3) les poissons:
“La mer, eau la plus pure et la plus souillée,
Pour les poissons potable et salutaire,
Pour les hommes non potable et mortelle." (Hippolyte Réfutation de toutes les hérésies IX 10)
Pour les poissons potable et salutaire,
Pour les hommes non potable et mortelle." (Hippolyte Réfutation de toutes les hérésies IX 10)
Il pourrait s’agir d’un autre animal que le poisson, mais pas de n’importe lequel ; parmi tous les animaux possibles, il doit remplir une condition nécessaire et suffisante : partager avec l’homme un milieu et en faire un usage radicalement inverse. C’est l’animal des sceptiques, celui dont ils auront besoin pour montrer que la valeur est relative à l’espèce. Les mœurs animales ne sont pas connues pour elles-mêmes mais en tant qu’elles servent à relativiser les mœurs humaines.
Dans les Esquisses pyrrhoniennes, le philosophe sceptique Sextus Empiricus (2ème-3ème siècle ap. J.-C.) reprendra l’exemple et le fera précéder des lignes suivantes :
Dans les Esquisses pyrrhoniennes, le philosophe sceptique Sextus Empiricus (2ème-3ème siècle ap. J.-C.) reprendra l’exemple et le fera précéder des lignes suivantes :
« L’huile parfumée paraît agréable aux humains et insupportable aux scarabées et aux abeilles ; l’huile d’olive est bénéfique aux humains mais quand on la répand, elle extermine les guêpes et les abeilles ; l’eau de mer est désagréable et même toxique pour les humains qui la boivent, alors que pour les poissons elle est agréable et potable. » (Livre I 14 55 trad. Pellegrin Essais Points p.85)
Ne pas en conclure que les sceptiques confirment la vérité de l’héraclitéisme. En I 28 (210), Sextus Empiricus met les points sur les i : Héraclite affirme dogmatiquement que les contraires appartiennent à la même chose (l’eau est potable et non potable) alors que les sceptiques soutiennent seulement que les contraires paraissent appartenir à la même chose (il nous apparaît que l’eau est potable et non potable). Alors qu’Héraclite vise à connaître la réalité, le sceptique s’en tient à la description de la dimension contradictoire de la connaissance de la réalité. Ainsi la connaissance qu’on a du miel inclut deux éléments qui s’excluent : il est connu comme ayant une « action adoucissante sur les gens bien portants » et comme étant « amer pour ceux qui ont un ictère ». Une telle connaissance de la connaissance n’a d’ailleurs rien de sceptique, c’est un des points de départ obligés de toute réflexion :
« Les Héraclitéens partent d’une préconception (prolepsis) commune aux humains, comme nous le faisons nous-mêmes, et sans doute aussi les autres philosophes. » (211)
Sextus Empiricus s’en tient à l’expérience de la connaissance ; à ses yeux, Héraclite a eu le tort de faire le saut ontologique et d’attribuer à la chose les propriétés contradictoires que la connaissance lui reconnaît.
4) les volailles et les porcs :
« Les porcs se lavent dans la fange et les volailles dans la poussière ou la cendre. »
C’est Columelle qui le rapporte au 1er siècle dans un traité d’agriculture. J’imagine que l’exemple est détourné par lui de sa finalité philosophique à des fins de didactique agricole.
Ce sont encore des animaux instrumentalisés, ils ne s'opposent pas l'un à l'autre mais à l’homme resté à l’arrière-plan, le tout faisant comprendre que la boue et la poussière sont propres et sales (verson forte, héraclitéenne) ou qu'il paraît à l'homme qu'ils sont tels (version faible, sceptique).
Ce sont encore des animaux instrumentalisés, ils ne s'opposent pas l'un à l'autre mais à l’homme resté à l’arrière-plan, le tout faisant comprendre que la boue et la poussière sont propres et sales (verson forte, héraclitéenne) ou qu'il paraît à l'homme qu'ils sont tels (version faible, sceptique).
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