Le principe d'égale considération des intérêts conduit Singer à prendre la souffrance au sérieux autant chez les animaux humains que chez les animaux non-humains.
Reste que cela ne le contraint pas à soutenir que les vies des animaux humains valent celles des animaux non-humains. En effet les vies n'ont pas toutes la même valeur (ce qui permettra de juger la mise à mort plus ou moins grave selon que la victime a une vie de plus ou moins grande valeur).
Mais qu'est-ce qui donne à la vie de la valeur ?
Reste que cela ne le contraint pas à soutenir que les vies des animaux humains valent celles des animaux non-humains. En effet les vies n'ont pas toutes la même valeur (ce qui permettra de juger la mise à mort plus ou moins grave selon que la victime a une vie de plus ou moins grande valeur).
Mais qu'est-ce qui donne à la vie de la valeur ?
" La vie d'un être possédant conscience de soi, capable de penser abstraitement, d'élaborer des projets d'avenir, de communiquer de façon complexe, et ainsi de suite , a plus de valeur que celle d'un être qui n'a pas ces capacités." (La libération animale)
J'ai alors l'impression que l'anthropocentrisme qui est sorti par la porte au niveau du principe d'égale considération des intérêts rentre par la fenêtre au niveau de l'évaluation de la valeur de la vie. Certes cela ne mène pas Singer à défendre que la vie de n'importe quel homme a plus de prix que celle de n'importe quel animal :
" Tuer un chimpanzé est pire que tuer un être humain qui, du fait d'un handicap mental congénital, n'est pas et ne sera jamais une personne." (Questions d'éthique pratique)
Mais n'est-ce pas spéciste de prendre la vie humaine comme modèle ?
Si au fond Singer accepte de qualifier de personnes les grands singes, n'est-ce pas parce qu'il donne le plus de prix aux individus les plus réussis de l'espèce humaine ?
Si au fond Singer accepte de qualifier de personnes les grands singes, n'est-ce pas parce qu'il donne le plus de prix aux individus les plus réussis de l'espèce humaine ?
Pour mesurer le problème, ces lignes de Russell citées par Jean-Baptiste Jeangène Vilmer dans son Éthique animale (2008) :
" Il n'y a aucune raison objective de considérer que les intérêts des êtres humains sont plus importants que ceux des animaux. Nous pouvons détruire les animaux plus facilement qu'ils ne peuvent nous détruire : c'est la seule base solide de notre prétention de supériorité. Nous valorisons l'art, la science et la littérature, parce que ce sont des choses dans lesquelles nous excellons. Mais les baleines pourraient valoriser le fait de souffler et les ânes pourraient considérer qu'un bon braiment est plus exquis que la musique de Brahms. Nous ne pouvons le prouver, sauf par l'exercice de notre pouvoir arbitraire. Tous les systèmes éthiques, en dernière analyse, dépendent des armes de guerre." (If animals could talk, 1932)
On peut être méfiant par rapport à un tel relativisme éthique, mais la position de Singer n'échappe à cette critique que si la défense de la supériorité de la vie humaine sur la vie non-humaine repose sur une conception réaliste des valeurs morales, présupposant que l'intelligence humaine a accès à une connaissance vraie de la valeur des valeurs, ce qui revient finalement à une argumentation circulaire (si les hommes ont une vie qui a plus de valeur que la vie animale, c'est parce que leur intelligence qui a plus de valeur que l'intelligence animale le leur fait savoir).
Commentaires
Exit saint Thomas d'Aquin et sa pensée.
Toutefois, l'homme de la rue dirait que nos dirigeants (drôles d'animaux politiques), s'assoient allègrement sur les systèmes éthiques, racoleurs et normatifs, s'érigeant comme d'aucun autrefois en caïd des bacs à sable de la maternelle.