En prenant de l'âge, Ramón a beaucoup voyagé sur l'océan entre l'Espagne et l'Argentine. Il est très humain de projeter comme lui son vieillissement sur le monde, en le personnifiant.
2. Le dimanche 27 octobre 2019, 19:29 par Philalethe
Certes mais la conscience de la genèse d'une métaphore tend à affaiblir son pouvoir...
" Nada se pierde : en el más alto del cielo hay una torre hecha con el humo de todos los cigarrillos consumidos en el mundo."
" Rien ne se perd : au plus haut du ciel il y a une tour faite de la fumée de toutes les cigarettes consumées dans le monde."
Commentaires
1. Le samedi 12 octobre 2019, 15:38 par gerardgrig
Ramón faisait preuve d'une surprenante sensibilité environnementale en son temps. Actuellement, il est intéressant d'étudier sous cet angle des auteurs inattendus. La nouvelle génération des chercheurs hegeliens examine ainsi ce que Hegel peut apporter à l'écologie, dans sa Philosophie de la Nature. Pour lui, la Nature était le déchet de l'Esprit.
2. Le dimanche 27 octobre 2019, 19:33 par Philalethe
À moins que ce ne soit une illustration de l'idée que le passé ne passe jamais. Quant à l'anthropocène, s'il est une oeuvre de l'Esprit, quelle joie !
" Cuando levantamos los brazos en el desperezo es que nos entregamos al destino que nos apunta."
" Quand nous levons les bras en nous étirant, c'est que nous nous livrons au destin qui nous vise."
Commentaires
1. Le mercredi 30 octobre 2019, 15:12 par gerardgrig
On sait au moins que d'un certain point de vue Ramón n'était pas stoïcien. L'enchaînement des causes et des conséquences, appelé le Destin, n'est pas compatible avec la superstition envahissante des gestes quotidiens.
Cette greguería est à première vue étrange par le fait de comparer une attitude nonchalante de détente et de confiance à une posture tendue de peur et de défense, peut-être comme si les manifestations du bien-être appelaient sur soi des causes de malheur (d'où votre référence peut-être à la supersitition). Mais on peut aussi lire la greguería comme une manière confiante et exceptionnelle de se donner à un destin dont on sait qu'il nous vise toujours. Lue ainsi, la greguería n'est pas tant opposée à l'esprit du stoïcisme qu'on peut le croire : sachant que le destin nous englobe, on arrête de lui résister, on se rend à lui, sachant qu'il est irrésistible.
Commentaires