lundi 6 avril 2020

dimanche 5 avril 2020

Greguería n°340

" Asi como las abejas melifican, los amantes idilifican."
" Comme les abeilles qui mellifient, les amants idyllifient."

samedi 4 avril 2020

Greguería n°339

" Al que le va bien cree con inaudita vanidad que puede enseñar a otro a que le vaya bien."
" Qui va bien croit avec une vanité inouïe qu'il peut apprendre à l'autre à bien aller."

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1. Le samedi 4 avril 2020, 19:11 par gerardgrig
Les empiristes ont-ils vu cet aspect paradoxal de la sympathie ?

vendredi 3 avril 2020

Greguería n° 338

" El paisajista no sabía qué hacer con sus paisajes. No lograba venderlos, y entonces se le ocurrió convertir en cometa de su ocio fatal el lienzo recién acabado. ¡ Feliz solución ! "
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" Le paysagiste ne savait pas quoi faire de ses paysages. Il ne parvenait pas à les vendre, alors il eut l'idée d'occuper son loisir forcé en transformant en cerf-volant la toile qu'il venait de terminer. Heureuse solution ! "

Greguería n°337

" Me inquietan las escaleras mecanizadas, porque revelan cómo nos conduce siempre la fatalidad, aunque creamos estar inmóviles."
" Les escaliers mécaniques m'inquiètent, parce qu'ils révèlent comment nous sommes toujours conduits par le destin, bien que nous pensions être immobiles."

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1. Le jeudi 2 avril 2020, 23:18 par gerardgrig
Les Hypothèses du "Parménide" de Platon, avec leurs paradoxes sur le devenir et l'être, envisagent que l'arrêt se manifeste dans le mouvement. C'est Achille immobile à grands pas. Mais pour Ramón, ce paradoxe est téléologique. C'est ce qu'on appelle en remettre une couche, avec le plaisir de l'outrance et de l'excès.

Greguería n°338

" La razón tiene la cabeza muy dura."
" La raison a la tête très dure."

mercredi 1 avril 2020

Greguería n°336

" Gran conflicto del escritor : cuando le piden que añada dos palabras a lo escrito."
" Grand conflit chez l'écrivain quand on lui demande d'ajouter deux mots à ce qu'il a écrit."

mardi 31 mars 2020

Greguería n°335

" El gato está muy desengañado de todo porque desde su rincón en el despacho del señor, o desde el gabinete de la señora, mira frente a frente a la Muerte, que está en esa misma habitación siempre."
" Le chat est complètement revenu de tout parce que, de son coin dans le bureau de Monsieur ou du cabinet de toilette de Madame, il voit face à face la Mort qui est toujours dans la pièce où il est. "

La contextualisation historique.

Lire Vesperini est passionnant car cet historien érudit et brillant contextualise historiquement les Penseurs vénérés de l'Antiquité philosophique : il a commencé avec La philosophia et ses pratiques d'Ennius à Cicéron (École française de Rome, 2012), puis s'est centré sur deux Philosophes, le premier, stoïcien (Droiture et mélancolie. Sur les écrits de Marc-Aurèle, Verdier, 2016), le second, épicurien (Lucrèce. Archéologie d'un classique européen, Fayard, 2017), pour enfin proposer une synthèse plus ambitieuse La philosophie antique. Essai d'histoire (Fayard, 2019). La lecture de ces ouvrages est très intéressante car Pierre Vesperini en ethnologue foucaldien, si on me permet l'expression, reconstitue l'identité des auteurs qu'il traite en se plaçant du point de vue de la culture où ils écrivent et clairement défend la thèse que ni Marc-Aurèle n'était un philosophe stoïcien, ni Lucrèce un philosophe épicurien. Bien sûr c'est aux autres historiens de la philosophie antique de juger ces thèses, mais qu'en penser en philosophe ? Vincent Descombes dans ses Exercices d'humanité (Les Dialogues des petits Platons, 2013) dit à mes yeux clairement l'essentiel :
" Il va de soi que l'on doit tenir compte de l'histoire, du contexte. Mais le fin mot de l'affaire, c'est que Platon nous intéresse par sa philosophie et par le fait que nous heurtons aux mêmes apories que lui (par exemple avec la théorie des ensembles). C'est pour cela que nous faisons l'effort de nous transporter jusqu'à lui, de façon à pouvoir poser le problème de l'un et du multiple autrement que comme une curiosité antique." (p. 21-22)
Même révisés à la baisse culturellement, et humainement tout autant, Sénèque (à propos, Pierre Vesperini l'exécute en 8 pages dans son dernier ouvrage...), Marc-Aurèle, Lucrèce etc. continuent de nous intéresser par leurs arguments en rapport avec tel ou tel problème philosophique, peu importe au fond qu'ils n'aient pas pensé leurs textes comme des textes philosophiques porteurs d'arguments. Dit en d'autres termes, l'oeuvre de Pierre Vesperini est éclairante concernant l'élucidation du contexte de découverte relatif aux productions des auteurs mais aux philosophes de travailler sur le contexte de justification. La géométrie euclidienne perdrait-elle sa part de vérité si on apprenait qu'Euclide n'était pas perçu par ses contemporains comme le fondateur de la géométrie, ni ne se percevait comme tel ?

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1. Le mardi 31 mars 2020, 18:13 par gerardgrig
Les Pères de l'histoire de la philosophie à la française (Gueroult, Alquié, Gouhier, Hyppolite), qui rendaient les auteurs et les textes si vivants, se sont affrontés sur ce problème capital.

lundi 30 mars 2020

Greguería n°334

" Hay rosas que se abren tanto queriendo ver la vida, tan de par en par, que mueren deshojadas en seguida."
" Il y a des roses qui, voulant voir la vie, s'ouvrent tellement, tellement largement, qu'elles meurent effeuillées instantanément."

dimanche 29 mars 2020

Greguería n°333

" El adolescente ve siempre en los espejos de los pisos bajos mujeres que se peinan."
" L'adolescent voit toujours dans les miroirs des appartements en contrebas des femmes qui se peignent."

samedi 28 mars 2020

Greguería n°332

" El artista ante los ignaros sabe que es inútil su arte, como el peluquero cuando corta el pelo a un ciego."
" L'artiste face aux ignares sait que son art est inutile, comme le coiffeur quand il coupe les cheveux d'un aveugle."

vendredi 27 mars 2020

Greguería n°331

" El Pensador de Rodin es un ajedrecista a quien le han quitado la mesa."
" Le Penseur de Rodin est un joueur d'échecs à qui l'on a retiré la table."

Commentaires

1. Le jeudi 2 avril 2020, 02:41 par gerardgrig
C'est le principe du couteau de Lichtenberg, sans lame, et qui a perdu son manche. Ici, c'est le joueur d'échecs, sans sa table et sans son jeu. Il y a aussi la gregueria des picadors sans taureau ni toréador. Une constante des greguerias est la fascination pour le langage en tant qu'il fait disparaître le monde.
2. Le samedi 4 avril 2020, 22:30 par gerardgrig
C'est la même chose dans le cas du débat sur le port du masque anti-pandémique, alors qu'il n'y a pas de masques.

jeudi 26 mars 2020

Greguería n°330

" El borracho sentimental toma el buzón por el panteón de su difunta y la llora apoyado en él. "
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" L'ivrogne qui est sentimental prend la boîte aux lettres pour le monument funéraire de sa femme disparue et, s'y appuyant, la pleure."

mercredi 25 mars 2020

Greguería n°329

" En el hombro ala hay un pedazo de brazo de mujer, pero lo demás son plumas."
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" Dans l'aile il y a un morceau de bras de femme, mais pour le reste ce sont des plumes."

Le suicide de Caton, révisé à la baisse.

Pierre Vesperini écrit des ouvrages explicitement démysticateurs. En effet son ambition est de remplacer l'histoire officielle de la philosophie antique, histoire de philosophes, au sens double où elle est écrite par des philosophes et porte sur des philosophes, par une histoire vraie de la philosophie antique écrite par un historien et portant moins sur des figures philosophiques que sur le monde social et culturel dans lequel ces " vedettes " vivaient. J'ai déjà rendu compte le 7 décembre 2016 du traitement que Pierre Vesperini a fait subir à Marc-Aurèle qui passait, pour faire très vite, du statut de philosophe stoïcien à celui d' empereur se servant à des fins non philosophiques de la philosophie stoïcienne. Aujourd'hui je souhaite juste faire connaître la manière de faire de ce destructeur de vulgates. Je tire ces lignes du dernier ouvrage de Pierre Vesperini paru chez Fayard en 2019 La philosophie antique. Essai d'histoire. Elles sont contenues dans le chapitre V, intitulé La révolution romaine, où l'historien analyse la réception de la philosophie grecque dans la culture de la Rome républicaine. L'auteur réfléchit sur le sens du " suicide de Caton, qui préfère mourir libre plutôt que de vivre sous la domination de Jules César . " :
" Très souvent, on y voit un exemple de l'influence des philosophes sur les Romains. Mais dans le récit de Plutarque, notre principale source, ce qui est étonnant, c'est que justement les deux philosophes qui entourent Caton, un Péripatéticien et un Stoïcien, sont absolument opposés au suicide. Et c'est lui qui leur reproche leur manque de cohérence, en leur opposant les discours qu'ils lui ont fait connaître. On voit très bien qu'il y avait une grande différence pour les philosophes entre exposer des doctrines éthiques et enjoindre à leurs auditeurs de les appliquer. Il y avait même une grande différence pour les philosophes entre enjoindre à leurs auditeurs d'appliquer des doctrines et attendre d'eux qu'ils le fassent réellement. Car il était courant, au cours d'une conférence, de faire de grands et beaux discours appelant à se montrer toujours et partout d'une vertu inflexible. Mais cette conférence était un " jeu de langage " qu'on trouvait dans les théâtres. Une fois le spectacle fini, chacun rentrait chez soi satisfait d'avoir entendu de belles choses, mais personne ne changeait de vie pour autant. Dans l'attitude littéraliste de Caton, il a donc quelque chose de typique de ces Romains que la philosophie conduisait parfois au bord de la folie. Et je crois que, si l'on veut vraiment comprendre ces Romains, il ne faut pas seulement les étudier en compagnie des autres Romains qui se sont particulièrement intéressés à la philosophie. Il faut surtout les rapprocher des Romains à qui les savoirs grecs ont fait perdre la raison. Des Romains se sont perdus pour posséder un chef-d'œuvre d'art grec ou par une passion pour la mythologie. Il y avait dans la culture grecque quelque chose qui fascinait, et cette fascination pouvait perdre ceux qui s'y abandonnaient. " (p. 241-242)
Caton aurait donc été une victime parmi d'autres de la mode grecque autant qu'un interprète naïf des exhortations des philosophes. On pourra aussi penser que la version de Plutarque, bien qu'elle soit la source principale, ne dit pas la vérité .

Commentaires

1. Le mercredi 25 mars 2020, 15:20 par gerardgrig
Chez les penseurs gréco-arabes, il y avait une sorte de culte sécularisé de la philosophie grecque, une dévotion presque superstitieuse pour sa méthode. Même les théologiens, pourtant hostiles aux Grecs, se mettaient à la démonstration. On pourrait donc nuancer ce que disent les lecteurs d'Henry Corbin, concernant le dialogue de sourds entre la falsafa et le kalam. Sur le plan théologico-politique, il y avait un jeu de rôles entre le Calife et le Faylsuf. Le Roi-Philosophe et le Philosophe-Roi auraient pu échanger leurs rôles. Dans ce contexte, le Roi-Philosophe était le Législateur-Prophète, fou de pensée et d'art grecs.

lundi 23 mars 2020

Greguería n°328

" A la mayor parte de los libros con notas habría que llevarlos al quitamanchas."
" Il faudrait apporter au teinturier la plupart des livres avec des notes."

Commentaires

1. Le mardi 24 mars 2020, 14:59 par gerardgrig
Ramón montre avec un humour noir la différence entre le nazisme et le franquisme. Le nazisme fait un autodafé des livres. Le franquisme les passe dans la cuve du teinturier. En réalité, c'est l'agacement des notes de bas de page qui pousse le lecteur à des outrances réactionnaires.
Il y a souvent de la futilité dans la motivation du radicalisme des idées.
2. Le mardi 24 mars 2020, 21:26 par Philalèthe
Il s'agit peut-être des notes laissées par les lecteurs sur leurs exemplaires, indices de leur bêtise ou des défauts de leur lecture. Les annotateurs qui s'imaginent enrichir leur livre par leurs réactions y inscriraient en fait les traces de leur médiocrité. Aux teinturiers alors d'effacer ses saletés.

Greguería n° 327

" A la mayor parte de los libros con notas habría que llevarlos al quitamanchas."
" Il faudrait apporter au teinturier la plupart des livres avec des notes."

Commentaires

1. Le mardi 24 mars 2020, 14:59 par gerardgrig
Ramón montre avec un humour noir la différence entre le nazisme et le franquisme. Le nazisme fait un autodafé des livres. Le franquisme les passe dans la cuve du teinturier. En réalité, c'est l'agacement des notes de bas de page qui pousse le lecteur à des outrances réactionnaires.
Il y a souvent de la futilité dans la motivation du radicalisme des idées.
2. Le mardi 24 mars 2020, 21:26 par Philalèthe
Il s'agit peut-être des notes laissées par les lecteurs sur leurs exemplaires, indices de leur bêtise ou des défauts de leur lecture. Les annotateurs qui s'imaginent enrichir leur livre par leurs réactions y inscriraient en fait les traces de leur médiocrité. Aux teinturiers alors d'effacer ses saletés.

samedi 21 mars 2020

Greguería n°326

" Se ve que el queso Gruyère ha sido señalado por muchos dedos, como diciendo : " De ese."
" On voit que le gruyère est un fromage qui a été montré par beaucoup de doigts, comme pour dire " je veux de

vendredi 20 mars 2020

La raison, l'homme et la femme.

Au début du Cratyle, Socrate, comparant le nom à un instrument, défend la thèse que les noms donnés à une chose doivent traduire l'Idée, la Forme du nom de cette chose, dit autrement, le Nom. De même que l' Idée de métier à tisser peut être réalisée concrètement à travers une multiplicité de métiers à tisser particuliers et différents, le Nom peut ainsi avoir autant une traduction grecque qu'une version barbare.
La comparaison du nom avec un instrument justifie la référence au producteur des noms concrets qui ne peut réussir sa tâche que si, tel le fabricant d'outils, il a une connaissance théorique des Noms correspondant aux êtres nommés (choses, personnes etc.). Mais qui est susceptible d'être ce producteur éclairé ?
" Socrate : Imagine donc qu'on te demande si, selon toi, ce sont les gens les plus raisonnables qui donnent les noms de la façon la plus correcte.
Hermogène : Je dirais évidemment que ce sont les gens raisonnables.
Socrate : Eh bien, d'après toi, dans les cités, sont-ce les femmes ou les hommes qui sont les plus raisonnables - j'entends le sexe féminin ou le sexe masculin dans son ensemble ?
Hermogène : Les hommes.
Socrate : Eh bien, tu sais que, d'après Homère, le jeune enfant d' Hector était appelé Astuánax par les Troyens : il est clair, n'est-ce pas ? que les femmes lui donnaient le nom de Skamándrios puisque ce sont les hommes qui l'appelaient Astuánax ?
Hermogène : Je crois bien.
Socrate : Par conséquent, Homère ne jugeait-il pas, lui aussi, les Troyens plus sages que leurs femmes ?
Hermogène : Oui, je crois.
Socrate : Dans ce cas, il trouvait plus correct de donner à l'enfant le nom d' Astuánax plutôt que celui de Skamándrios ?
Hermogène : Apparemment." (392c, Œuvres complètes, p. 206, Flammarion, 2008).
Qui par principe aurait plus confiance dans la vérité des paroles de femmes que dans celle des paroles masculines ne ferait qu'inverser stérilement le phallologocentrisme platonicien...

Greguería n°325


" El pez está siempre de perfil."
" Le poisson est toujours de profil."

jeudi 19 mars 2020

mercredi 18 mars 2020

Greguería n°323

" Al correr frenéticos los caballos en la carrera apaisan el paisaje."
" Par leur course frénétique, les chevaux de l'hippodrome apaisent le paysage."

mardi 17 mars 2020

Greguería n°322

" Como daba besos lentos duraban más sus amores."
" Comme il donnait des baisers lents, ses amours duraient plus longtemps."

lundi 16 mars 2020

Greguería n°321

" Al quitarse los guantes, la mujer parece que va a decir la confidencia más preciosa de su vida, pero no la dice."
" En enlevant ses gants, la femme donne l'impression qu'elle va faire la confidence la plus choisie de sa vie, mais elle ne la fait pas."

Commentaires

1. Le mercredi 18 mars 2020, 15:35 par gerardgrig
La sensualité et la lenteur avec lesquelles une femme retire ses gants est un strip-tease partiel. C'est un rituel de la frustration, associé au plaisir de celle qui déçoit. Ramón dit tout cela avec un certain gongorisme.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:20 par Philalèthe
Le strip-tease suggéré ici est total et spirituel.
3. Le lundi 23 mars 2020, 02:04 par gerardgrig
Max Klinger, le Rodin allemand, était fasciné par le long gant blanc de femme.
Il lui a consacré une suite d'eaux-fortes, "Un Gant" (1881), à base de suggestion fétichiste et délirante. Le Gant subit des tribulations assez fantastiques, où interviennent un ptérodactyle et un Cupidon à ailes de libellule. Cela rappelle la peinture métaphysique de De Chirico ou le dadaïsme de Max Ernst. On dit que Max Klinger s'est inspiré de Goya.