dimanche 29 mars 2020

Greguería n°333

" El adolescente ve siempre en los espejos de los pisos bajos mujeres que se peinan."
" L'adolescent voit toujours dans les miroirs des appartements en contrebas des femmes qui se peignent."

samedi 28 mars 2020

Greguería n°332

" El artista ante los ignaros sabe que es inútil su arte, como el peluquero cuando corta el pelo a un ciego."
" L'artiste face aux ignares sait que son art est inutile, comme le coiffeur quand il coupe les cheveux d'un aveugle."

vendredi 27 mars 2020

Greguería n°331

" El Pensador de Rodin es un ajedrecista a quien le han quitado la mesa."
" Le Penseur de Rodin est un joueur d'échecs à qui l'on a retiré la table."

Commentaires

1. Le jeudi 2 avril 2020, 02:41 par gerardgrig
C'est le principe du couteau de Lichtenberg, sans lame, et qui a perdu son manche. Ici, c'est le joueur d'échecs, sans sa table et sans son jeu. Il y a aussi la gregueria des picadors sans taureau ni toréador. Une constante des greguerias est la fascination pour le langage en tant qu'il fait disparaître le monde.
2. Le samedi 4 avril 2020, 22:30 par gerardgrig
C'est la même chose dans le cas du débat sur le port du masque anti-pandémique, alors qu'il n'y a pas de masques.

jeudi 26 mars 2020

Greguería n°330

" El borracho sentimental toma el buzón por el panteón de su difunta y la llora apoyado en él. "
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" L'ivrogne qui est sentimental prend la boîte aux lettres pour le monument funéraire de sa femme disparue et, s'y appuyant, la pleure."

mercredi 25 mars 2020

Greguería n°329

" En el hombro ala hay un pedazo de brazo de mujer, pero lo demás son plumas."
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" Dans l'aile il y a un morceau de bras de femme, mais pour le reste ce sont des plumes."

Le suicide de Caton, révisé à la baisse.

Pierre Vesperini écrit des ouvrages explicitement démysticateurs. En effet son ambition est de remplacer l'histoire officielle de la philosophie antique, histoire de philosophes, au sens double où elle est écrite par des philosophes et porte sur des philosophes, par une histoire vraie de la philosophie antique écrite par un historien et portant moins sur des figures philosophiques que sur le monde social et culturel dans lequel ces " vedettes " vivaient. J'ai déjà rendu compte le 7 décembre 2016 du traitement que Pierre Vesperini a fait subir à Marc-Aurèle qui passait, pour faire très vite, du statut de philosophe stoïcien à celui d' empereur se servant à des fins non philosophiques de la philosophie stoïcienne. Aujourd'hui je souhaite juste faire connaître la manière de faire de ce destructeur de vulgates. Je tire ces lignes du dernier ouvrage de Pierre Vesperini paru chez Fayard en 2019 La philosophie antique. Essai d'histoire. Elles sont contenues dans le chapitre V, intitulé La révolution romaine, où l'historien analyse la réception de la philosophie grecque dans la culture de la Rome républicaine. L'auteur réfléchit sur le sens du " suicide de Caton, qui préfère mourir libre plutôt que de vivre sous la domination de Jules César . " :
" Très souvent, on y voit un exemple de l'influence des philosophes sur les Romains. Mais dans le récit de Plutarque, notre principale source, ce qui est étonnant, c'est que justement les deux philosophes qui entourent Caton, un Péripatéticien et un Stoïcien, sont absolument opposés au suicide. Et c'est lui qui leur reproche leur manque de cohérence, en leur opposant les discours qu'ils lui ont fait connaître. On voit très bien qu'il y avait une grande différence pour les philosophes entre exposer des doctrines éthiques et enjoindre à leurs auditeurs de les appliquer. Il y avait même une grande différence pour les philosophes entre enjoindre à leurs auditeurs d'appliquer des doctrines et attendre d'eux qu'ils le fassent réellement. Car il était courant, au cours d'une conférence, de faire de grands et beaux discours appelant à se montrer toujours et partout d'une vertu inflexible. Mais cette conférence était un " jeu de langage " qu'on trouvait dans les théâtres. Une fois le spectacle fini, chacun rentrait chez soi satisfait d'avoir entendu de belles choses, mais personne ne changeait de vie pour autant. Dans l'attitude littéraliste de Caton, il a donc quelque chose de typique de ces Romains que la philosophie conduisait parfois au bord de la folie. Et je crois que, si l'on veut vraiment comprendre ces Romains, il ne faut pas seulement les étudier en compagnie des autres Romains qui se sont particulièrement intéressés à la philosophie. Il faut surtout les rapprocher des Romains à qui les savoirs grecs ont fait perdre la raison. Des Romains se sont perdus pour posséder un chef-d'œuvre d'art grec ou par une passion pour la mythologie. Il y avait dans la culture grecque quelque chose qui fascinait, et cette fascination pouvait perdre ceux qui s'y abandonnaient. " (p. 241-242)
Caton aurait donc été une victime parmi d'autres de la mode grecque autant qu'un interprète naïf des exhortations des philosophes. On pourra aussi penser que la version de Plutarque, bien qu'elle soit la source principale, ne dit pas la vérité .

Commentaires

1. Le mercredi 25 mars 2020, 15:20 par gerardgrig
Chez les penseurs gréco-arabes, il y avait une sorte de culte sécularisé de la philosophie grecque, une dévotion presque superstitieuse pour sa méthode. Même les théologiens, pourtant hostiles aux Grecs, se mettaient à la démonstration. On pourrait donc nuancer ce que disent les lecteurs d'Henry Corbin, concernant le dialogue de sourds entre la falsafa et le kalam. Sur le plan théologico-politique, il y avait un jeu de rôles entre le Calife et le Faylsuf. Le Roi-Philosophe et le Philosophe-Roi auraient pu échanger leurs rôles. Dans ce contexte, le Roi-Philosophe était le Législateur-Prophète, fou de pensée et d'art grecs.

lundi 23 mars 2020

Greguería n°328

" A la mayor parte de los libros con notas habría que llevarlos al quitamanchas."
" Il faudrait apporter au teinturier la plupart des livres avec des notes."

Commentaires

1. Le mardi 24 mars 2020, 14:59 par gerardgrig
Ramón montre avec un humour noir la différence entre le nazisme et le franquisme. Le nazisme fait un autodafé des livres. Le franquisme les passe dans la cuve du teinturier. En réalité, c'est l'agacement des notes de bas de page qui pousse le lecteur à des outrances réactionnaires.
Il y a souvent de la futilité dans la motivation du radicalisme des idées.
2. Le mardi 24 mars 2020, 21:26 par Philalèthe
Il s'agit peut-être des notes laissées par les lecteurs sur leurs exemplaires, indices de leur bêtise ou des défauts de leur lecture. Les annotateurs qui s'imaginent enrichir leur livre par leurs réactions y inscriraient en fait les traces de leur médiocrité. Aux teinturiers alors d'effacer ses saletés.

Greguería n° 327

" A la mayor parte de los libros con notas habría que llevarlos al quitamanchas."
" Il faudrait apporter au teinturier la plupart des livres avec des notes."

Commentaires

1. Le mardi 24 mars 2020, 14:59 par gerardgrig
Ramón montre avec un humour noir la différence entre le nazisme et le franquisme. Le nazisme fait un autodafé des livres. Le franquisme les passe dans la cuve du teinturier. En réalité, c'est l'agacement des notes de bas de page qui pousse le lecteur à des outrances réactionnaires.
Il y a souvent de la futilité dans la motivation du radicalisme des idées.
2. Le mardi 24 mars 2020, 21:26 par Philalèthe
Il s'agit peut-être des notes laissées par les lecteurs sur leurs exemplaires, indices de leur bêtise ou des défauts de leur lecture. Les annotateurs qui s'imaginent enrichir leur livre par leurs réactions y inscriraient en fait les traces de leur médiocrité. Aux teinturiers alors d'effacer ses saletés.

samedi 21 mars 2020

Greguería n°326

" Se ve que el queso Gruyère ha sido señalado por muchos dedos, como diciendo : " De ese."
" On voit que le gruyère est un fromage qui a été montré par beaucoup de doigts, comme pour dire " je veux de

vendredi 20 mars 2020

La raison, l'homme et la femme.

Au début du Cratyle, Socrate, comparant le nom à un instrument, défend la thèse que les noms donnés à une chose doivent traduire l'Idée, la Forme du nom de cette chose, dit autrement, le Nom. De même que l' Idée de métier à tisser peut être réalisée concrètement à travers une multiplicité de métiers à tisser particuliers et différents, le Nom peut ainsi avoir autant une traduction grecque qu'une version barbare.
La comparaison du nom avec un instrument justifie la référence au producteur des noms concrets qui ne peut réussir sa tâche que si, tel le fabricant d'outils, il a une connaissance théorique des Noms correspondant aux êtres nommés (choses, personnes etc.). Mais qui est susceptible d'être ce producteur éclairé ?
" Socrate : Imagine donc qu'on te demande si, selon toi, ce sont les gens les plus raisonnables qui donnent les noms de la façon la plus correcte.
Hermogène : Je dirais évidemment que ce sont les gens raisonnables.
Socrate : Eh bien, d'après toi, dans les cités, sont-ce les femmes ou les hommes qui sont les plus raisonnables - j'entends le sexe féminin ou le sexe masculin dans son ensemble ?
Hermogène : Les hommes.
Socrate : Eh bien, tu sais que, d'après Homère, le jeune enfant d' Hector était appelé Astuánax par les Troyens : il est clair, n'est-ce pas ? que les femmes lui donnaient le nom de Skamándrios puisque ce sont les hommes qui l'appelaient Astuánax ?
Hermogène : Je crois bien.
Socrate : Par conséquent, Homère ne jugeait-il pas, lui aussi, les Troyens plus sages que leurs femmes ?
Hermogène : Oui, je crois.
Socrate : Dans ce cas, il trouvait plus correct de donner à l'enfant le nom d' Astuánax plutôt que celui de Skamándrios ?
Hermogène : Apparemment." (392c, Œuvres complètes, p. 206, Flammarion, 2008).
Qui par principe aurait plus confiance dans la vérité des paroles de femmes que dans celle des paroles masculines ne ferait qu'inverser stérilement le phallologocentrisme platonicien...