Le 11 Juin 2008 j'ai évoqué une critique faite par Dennett à Philosophical foundations of neuroscience (2003) de Backer et Benett, livre qui par son souci de clarification grammaticale et par le premier de ses deux auteurs se situe dans une certaine filiation wittgensteinienne. Or, lisant Le gène égoïste (1976) de Dawkins, je trouve cette note ajoutée en 89 lors de la seconde édition:
" Cette manière stratégique de parler des plantes, des animaux ou d'un gène comme s'il s'agissait de quelque chose qui mettrait consciemment au point la meilleure façon d'augmenter ses chances de succès - par exemple décrire "les mâles comme de gros joueurs et les femelles comme des investisseurs prudents" - est devenue un lieu commun chez les biologistes. Il s'agit d'un langage inoffensif, sauf à tomber entre les mains de personnes qui ne possèdent pas les connaissances nécessaires pour les décrypter. Ou ayant un savoir trop étendu et, par conséquent, le comprenant mal. Je ne peux, par exemple, trouver aucun autre moyen pour expliquer un article critiquant Le Gène égoïste dans le journal Philosophy. Ecrit par une dénommée Mary Midgley, la première phrase de cet article est le type même de ce dont je viens de parler: " Les gènes ne peuvent pas plus être égoïstes que les atomes jaloux, les éléphants abstraits ou les biscuits téléologiques." Dans "In Defense of Selfish Genes" que j'ai publié dans un autre numéro du même journal, j'ai fait une réponse complète à cet article, par ailleurs très excessif et méchant... Il semble que certaines personnes jouissant d'une éducation philosophique trop importante ne puissent pas résister à la tentation de farfouiller dans leur arsenal universitaire, qui ne leur est malheureusement d'aucune utilité pour ce genre de sujet. Je me souviens de la remarque de P.B. Medawar à propos des attractions qu'exerce la "philosophie-fiction" sur "une population importante, souvent pourvue d'un goût universitaire et littéraire bien développé, et qui a reçu une éducation dépassant de bien loin sa capacité à raisonner de manière analytique"." (p.369-370 Odile Jacob Poches)
Il semble qu'il faille distinguer entre deux critiques d'inspiration grammaticale - au sens wittgensteinien - : une qui ne porte pas et qui est précisément celle visée par Dawkins et une autre plus redoutable que la moquerie de Dawkins n'annule en rien.
La première ne dénoncerait pas, comme elle le penserait, l'incohérence conceptuelle de la science mais au mieux les limites des métaphores vulgarisatrices. "Gène égoïste" n'est qu'une manière plaisante de parler; si on veut vraiment savoir de quoi on parle, il faut se mettre à la génétique et aux maths.
En revanche la seconde reviendrait à mettre en évidence le non-sens radical d'une expression, il est clair que la condition est que cette expression ne veuille pas dire autre chose que ce qu'elle dit littéralement.
La première ne dénoncerait pas, comme elle le penserait, l'incohérence conceptuelle de la science mais au mieux les limites des métaphores vulgarisatrices. "Gène égoïste" n'est qu'une manière plaisante de parler; si on veut vraiment savoir de quoi on parle, il faut se mettre à la génétique et aux maths.
En revanche la seconde reviendrait à mettre en évidence le non-sens radical d'une expression, il est clair que la condition est que cette expression ne veuille pas dire autre chose que ce qu'elle dit littéralement.
Résumons: si je dis de mon ami qu'il est un "célibataire marié", il y a plusieurs manières de comprendre l'expression qui rendent ridicule l'acharnement à en mettre en relief le non-sens. J'ai donc l'idée que c'est moins Wittgenstein qui est touché par ces remarques mordantes de Dawkins que des épigones mal inspirés (il va de soi que par ces derniers mots je ne prétends en aucune manière porter un jugement sur Mary Midgley dont j'ignore malheureusement les ouvrages)
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