" Cette femme m'a regardé comme on regarde un taxi occupé."
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1. Le jeudi 26 septembre 2019, 13:53 par gerardgrig
Il existe une version populaire, avec les toilettes publiques pour décor, de cette blague de café, qui est une sorte de revanche des femmes, parce que l'humour les prend habituellement pour cible. Dans les deux versions de la blague, faire du lieu occupé une métaphore de l'homme au cœur déjà pris manifeste une causticité un peu cavalière, mais de bon aloi. Le deuxième terme de l'alternative est la punchline de l'histoire. On imagine qu'il sera beaucoup plus assassin, dans la version française, avec la comparaison entre un lieu vide, dans un état plutôt négligé, et un homme assez répulsif, qui s'attire un qualificatif scatologique dans le registre de la familiarité. Heureusement, Ramón n'était pas Céline. Il ne donnait jamais dans le populisme.
2. Le dimanche 27 octobre 2019, 19:51 par Philalethe
Certaines greguerías sont très souvent violemment misogynes. Comme je ne cherche pas à travers ma sélection minuscule à donner d'elles une image représentative, je ne souhaite pas les traduire. Cette gregueria, elle, est d'une misogynie modérée.
" Su coincidencia telefónica era tal, que ella y él marcaban al mismo tiempo los números respectivos de sus teléfonos y siempre se encontraban con que estaban comunicando."
" Ils coïncidaient tellement téléphoniquement qu'elle et lui faisaient au même instant le numéro de l'autre et trouvaient toujours le téléphone occupé."
Cette gregueria semble être d'inspiration platonicienne. Il y a une Hypothèse du "Parménide" sur la stabilité du mouvement et sur le mouvement de la chose qui reste au même endroit.
Je crois que cette greguería fait douter non du mouvement du cerveau et de l'homme dont il est le cerveau, mais du changement de l'esprit qui va avec et des situations qu'il vit.
" El queso de Gruyère nos esta diciendo : " ¡ Hay que tener mucho ojo !"
" Le fromage de Gruyère nous dit : " Il faut être tout yeux !"
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1. Le mercredi 25 septembre 2019, 10:43 par gerardgrig
On connaît depuis peu l'explication de la présence de trous dans le fromage de gruyère. On est heureux pour le progrès de la science, mais comme dans le cas de la démonstration du théorème de Fermat, on est déçu qu'une énigme de plus, qui a occupé de nombreuses générations, soit résolue. Ramón a encore de la chance, et il peut se livrer sans retenue aux joies de la pensée pré-logique, sur un fond d'exercice pataphysique plutôt drôle, car il mélange l'animisme ou l'anthropomorphisme à une production humaine, dans le registre familier de l'alimentation. Les Suisses, qui continuent à faire de l'agriculture un peu inutilement, avaient remarqué qu'il y avait de moins en moins de trous dans le gruyère, ce qui compliquait l'énigme. Aujourd'hui, les chercheurs disent que les trous sont dûs à la production de gaz par les brins de foin, tombés dans le lait lors de la traite, pendant la fermentation.
2. Le jeudi 26 septembre 2019, 13:11 par gerardgrig
Et Ramón nous gratifie d'une superbe gravure, qui pourrait servir pour une affiche publicitaire. Il avait peut-être des rêves secrets d'épicerie. Quant au nombre de trous qui diminuent dans le gruyère, c'est dû à l'amélioration de l'hygiène de la vache.
3. Le dimanche 27 octobre 2019, 20:02 par Philalethe
Ce fromage est comme La Bruyère : il nous pousse à prêter attention !
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