mercredi 27 janvier 2016

Élie Rabier sur ce qui s'appellera le comportementaliste.

En 1884, dans sa PsychologieRabier, le futur directeur de l'enseignement secondaire, relève lucidement la limite logique de toute psychologie identifiant une réalité mentale à une conduite, Watson n'a pas encore théorisé le behaviorisme mais le protestant de Bergerac lance un avertissement prophétique :
L'observation externe présuppose l'observation interne. Mais quelle que soit l'importance de l'observation extérieure, n'allons pas jusqu'à dire que seule elle est utile et féconde. Ce serait un paralogisme car l'observation extérieure ne nous dirait rien sans les révélations préalables de la conscience. Si je ne savais d'abord par la conscience ce que c'est que pensée, sentiment, volonté, votre parole, vos actions ne m'offriraient aucun sens ; ce ne serait pour moi qu'un vain bruit ou des mouvements de machine : je serais un aveugle à qui vous parleriez des couleurs. L'histoire resterait pareillement pour moi lettre morte. Les animaux m'apparaîtraient comme de purs automates. Par l'observation extérieure, nous n'atteignons que les manifestations de l'intérieur et non pas l'intérieur lui-même. L'observation extérieure ne nous montre finalement que des phénomènes physiques qu'il faut traduire en langue psychologique ; comment le pourrait-on si on n'avait appris d'ailleurs cette langue ? Donc, ôtez la conscience, tout perd sa signification ; et loin que la science des faits spirituels puisse être faite, on ignorera l'existence même de ces faits dans l'univers. L'observation interne et l'observation externe inséparablement unies, tel est le double fondement d'une psychologie vraiment scientifique." (Leçons de philosophie, p.42)

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