Astuánax ?
Hermogène : Je crois bien.
Socrate : Par conséquent, Homère ne jugeait-il pas, lui aussi, les Troyens plus sages que leurs femmes ?
Hermogène : Oui, je crois.
Socrate : Dans ce cas, il trouvait plus correct de donner à l'enfant le nom d' Astuánax plutôt que celui de Skamándrios ?
Hermogène : Apparemment." (392c, Œuvres complètes, p. 206, Flammarion, 2008).
Qui par principe aurait plus confiance dans la vérité des paroles de femmes que dans celle des paroles masculines ne ferait qu'inverser stérilement le phallologocentrisme platonicien...

Greguería n°325


" El pez está siempre de perfil."
" Le poisson est toujours de profil."

jeudi 19 mars 2020

mercredi 18 mars 2020

Greguería n°323

" Al correr frenéticos los caballos en la carrera apaisan el paisaje."
" Par leur course frénétique, les chevaux de l'hippodrome apaisent le paysage."

mardi 17 mars 2020

Greguería n°322

" Como daba besos lentos duraban más sus amores."
" Comme il donnait des baisers lents, ses amours duraient plus longtemps."

lundi 16 mars 2020

Greguería n°321

" Al quitarse los guantes, la mujer parece que va a decir la confidencia más preciosa de su vida, pero no la dice."
" En enlevant ses gants, la femme donne l'impression qu'elle va faire la confidence la plus choisie de sa vie, mais elle ne la fait pas."

Commentaires

1. Le mercredi 18 mars 2020, 15:35 par gerardgrig
La sensualité et la lenteur avec lesquelles une femme retire ses gants est un strip-tease partiel. C'est un rituel de la frustration, associé au plaisir de celle qui déçoit. Ramón dit tout cela avec un certain gongorisme.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:20 par Philalèthe
Le strip-tease suggéré ici est total et spirituel.
3. Le lundi 23 mars 2020, 02:04 par gerardgrig
Max Klinger, le Rodin allemand, était fasciné par le long gant blanc de femme.
Il lui a consacré une suite d'eaux-fortes, "Un Gant" (1881), à base de suggestion fétichiste et délirante. Le Gant subit des tribulations assez fantastiques, où interviennent un ptérodactyle et un Cupidon à ailes de libellule. Cela rappelle la peinture métaphysique de De Chirico ou le dadaïsme de Max Ernst. On dit que Max Klinger s'est inspiré de Goya.

dimanche 15 mars 2020

Greguería n°320


" Entierros blancos completamente solos. ¡ Pobres niños esos a los que dejan ir asi como al colegio une tarde cualquiera ! "
" Enterrements d'enfants sans aucune assistance. Pauvres gosses, eux qu'on laisse partir ainsi, comme s'ils allaient à l'école une après-midi normale ! "

samedi 14 mars 2020

Greguería n°319

" A la muerte no se la oye porque ya en la intimidad de la casa anda en zapatillas."
" La mort, on ne l'entend pas car, arrivée au cœur de la maison, elle marche en chaussons."

Commentaires

1. Le dimanche 15 mars 2020, 16:03 par gerardgrig
Ramón faisait peut-être allusion à la grippe espagnole.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:25 par Philalèthe
Peut-être mais la portée de la greguería me paraît plus universelle.

vendredi 13 mars 2020

Greguería n°318

" A veces no sé que decir al muchacho que me cuenta sus quejas de la vida, y por decirle algo le digo : " Dedíquese a místico." "
" Parfois je ne sais pas quoi dire au type qui me raconte les problèmes qu'il a dans sa vie, et pour lui dire quelque chose, je lui dis : " Devenez mystique ! " "

jeudi 12 mars 2020

Greguería n°317

" El hombre experimentado sabe leer en el cuentakilómetros de la mujer a qué distancia está de su primer amor."
" L'hommme expérimenté sait lire sur le compteur kilométrique de la femme à quelle distance elle est de son premier amour."

Commentaires

1. Le vendredi 13 mars 2020, 03:57 par gerardgrig
Dans le domaine de la métaphysique de l'amour, Ramón semble être plus proche du pessimisme de Schopenhauer que du romantisme existentiel de Kierkegaard. Pour ce dernier, notre premier amour est comme le Christ, car il est toujours notre contemporain. C'est pourquoi il est impossible de répéter un premier amour. Il a une telle capacité de survie en nous, qu'il disqualifie toute tentative de répétition. La métaphore de la distance kilométrique traduit donc bien un écart entre un modèle et une copie, mais Ramón met cela sur le compte de l'éternel féminin confronté à l'âge. Il est vrai que Kierkegaard n'épargne pas Régine Olsen, dans l'analyse de l'échec de leur premier amour. Pour le Danois, la philosophie, comme l'épiphanie du premier amour, restent des affaires d'homme.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:31 par Philalèthe
Peut-être s'agit-il moins des marques de l'âge que de celles du désabusement, de l'amertume etc.

mercredi 11 mars 2020

Greguería n°316

" La vida la había dado tantos disgustos que ya no podía reírse con la boca y con los ojos al mismo tiempo."
" La vie lui avait causé tant de contrariétés qu'elle ne pouvait plus rire de la bouche et des yeux à la fois."

Commentaires

1. Le jeudi 12 mars 2020, 14:36 par gerardgrig
Ramón décrit "The Pagliacci syndrome". Dans "Mon Père et ses Verres", Bobby Lapointe chantait "Son cœur pleure mais sa|Bouch'rit". On pourrait ajouter : "Si tu es gai ris-don(c), Paillasse !" Cela ne déplairait pas à Ramón, amateur de vieilles blagues d'étudiant. L'École de Salamanque ne devait pas être triste.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:34 par Philalèthe
À moins que ce ne soit une fine remarque de psychologie behavioriste....

mardi 10 mars 2020

Greguería n°315

" El primer contacto que tenemos con el purgatorio es cuando nos planchan el traje en el quitamanchas."
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" Le premier contact que nous avons avec le purgatoire est quand on repasse notre costume chez le teinturier."

Commentaires

1. Le mercredi 11 mars 2020, 18:40 par gerardgrig
Ramón se moque de ses souvenirs de catéchisme. C'est ce dernier qui a inventé le Purgatoire, lequel n'est jamais mentionné dans la Bible, sinon par allusion à une forme de purification et de pardon après la mort. Saint Pierre parle aussi d'esprits en prison après la mort, tandis que saint Paul approuve le baptême pour les morts. Il y a l'Évangile de saint Marc, qui parle du miracle de Jésus qui guérit la fièvre de la belle-mère de Simon. Le mal d'un virus est l'analogue de l'attente d'un salut dans un Purgatoire. Mais en réalité, les âmes du Purgatoire sont déjà sauvées. On ne comprend pas pourquoi le Purgatoire vient relativiser la menace de l'Enfer, bien que l'Église précise que l'on ne devient pas saint au Purgatoire. Pour Ramón, le passage par le teinturier est la parabole illustrée du séjour au Purgatoire, même si sa durée est indéterminée. Il devait aussi connaître l'étrange nouvelle de Mérimée, "Les Âmes du Purgatoire", une parodie de la littérature espagnole, qui raconte l'histoire de Don Juan de Maraña, et qui semble nous suggérer que le Purgatoire est la parodie de l'Enfer, mais que le tragique de l'Enfer demeure au fond des âmes.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:49 par Philalèthe
Croyances religieuses à part, la crémation de notre cadavre commencera bien par la combustion de nos habits.

lundi 9 mars 2020

Greguería n°314

" Después de la lluvia todos tenian el rostro pintado a la acuarela."
" Après la pluie, tous avaient le visage peint à l'aquarelle."

dimanche 8 mars 2020

Greguería n°313


" Tarjeta de visita : etiqueta de la botella de cada uno."
" Carte de visite : étiquette sur la bouteille qu'est chacun de nous."

vendredi 6 mars 2020

Greguería n°312


" Cisnes blancos con el cuello negro : reclamo para guantería."
" Cygnes blancs à col noir : publicité pour des gants."

Commentaires

1. Le samedi 7 mars 2020, 14:23 par gene pelcals
intéressant de voir combien Ramon est obsédé par les femmes gantées.
2. Le mercredi 11 mars 2020, 10:42 par Philalèthe
Oui, et plus généralement par les gants. Mais par définition mon anthologie rend mal les obsessions. Certes elle fait aussi grâce des

jeudi 5 mars 2020

Greguería n°311

" Lo de " Doña " pone un poco de bigote a la mujer por culpa de la tilde de la eñe."
" Le " Doña " donne un peu de moustache à la femme par la faute du tilde sur le ñ."

Commentaires

1. Le jeudi 12 mars 2020, 00:22 par gerardgrig
Ramón cultive une forme de derridisme par anticipation, avec des remarques un peu kabbalistiques sur les lettres et leurs accents espagnols. Il met à jour un "glyphe" littéraire, picto-idéo-phonographique, qui relève de la "différance grammatologique" derridienne. Il s'agit chez Ramón d'une redescription formaliste, pour regarder avec optimisme, et excuser, le détail de la moustache que la brune espagnole a fatalement. C'est une manière tragi-comique d'accepter le destin.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:44 par Philalèthe
Ramón voit le mot comme un hiéroglyphe.
3. Le jeudi 19 mars 2020, 10:48 par Philalèthe
Voir aussi le début du Cratyle de Platon : 
" (...) il existe une dénomination correcte naturellement adaptée à chacun des êtres : un nom n'est pas l'appellation dont sont convenus certains en lui assignant une parcelle de leur langue qu'ils émettent, mais il y a, par nature, une façon correcte de nommer  les choses, la même pour tous, Grecs et Barbares."
Sauf que le cratylisme  est l'idée que l'étymologie du signe est une description vraie de son référent alors que la greguería en question fait du mot un dessin ressemblant au référent. Ressemblance indélicate et peut-être même souvent  fausse...
Mais, dans une logique strictement cratyléenne, si on supprime le tilde de doña, la dame perd son vrai nom...
4. Le jeudi 19 mars 2020, 19:51 par gerardgrig
Avec la femme à moustache, nous abordons la question du genre. Cette gregueria est-elle phallogocentrique ? Ramón était-il un macho ? Un Espagnol ne saurait médire de la corrida.
5. Le vendredi 20 mars 2020, 22:47 par Philalèthe
Il y a beaucoup de greguerías misogynes, quelquefois platement misogynes, mais je ne les traduis pas.

mercredi 4 mars 2020

Greguería n°310

" El suicida quiso cerrar los ojos para no ver la vida y se quedaron abiertos."
" Le suicidé a voulu fermer les yeux pour ne plus voir la vie mais ils sont restés ouverts."

mardi 3 mars 2020

Greguería n°309

" La revolución es el turismo de los que no pueden viajar."
" La révolution, c'est le tourisme pour ceux qui ne peuvent pas voyager."

lundi 2 mars 2020

Greguería n°308

" Esos que caminan con la cabeza caida sobre el pecho parecen ahorcados del aire. "
" Ceux qui cheminent avec la tête qui tombe sur la poitrine semblent être pendus à l'air."

Greguería n°308

" Esos que caminan con la cabeza caida sobre el pecho parecen ahorcados del aire. "
" Ceux qui cheminent avec la tête qui tombe sur la poitrine semblent être pendus à l'air."

dimanche 1 mars 2020

Greguería n°307

" A la mujer que araña, se la matan, y después se la cortan las uñas."
" La femme qui griffe, on la tue, et après on lui coupe les ongles."