On se rappelle de :
" Le champ de bataille de ces combats sans fin, voilà ce qu'on nomme Métaphysique " ( Préface de la première édition de la Critique de la raison pure, 1781).
Locke, plus ou moins un siècle avant Kant, avait développé la comparaison de l'activité philosophique à une activité militaire :
" Dans les controverses il arrive la même chose que dans le siège d' une ville, où pourvu que la terre sur laquelle on veut dresser les batteries, soit ferme, on ne se met point en peine d'où elle est prise, ni à qui elle appartient : il suffit qu'elle serve au besoin. Mais comme je me propose dans la suite de cet ouvrage d' élever un bâtiment uniforme, et dont toutes les parties soient bien jointes ensemble, autant que mon expérience et les observations que j'ai faites, me le pourront permettre, j'espère de le construire de telle manière sur ses propres fondements, qu' il ne faudra ni piliers, ni arcs-boutants pour le soutenir. Que si mon édifice s'avère n'être qu'un château en l'air, je ferai du moins en sorte qu'il soit tout d'une pièce, et qu' il ne puisse être enlevé que tout à la fois." Essai sur l'entendement humain, I, 3, 25, trad. Coste, légèrement modifiée par Philippe Hamou).
La fin de la comparaison fait de la philosophie une activité de construction de systèmes.
Or, beaucoup de philosophes ne s'y retrouveraient pas de nos jours, qui veulent moins démolir un édifice pour en bâtir un autre, que vérifier la solidité d'une échauguette ou d'un pont-levis. S' ils lancent des boulets, ce n'est pas pour investir la place et la dominer à leur tour mais en vue de contraindre le propriétaire des lieux à revoir un détail de son architecture s'il se trouve que le tir, bien ajusté, réussit à faire des dégâts. Si la force militaire est d' autant plus respectée qu' elle menace d' une destruction massive, il n'en va pas de même de l'arsenal philosophique. On ne juge plus sa valeur à sa puissance de feu mais à sa capacité à faire trembler, plus qu' à détruire, un petit ouvrage dans le paysage philosophique. S'il connaît les nouvelles règles du jeu, l'attaqué ne rend pas la pareille mais mesure tranquillement les dégâts.
Or, beaucoup de philosophes ne s'y retrouveraient pas de nos jours, qui veulent moins démolir un édifice pour en bâtir un autre, que vérifier la solidité d'une échauguette ou d'un pont-levis. S' ils lancent des boulets, ce n'est pas pour investir la place et la dominer à leur tour mais en vue de contraindre le propriétaire des lieux à revoir un détail de son architecture s'il se trouve que le tir, bien ajusté, réussit à faire des dégâts. Si la force militaire est d' autant plus respectée qu' elle menace d' une destruction massive, il n'en va pas de même de l'arsenal philosophique. On ne juge plus sa valeur à sa puissance de feu mais à sa capacité à faire trembler, plus qu' à détruire, un petit ouvrage dans le paysage philosophique. S'il connaît les nouvelles règles du jeu, l'attaqué ne rend pas la pareille mais mesure tranquillement les dégâts.
Commentaires
On trouve un éclaircissement du passage cité de Kant sur http://www.les-philosophes.fr/kant-...