mercredi 16 octobre 2019

Greguería n° 176

" Lo que le encantaba en sus nietos era que en ellos encontraba el perdón que no merecía."
" Ce qui l'enchantait dans ses petits-enfants, c'était qu'il trouvait en eux le pardon qu'il ne méritait pas."

mardi 15 octobre 2019

Greguería n° 175

" Nunca me como el ala del pollo porque tiene algo de ala de angelito."
" Jamais je ne mange l'aile du poulet car elle a quelque chose de l'aile d'un petit ange."

lundi 14 octobre 2019

Greguería n° 174

" Los pájaros que saltan en la vereda parecen estar jugando a la rayuela."
" Les oiseaux qui sautillent sur le trottoir semblent jouer à la marelle."

dimanche 13 octobre 2019

Greguería n° 173

" La espuma de las olas es la canicie del viejo mar."
" L' écume des vagues, c'est la chevelure blanche de la mer qui vieillit."

Commentaires

1. Le mardi 15 octobre 2019, 20:53 par gerardgrig
En prenant de l'âge, Ramón a beaucoup voyagé sur l'océan entre l'Espagne et l'Argentine. Il est très humain de projeter comme lui son vieillissement sur le monde, en le personnifiant.
2. Le dimanche 27 octobre 2019, 19:29 par Philalethe
Certes mais la conscience de la genèse d'une métaphore tend à affaiblir son pouvoir...

samedi 12 octobre 2019

Greguería n° 172


" Nada se pierde : en el más alto del cielo hay una torre hecha con el humo de todos los cigarrillos consumidos en el mundo."
" Rien ne se perd : au plus haut du ciel il y a une tour faite de la fumée de toutes les cigarettes consumées dans le monde."

Commentaires

1. Le samedi 12 octobre 2019, 15:38 par gerardgrig
Ramón faisait preuve d'une surprenante sensibilité environnementale en son temps.
Actuellement, il est intéressant d'étudier sous cet angle des auteurs inattendus. La nouvelle génération des chercheurs hegeliens examine ainsi ce que Hegel peut apporter à l'écologie, dans sa Philosophie de la Nature. Pour lui, la Nature était le déchet de l'Esprit.
2. Le dimanche 27 octobre 2019, 19:33 par Philalethe
À moins que ce ne soit une illustration de l'idée que le passé ne passe jamais.
Quant à l'anthropocène, s'il est une oeuvre de l'Esprit, quelle joie !

vendredi 11 octobre 2019

Greguería n° 171

" Cuando levantamos los brazos en el desperezo es que nos entregamos al destino que nos apunta."
" Quand nous levons les bras en nous étirant, c'est que nous nous livrons au destin qui nous vise."

Commentaires

1. Le mercredi 30 octobre 2019, 15:12 par gerardgrig
On sait au moins que d'un certain point de vue Ramón n'était pas stoïcien.
L'enchaînement des causes et des conséquences, appelé le Destin, n'est pas compatible avec la superstition envahissante des gestes quotidiens.
2. Le lundi 4 novembre 2019, 19:18 par Philalèthe
Cette greguería est à première vue étrange par le fait de comparer une attitude nonchalante de détente et de confiance à une posture tendue de peur et de défense, peut-être comme si les manifestations du bien-être appelaient sur soi des causes de malheur (d'où votre référence peut-être à la supersitition).
Mais on peut aussi lire la greguería comme une manière confiante et exceptionnelle de se donner à un destin dont on sait qu'il nous vise toujours. Lue ainsi, la greguería n'est pas tant opposée à l'esprit du stoïcisme qu'on peut le croire : sachant que le destin nous englobe, on arrête de lui résister, on se rend à lui, sachant qu'il est irrésistible.

jeudi 10 octobre 2019

Greguería n° 170

" Al jardinero le horroriza el otoño porque se le descose todo el jardín."
" Le jardinier a horreur de l'automne parce que ça lui découd tout le jardin."

mercredi 9 octobre 2019

Greguería n° 169

" El enfermo que bracea mucho en la cama rema hacia la muerte."
" Le malade qui dans le lit bat beaucoup des bras rame en direction de la mort."

mardi 8 octobre 2019

Greguería n° 168

" Cuando en la luna de miel se pide media botella de vino es que es media luna de miel."
" Quand pendant la lune de miel on demande une demie-bouteille de vin, on a une demie-lune de miel."

dimanche 6 octobre 2019

Greguería n° 167

" Hay Herencia con mayúscula, herencia con minúscula y erencia sin hache."
" Il y a Héritage avec majuscule, héritage avec minuscule et éritage sans h."

samedi 5 octobre 2019

Greguería n° 166

" Mujer madura : sus ojos ya estaban entrecomillados."
" Femme mûre : ses yeux étaient désormais entre guillemets."

vendredi 4 octobre 2019

Greguería n° 165

" Una de la pirámides más inquietantes que se ven al pasar es la pirámide de valijas, desde la que ya tiene algo de baúl hasta la que es como cabás par ir al colegio el párvulo."
" Une des pyramides les plus inquiétantes qu'on voit en passant est la pyramide des valises, depuis celle qui tient de la malle jusqu'à celle qui est comme une sacoche pour enfant allant à l'école."

mercredi 2 octobre 2019

Greguería n° 164

" Ese semicirculo que hacemos sobre la arena del jardin, con nuestro bastón, mientras estamos sentados, es la justa medida de nuestro nicho."
" Ce demi-cercle que nous faisons sur le sable du jardin, avec notre bâton, en étant assis, c'est la juste mesure de notre niche."

Commentaires

1. Le jeudi 3 octobre 2019, 18:48 par gerardgrig
Ramón nous gratifie d'une belle illustration pour parler de ce geste machinal que nous faisons tous, assis comme une pointe de compas sur un banc, pour dessiner un demi-cercle devant nous, quand nous avons un bâton dans la main. C'est un geste un peu mystérieux, que Ramón explique par la biologie, en nous animalisant. On dessinerait la limite de son espace vital. Stendhal faisait mieux sur le sable en Italie. Il disposait des numéros sur le demi-cercle, pour chaque femme qu'il avait aimée d'un amour platonique et impossible. Romantique impénitent, il dessinait des constellations sur la ligne d'une voûte céleste. Le cercle que l'on dessine a aussi quelque chose de magique dans l'inconscient collectif, comme pour faire jaillir un génie de terre.
2. Le dimanche 27 octobre 2019, 19:39 par Philalethe
Le dessin pourrait servir d'allégorie du solipsisme : aussi loin qu'on perçoive, aussi profondément qu'on pense, aussi efficacement qu' on agisse, on ne sort pas de soi.

mardi 1 octobre 2019

Greguería n° 163

" Todas tus sortijas resultarán grandes para tu mano esqueletaria."
" Toutes tes bagues seront trop grandes pour le squelette de ta main."

lundi 30 septembre 2019

Greguería n° 162

" Desnudez mísera : la de ponerse frente a los rayos X."
" Misérable nudité : se placer face aux rayons X."

dimanche 29 septembre 2019

Greguería n° 161

" Al barrer la peluquería se mezclan todos los pelos caídos y se forma el gris verdaderamente humano."
" Quand on balaie le salon de coiffure, tous les cheveux tombés au sol se mélangent et cela donne le gris vraiment humain."

samedi 28 septembre 2019

Greguería n° 160

" Los corderos llenan de B B B B B el paisaje."
" Les moutons remplissent le paysage de B B B B B."

vendredi 27 septembre 2019

Greguería n° 159

" Se le iba el ángel de la guarda dejándolo sin custodia, y entonces decidió cortarle un poco un ala."
" Son ange gardien s'en allait, le laissant sans surveillance, alors il a décidé de lui couper un peu une aile."

jeudi 26 septembre 2019

Greguería n° 158

" Hay quienes se acuestan en las playas tomando posturas de fósiles."
" Il y en a qui se couchent sur les plages en prenant des postures de fossiles."

mercredi 25 septembre 2019

Greguería n° 157

" Aquella mujer me miró como a un taxi ocupado."
" Cette femme m'a regardé comme on regarde un taxi occupé."

Commentaires

1. Le jeudi 26 septembre 2019, 13:53 par gerardgrig
Il existe une version populaire, avec les toilettes publiques pour décor, de cette blague de café, qui est une sorte de revanche des femmes, parce que l'humour les prend habituellement pour cible. Dans les deux versions de la blague, faire du lieu occupé une métaphore de l'homme au cœur déjà pris manifeste une causticité un peu cavalière, mais de bon aloi. Le deuxième terme de l'alternative est la punchline de l'histoire. On imagine qu'il sera beaucoup plus assassin, dans la version française, avec la comparaison entre un lieu vide, dans un état plutôt négligé, et un homme assez répulsif, qui s'attire un qualificatif scatologique dans le registre de la familiarité. Heureusement, Ramón n'était pas Céline. Il ne donnait jamais dans le populisme.
2. Le dimanche 27 octobre 2019, 19:51 par Philalethe
Certaines greguerías sont très souvent violemment misogynes. Comme je ne cherche pas à travers ma sélection minuscule à donner d'elles une image représentative, je ne souhaite pas les traduire. Cette gregueria, elle, est d'une misogynie modérée.

mardi 24 septembre 2019

Greguería n° 156

" Su coincidencia telefónica era tal, que ella y él marcaban al mismo tiempo los números respectivos de sus teléfonos y siempre se encontraban con que estaban comunicando."
" Ils coïncidaient tellement téléphoniquement qu'elle et lui faisaient au même instant le numéro de l'autre et trouvaient toujours le téléphone occupé."

lundi 23 septembre 2019

Greguería n° 155

" No viajo por no caer en el engaño de creerme en otro sitio al despertar."
" Je ne voyage pas pour ne pas tomber dans l'illusion de me croire dans un autre endroit en me réveillant."

Commentaires

1. Le lundi 28 octobre 2019, 11:33 par gerardgrig
Cette gregueria semble être d'inspiration platonicienne. Il y a une Hypothèse du "Parménide" sur la stabilité du mouvement et sur le mouvement de la chose qui reste au même endroit.
2. Le lundi 4 novembre 2019, 19:47 par Philalèthe
Je crois que cette greguería fait douter non du mouvement du cerveau et de l'homme dont il est le cerveau, mais du changement de l'esprit qui va avec et des situations qu'il vit.

dimanche 22 septembre 2019

Greguería n° 154

" El queso de Gruyère nos esta diciendo : " ¡ Hay que tener mucho ojo !"
" Le fromage de Gruyère nous dit : " Il faut être tout yeux !"

Commentaires

1. Le mercredi 25 septembre 2019, 10:43 par gerardgrig
On connaît depuis peu l'explication de la présence de trous dans le fromage de gruyère. On est heureux pour le progrès de la science, mais comme dans le cas de la démonstration du théorème de Fermat, on est déçu qu'une énigme de plus, qui a occupé de nombreuses générations, soit résolue. Ramón a encore de la chance, et il peut se livrer sans retenue aux joies de la pensée pré-logique, sur un fond d'exercice pataphysique plutôt drôle, car il mélange l'animisme ou l'anthropomorphisme à une production humaine, dans le registre familier de l'alimentation. Les Suisses, qui continuent à faire de l'agriculture un peu inutilement, avaient remarqué qu'il y avait de moins en moins de trous dans le gruyère, ce qui compliquait l'énigme. Aujourd'hui, les chercheurs disent que les trous sont dûs à la production de gaz par les brins de foin, tombés dans le lait lors de la traite, pendant la fermentation.
2. Le jeudi 26 septembre 2019, 13:11 par gerardgrig
Et Ramón nous gratifie d'une superbe gravure, qui pourrait servir pour une affiche publicitaire. Il avait peut-être des rêves secrets d'épicerie. Quant au nombre de trous qui diminuent dans le gruyère, c'est dû à l'amélioration de l'hygiène de la vache.
3. Le dimanche 27 octobre 2019, 20:02 par Philalethe
Ce fromage est comme La Bruyère : il nous pousse à prêter attention !

samedi 21 septembre 2019

Greguería n° 153

" Era tan ostentoso, que ponía dos sellos de cinco en vez de uno de diez."
" Il était tellement dans l'ostentation qu'il mettait deux timbres de cinq à la place d'un de dix. "

vendredi 20 septembre 2019

Greguería n° 152

" Era tan pobre, que tenía que soñar sueños de segunda mano."
" Il était si pauvre, qu'il ne pouvait pas faire autrement que rêver des rêves d'occasion."