dimanche 14 septembre 2008

De deux néologismes qui ne visent pas à créer une nouvelle langue mais à éclairer la langue ordinaire.

“ L’agent de l’interdit est une autorité qui possède cette faculté d’interdire ou de permettre. Si l’on veut transposer à l’impossibilité, on dira que l’agent de l’impossible est l’agent qui a rendu impossible ce qui est impossible. On pourrait créer des verbes « possibiliser » et « impossibiliser », parallèles aux verbes « permettre » et « interdire » » écrit Descombes dans Le raisonnement de l’ours (p.401)
Ces verbes existent déjà en espagnol : posibilitar et imposibilitar.
Le Dictionnaire historique de la langue française fait état de possibiliser, dont on trouve des occurrences au 19ème (où ?) et mentionne l’existence de possibilisation chez Sartre en 1943. A dire vrai je n’en trouve à première vue aucune trace dans L’Etre et le néant ( mais ai-je assez cherché ? )publié pourtant à cette date. En revanche, dès les premières pages des Cahiers pour une morale (1948-1949) , je lis : « Nous sommes tels que le possible se possibilise à travers nous » (p.14). C’est donc un mot qui ici n’a pas le sens que Descombes donne au néologisme qu’il évoque : en effet autant dans la langue espagnole que pour Descombes il y a(urait) un nombre indéfini de sujets capables d’être des agents du possible / impossible ; en revanche Sartre n’en reconnaît qu’un : le possible. Possibiliser s’utilise alors au réfléchi et vise à donner une connaissance de la nature sinon de toute possibilité, du moins de celle qui dépend des hommes.
L’allemand a ermöglichen pour rendre possibiliser, mais pas d’impossibiliser (il faut dire alors ne pas possibiliser: « nicht ermöglichen »).

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