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mercredi 11 mars 2020

Greguería n°316

" La vida la había dado tantos disgustos que ya no podía reírse con la boca y con los ojos al mismo tiempo."
" La vie lui avait causé tant de contrariétés qu'elle ne pouvait plus rire de la bouche et des yeux à la fois."

Commentaires

1. Le jeudi 12 mars 2020, 14:36 par gerardgrig
Ramón décrit "The Pagliacci syndrome". Dans "Mon Père et ses Verres", Bobby Lapointe chantait "Son cœur pleure mais sa|Bouch'rit". On pourrait ajouter : "Si tu es gai ris-don(c), Paillasse !" Cela ne déplairait pas à Ramón, amateur de vieilles blagues d'étudiant. L'École de Salamanque ne devait pas être triste.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:34 par Philalèthe
À moins que ce ne soit une fine remarque de psychologie behavioriste....

mardi 10 mars 2020

Greguería n°315

" El primer contacto que tenemos con el purgatorio es cuando nos planchan el traje en el quitamanchas."
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" Le premier contact que nous avons avec le purgatoire est quand on repasse notre costume chez le teinturier."

Commentaires

1. Le mercredi 11 mars 2020, 18:40 par gerardgrig
Ramón se moque de ses souvenirs de catéchisme. C'est ce dernier qui a inventé le Purgatoire, lequel n'est jamais mentionné dans la Bible, sinon par allusion à une forme de purification et de pardon après la mort. Saint Pierre parle aussi d'esprits en prison après la mort, tandis que saint Paul approuve le baptême pour les morts. Il y a l'Évangile de saint Marc, qui parle du miracle de Jésus qui guérit la fièvre de la belle-mère de Simon. Le mal d'un virus est l'analogue de l'attente d'un salut dans un Purgatoire. Mais en réalité, les âmes du Purgatoire sont déjà sauvées. On ne comprend pas pourquoi le Purgatoire vient relativiser la menace de l'Enfer, bien que l'Église précise que l'on ne devient pas saint au Purgatoire. Pour Ramón, le passage par le teinturier est la parabole illustrée du séjour au Purgatoire, même si sa durée est indéterminée. Il devait aussi connaître l'étrange nouvelle de Mérimée, "Les Âmes du Purgatoire", une parodie de la littérature espagnole, qui raconte l'histoire de Don Juan de Maraña, et qui semble nous suggérer que le Purgatoire est la parodie de l'Enfer, mais que le tragique de l'Enfer demeure au fond des âmes.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:49 par Philalèthe
Croyances religieuses à part, la crémation de notre cadavre commencera bien par la combustion de nos habits.

lundi 9 mars 2020

Greguería n°314

" Después de la lluvia todos tenian el rostro pintado a la acuarela."
" Après la pluie, tous avaient le visage peint à l'aquarelle."

dimanche 8 mars 2020

Greguería n°313


" Tarjeta de visita : etiqueta de la botella de cada uno."
" Carte de visite : étiquette sur la bouteille qu'est chacun de nous."

vendredi 6 mars 2020

Greguería n°312


" Cisnes blancos con el cuello negro : reclamo para guantería."
" Cygnes blancs à col noir : publicité pour des gants."

Commentaires

1. Le samedi 7 mars 2020, 14:23 par gene pelcals
intéressant de voir combien Ramon est obsédé par les femmes gantées.
2. Le mercredi 11 mars 2020, 10:42 par Philalèthe
Oui, et plus généralement par les gants. Mais par définition mon anthologie rend mal les obsessions. Certes elle fait aussi grâce des

jeudi 5 mars 2020

Greguería n°311

" Lo de " Doña " pone un poco de bigote a la mujer por culpa de la tilde de la eñe."
" Le " Doña " donne un peu de moustache à la femme par la faute du tilde sur le ñ."

Commentaires

1. Le jeudi 12 mars 2020, 00:22 par gerardgrig
Ramón cultive une forme de derridisme par anticipation, avec des remarques un peu kabbalistiques sur les lettres et leurs accents espagnols. Il met à jour un "glyphe" littéraire, picto-idéo-phonographique, qui relève de la "différance grammatologique" derridienne. Il s'agit chez Ramón d'une redescription formaliste, pour regarder avec optimisme, et excuser, le détail de la moustache que la brune espagnole a fatalement. C'est une manière tragi-comique d'accepter le destin.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:44 par Philalèthe
Ramón voit le mot comme un hiéroglyphe.
3. Le jeudi 19 mars 2020, 10:48 par Philalèthe
Voir aussi le début du Cratyle de Platon : 
" (...) il existe une dénomination correcte naturellement adaptée à chacun des êtres : un nom n'est pas l'appellation dont sont convenus certains en lui assignant une parcelle de leur langue qu'ils émettent, mais il y a, par nature, une façon correcte de nommer  les choses, la même pour tous, Grecs et Barbares."
Sauf que le cratylisme  est l'idée que l'étymologie du signe est une description vraie de son référent alors que la greguería en question fait du mot un dessin ressemblant au référent. Ressemblance indélicate et peut-être même souvent  fausse...
Mais, dans une logique strictement cratyléenne, si on supprime le tilde de doña, la dame perd son vrai nom...
4. Le jeudi 19 mars 2020, 19:51 par gerardgrig
Avec la femme à moustache, nous abordons la question du genre. Cette gregueria est-elle phallogocentrique ? Ramón était-il un macho ? Un Espagnol ne saurait médire de la corrida.
5. Le vendredi 20 mars 2020, 22:47 par Philalèthe
Il y a beaucoup de greguerías misogynes, quelquefois platement misogynes, mais je ne les traduis pas.

mercredi 4 mars 2020

Greguería n°310

" El suicida quiso cerrar los ojos para no ver la vida y se quedaron abiertos."
" Le suicidé a voulu fermer les yeux pour ne plus voir la vie mais ils sont restés ouverts."

mardi 3 mars 2020

Greguería n°309

" La revolución es el turismo de los que no pueden viajar."
" La révolution, c'est le tourisme pour ceux qui ne peuvent pas voyager."

lundi 2 mars 2020

Greguería n°308

" Esos que caminan con la cabeza caida sobre el pecho parecen ahorcados del aire. "
" Ceux qui cheminent avec la tête qui tombe sur la poitrine semblent être pendus à l'air."

Greguería n°308

" Esos que caminan con la cabeza caida sobre el pecho parecen ahorcados del aire. "
" Ceux qui cheminent avec la tête qui tombe sur la poitrine semblent être pendus à l'air."

dimanche 1 mars 2020

Greguería n°307

" A la mujer que araña, se la matan, y después se la cortan las uñas."
" La femme qui griffe, on la tue, et après on lui coupe les ongles."

jeudi 27 février 2020

Greguería n°306

" Las ostras son de rústica peña por fuera, pero por dentro son de la más fina porcelana.''
" À l'extérieur, les huîtres sont de rudes rochers mais à l'intérieur elles sont la porcelaine la plus délicate."

mercredi 26 février 2020

Greguería n°305

" El fracaso se debe a que el mundo se renueva incesantemente y hemos llegado tarde."
" L'échec est dû à ce que le monde se renouvelle sans cesse et que nous sommes arrivés tard."

mardi 25 février 2020

Greguería n°304

" En Carnaval los tuertos tienen los dos ojos... Por eso es un gran día de fiesta para ellos. "
" À Carnaval, les borgnes ont les deux yeux... Aussi est-ce un grand jour de fête pour eux."

Commentaires

1. Le mardi 25 février 2020, 13:49 par gerardgrig
Ramón nous livre une conception utopique du carnaval, qui rachèterait tout pour tout le monde. Dans un carnaval, il y a des fautes contre la logique, la vraisemblance ou le goût, qui ne passent pas. Dans les Pieds Nickelés de Pellos, les trois compères doivent se déguiser, et ils échangent des vacheries sur le déguisement improbable qu'aurait chacun. À Filochard le borgne, on lui dit qu'il serait mal venu qu'il se déguise en Godefroi de Bouillon, parce qu'un bouillon qui n'aurait qu'un oeil serait une faute culinaire.
On pourrait aussi dire que ce genre de remarque attire le mauvais œil.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:54 par Philalèthe
Ce généreux Carnaval peut être vu aussi comme l'allégorie du maquillage de nos stigmates.

lundi 24 février 2020

Greguería n°303

" Dad a los hombres que además de pobres son borrachos, limosna para que se emborrachen, porque es ese el mejor dinero de caridad que se les puede dar...¿ Se comprende lo que sería vivir ochenta años, victima de la desigualidad, hijo de la caridad, sosteniendo la salud y un espiritu claro y evidente ? Que mueran jóvenes y alcoholizados, que tenga alguna exaltación su vida de camino a la muerte."
À la différence des précédentes greguerías, extraites de Total de greguerías (1962), celle-ci est publiée en 1922 (Greguerías selectas, Casa Editorial Calleja, Madrid, p. XXXIV). Entre ces ces deux éditions (il y en eut bien d'autres entre-temps), il y a une différence manifeste : dans le premier ouvrage, les greguerías peuvent couvrir plusieurs pages, comme celle sur les jambes des femmes (p. 79 à 86). En revanche, toutes celles du dernier recueil de greguerías du vivant de Ramón sont très courtes et c'est sous la forme brève qu'elles sont passées à la postérité.
" Aux hommes qui en plus d'être pauvres sont des ivrognes, donnez l'aumône pour qu'ils s'enivrent, parce qu'en argent c'est la meilleure offrande qu'on peut leur donner... Ne comprend-on pas ce que serait vivre quatre-vingts ans pauvre, victime de l'inégalité, rejeton de la charité, en essayant de garder la santé et un esprit clair et lucide ? Qu'ils meurent jeunes et ivres, que la vie qui les conduit à la mort ait quelque exaltation ! "

Commentaires

1. Le lundi 24 février 2020, 22:17 par gerardgrig
Ramón s'essaie à la provocation et au paradoxe en ce qui concerne la pauvreté. Il y a eu le "Salauds de pauvres !" de Marcel Aymé et le "Assommons les pauvres !" de Baudelaire. Là, nous avons droit à une vie d'esthète, que l'on brûle par les deux bouts, pour mourir jeune et faire un beau cadavre. Il vaut mieux rêver avec Ramón, car dans les faits tout revient au même. Avec une vie de mendiant clochard, on ne va pas jusqu'à quatre-vingts sans ! Il y a aussi une forme de fraternisation anarchiste du bohème madrilène, qui bamboche sans souci du lendemain, avec le clochard à qui il souhaiterait d'avoir le même sort que lui.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:59 par Philalèthe
Droguez ceux que vous ne pouvez pas soigner !

dimanche 23 février 2020

Greguería n° 302

" Si te conoces demasiado a ti mismo, dejarás de saludarte."
" Si tu te te connais trop, tu cesseras de te saluer. "

vendredi 21 février 2020

Greguería n°301

" El rey cree que su calavera es de marfil y ningún cortesano se atreve a pronunciar la palabra " hueso "."
" Le roi croit que son crâne est en marbre et aucun courtisan n'ose prononcer le mot " os "."

Commentaires

1. Le vendredi 21 février 2020, 14:22 par gerardgrig
Ramón semble rendre hommage à "L'homme de cour" de Gracián. On pense aussi surtout aux "Habits neufs de l'empereur" d'Andersen, qui affirmait d'ailleurs que son conte avait des origines espagnoles. Il y a sans doute encore un tropisme espagnoliste dans cette gregueria. Néanmoins, dans le domaine cognitif, les médecins ont découvert un syndrome des habits de l'empereur. On ne sait pas si le courtisan agit par égoïsme, ou s'il y a chez lui un défaut de morale épistémique.
2. Le vendredi 21 février 2020, 22:26 par Philalèthe
Je l'ai choisie pour sa dimension presque universelle !

jeudi 20 février 2020

Greguería n°300

" Entierro : ruido de caballos con zapatos nuevos."
" Enterrement : bruit de chevaux et chaussures neuves."

mercredi 19 février 2020

Greguería n°299

" Aligerad la pesadumbre de la muerte. Decid al saber la muerte de un amigo : " Otro que se ha ido al colegio en el que volveremos a ser condiscípulos."
" Allégez le fardeau de la mort. Quand vous apprenez la mort d'un ami, dites : " Encore un qui est allé à l'école où nous serons de nouveau condisciples."

lundi 17 février 2020

Greguería n°298

" Maquina de tren filosófica : esa que se pasea sola por las vias marginales."
" Locomotive philosophique : elle déambule, sans wagons, le long des voies secondaires."