" Réélu en avril, Viktor Orban a décidé de s’attaquer, cette fois, à l’Académie hongroise des sciences (MTA), le plus ancien et le plus grand organisme de recherches du pays. Fondée au XIXe siècle, l’Académie symbolise la renaissance nationale, à l’époque, de ce pays d’Europe centrale.
Le 12 février, des centaines d’universitaires ont manifesté pour dénoncer la reprise en main de cette institution qui est l’une des plus respectées du pays. A la fin du mois de mars, le gouvernement souverainiste de Viktor Orban devrait en effet annoncer qu’il distribuera désormais directement les crédits alloués à la recherche, privant de ce fait l’Académie et ses 5 000 salariés de l’autonomie dont ils disposaient jusqu’alors. Les sommes en jeu sont considérables : le budget annuel de l’institution atteint 40 milliards de forints (127 millions d’euros).
Dans un courrier adressé à des scientifiques qui critiquent cette réforme, le premier ministre hongrois affirme que ces changements sont justifiés par la volonté de « permettre au savoir de générer des avantages économiques directs ». « Malheureusement », ajoute le chantre de l’illibéralisme, « les classements internationaux montrent que la Hongrie est l’un des pays européens les moins performants en matière d’innovation. »" lis-je dans Le Monde du 16-03-2019.
Dans un champ scientifique, pour reprendre le concept de Pierre Bourdieu, la seule finalité est la production du savoir. À cette fin, le chercheur a un intérêt personnel à produire et à aider à produire (je pense là à l' évaluateur) un savoir impersonnel. Quand l'État au plus niveau voit dans le savoir seulement un moyen de générer du profit, le démantèlement du champ scientifique est à l'oeuvre. Il ne manquera plus grand chose pour qu'on appelle savoir les idées qui rapportent...