mercredi 13 novembre 2019

Greguería n° 204

" El que fracasa en la vida es como una estación en la que ya no paran los trenes."
" Celui qui échoue dans la vie est comme une gare où ne s'arrêtent plus les trains."

Commentaires

1. Le vendredi 15 novembre 2019, 14:23 par gerardgrig
En principe, quand les trains ne s'arrêtent plus dans les gares, c'est quand on se fiche du public ou du service public. Les gens n'y sont pour rien. Ou alors, la situation d'être dans un coin perdu où les trains ne s'arrêtent plus, est l'indice d'un ratage de vie. On aurait dû se battre pour quitter sa campagne et monter à Madrid ou Paris. Ramón était peut-être déjà macroniste. Pour accabler encore plus l'usager négligé, on l''identifie carrément à la gare désaffectée.

mardi 12 novembre 2019

Greguería n° 203

" Si rebuscamos mucho en nuestro cerebro encontraremos un rincón con auténticos dibujos rupestres."
" Si nous fouillons beaucoup dans notre cerveau, nous trouverons un coin avec d'authentiques peintures rupestres."

lundi 11 novembre 2019

Greguería n° 202

" Dos maneras greguerísticas de decir eso : " Los alicates bailan flamenco " o "Bailaba como unos alicates."
" Deux manières gregueristiques de dire la même chose : " Les pinces dansent le flamenco " ou " Il dansait comme une pince."

Commentaires

1. Le lundi 11 novembre 2019, 17:01 par gerardgrig
Cette gregueria promeut un espagnolisme généralisé. L'Espagne a régné sur la terre entière. Mais comme il s'applique aux objets manufacturés de la révolution industrielle, il manifeste aussi le regret de la grandeur passée de l'Espagne, et le désir de la faire revivre. C'est une forme de castillanisme, qui se glisse dans les interstices de la culture marchande, déjà mondialisée du temps de Ramón. La pince contribue à sauver l'Espagne de la décadence. Il ne faut jamais négliger ce qui est petit et banal.
2. Le mardi 19 novembre 2019, 18:57 par Versus
Mais une pince, Monseigneur?!

dimanche 10 novembre 2019

Greguería n° 201


" Casi todos los letreros luminosos están neurasténicos."
" Presque toutes les enseignes lumineuses sont neurasthéniques."

samedi 9 novembre 2019

Greguería n° 200

" En las carnicerías cuelgan esos animales a los que se les ha vaciado hasta de la conciencia."
" Dans les boucheries sont accrochés ces animaux à qui on a tout enlevé, même la conscience."

vendredi 8 novembre 2019

Greguería n° 199

" Freud : teoría del ojal que se escapó en busca de un botón lejano."
" Freud : théorie de la boutonnière s'échappant pour chercher au loin un bouton."

Main courante.

Comme on parle en ce moment du film d'animation réalisé par Jérémy Capin et intitulé J'ai perdu mon corps, histoire d'une main seule sans son propriétaire, je pense à ce court récit de Ramón Gómez de la Serna, paru en 1935 dans Los muertos y las muertas y otras fantasmagorias (Editorial Cruz y Raya). En voici sans doute la première traduction en français :
" Le docteur Alejo est mort assassiné. Indubitablement, il est mort étranglé.
Personne n'était entré dans la maison, indubitablement personne, et bien que le docteur eût dormi avec le balcon ouvert, par hygiène, son appartement était tellement en hauteur qu'on ne pouvait pas supposer que l'assassin fût entré par là.
La Police ne trouvait pas la piste de ce crime et elle allait abandonner l'affaire, quand l'épouse et la bonne du mort arrivèrent épouvantées au commissariat. Sautant du haut d'une armoire était tombée sur la table, les avait " regardées ", les avait " vues " et après avait fui dans la chambre une main solitaire et vive comme une araignée. Là dans la pièce, elles l'avaient enfermée à clé.
Terrorisée, la Police était arrivée, avec le juge. C'était leur devoir. Ça leur coûta des efforts de partir à la chasse de la main mais ils le firent et tous l'attrapèrent seulement par un doigt, parce qu' elle était vigoureuse, comme si en elle résidait toute la force d'un homme fort.
Que faire d'elle ? Quelle lumière allait-elle verser sur l' événement ? Comment la juger ? De qui était-elle la main ?
Après un long moment, le juge eut l'idée de lui donner la plume pour qu'elle fît sa déclaration par écrit. Alors la main écrivit : " Je suis la main de Ramiro Ruiz, vilement assassiné par le docteur à l'hôpital et détruit avec acharnement dans la salle de dissection. Je lui ai rendu justice."
Pour les hispanisants, je joins le texte en espagnol :
" El doctor Alejo murió asesinado. Indudablemente murió estrangulado.
Nadie había entrado en la casa, indudablemente nadie, y aunque el doctor dormía con el balcón abierto, por higiene, era tan alto su piso que no era de suponer que por allí hubiese entrado el asesino.
La Policía no encontraba la pista de aquel crimen, y ya iba a abandonar el asunto, cuando la esposa y la criada del muerto acudieron despavoridas a la Jefatura. Saltando de lo alto de un armario había caído sobre la mesa, las había " mirado ", las había " visto ", y después había huido por la habitación, una mano solitaria y viva como una araña. Allí la habían dejado encerrada con llave en el cuarto.
Llena de terror, acudió la Policía y el juez. Era su deber. Trabajo les costó cazar la mano, pero la cazaron y todos le agarraron un dedo, porque era vigorosa como si en ella radicase junta toda la fuerza de un hombre fuerte.
¿Qué hacer con ella? ¿Qué luz iba a arrojar sobre el suceso? ¿Cómo sentenciarla? ¿De quién era aquella mano?
Después de una larga pausa, al juez se le ocurrió darle la pluma para que declarase por escrito. La mano entonces escribió: «Soy la mano de Ramiro Ruiz, asesinado vilmente por el doctor en el hospital y destrozado con ensañamiento en la sala de disección. He hecho justicia».

Commentaires

1. Le samedi 9 novembre 2019, 16:38 par gerardgrig
Cela donne envie de relire "La Main de gloire" de Gérard de Nerval, histoire macaronique. Et de revoir son adaptation au cinéma dans les années 1940. Les histoires de mains coupées traduisent une angoisse de la perte.
2. Le dimanche 10 novembre 2019, 01:06 par gerardgrig
C'est le Bâtard de Mauléon qui se fait couper la main à la fin du roman de Dumas, quand il met la main sur la femme enlevée par le Maure Mothril. Comme les héros des derniers romans de Jules Verne, ceux des derniers romans de Dumas ratent tout. La littérature héroïque a besoin de dire son échec.
3. Le dimanche 10 novembre 2019, 10:48 par Arnaud
J'adore La main du diable, film de Maurice Tourneur (1943) avec Pierre Fresnay.
4. Le lundi 11 novembre 2019, 15:44 par gerardgrig
Il y a le thème sous-jacent du pacte faustien avec le diable.
Le film a été tourné sous l'Occupation avec les capitaux de la Continental, dirigée par Alfred Greven. Tout le monde comprend que le pacte avec le diable est le pacte avec Hitler. Le film de Marcel Carné, "Les Visiteurs du soir", a le même sens, avec une allusion transparente à la Résistance à la fin, qui a échappé à la censure. Dans les deux films, il y a une galerie d'Excentriques du cinéma français.

jeudi 7 novembre 2019

Greguería n° 198

" Dejó a su criado su última caja de cigarros para que recordase que su señor se había hecho humo."
" Il laissa à son domestique sa dernière boîte de cigares, pour lui rappeler que son maître s'était transformé en fumée."

mercredi 6 novembre 2019

Greguería n° 197


" Es tan atractivo el sol que suben a verle los rios : por eso tenemos la lluvia:"
" Le soleil est si attirant que les rivières montent pour le voir : pour cette raison nous avons la pluie."

mardi 5 novembre 2019

Greguería n° 196

" Se quitaba los guantes como si fuese a operar la conversación."
" Il enlevait ses gants comme s'il allait opérer la conversation."

Commentaires

1. Le mercredi 6 novembre 2019, 01:38 par gerardgrig
Ramón veut sans doute parler de la chirurgie à mains nues, pratiquée par les guérisseurs philippins et brésiliens. Il s'agit de réaliser un tour de prestidigitation, pour faire une chirurgie psychique qui a un effet placebo.
Il est vrai aussi que dans une conversation, les mains en disent plus que les mots.
2. Le jeudi 7 novembre 2019, 19:15 par Philalèthe
Face au chirurgien à mains nues, le patient se soumet alors que la greguería me paraît décrire le début illusoire d'un combat qui va être perdu. Ce dominant-là (il doit appartenir aux classes supérieures) ne va pas faire illusion longtemps. C'est moins un charlatan qu'un dominant dominé...