samedi 14 mars 2020

Greguería n°319

" A la muerte no se la oye porque ya en la intimidad de la casa anda en zapatillas."
" La mort, on ne l'entend pas car, arrivée au cœur de la maison, elle marche en chaussons."

Commentaires

1. Le dimanche 15 mars 2020, 16:03 par gerardgrig
Ramón faisait peut-être allusion à la grippe espagnole.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:25 par Philalèthe
Peut-être mais la portée de la greguería me paraît plus universelle.

vendredi 13 mars 2020

Greguería n°318

" A veces no sé que decir al muchacho que me cuenta sus quejas de la vida, y por decirle algo le digo : " Dedíquese a místico." "
" Parfois je ne sais pas quoi dire au type qui me raconte les problèmes qu'il a dans sa vie, et pour lui dire quelque chose, je lui dis : " Devenez mystique ! " "

jeudi 12 mars 2020

Greguería n°317

" El hombre experimentado sabe leer en el cuentakilómetros de la mujer a qué distancia está de su primer amor."
" L'hommme expérimenté sait lire sur le compteur kilométrique de la femme à quelle distance elle est de son premier amour."

Commentaires

1. Le vendredi 13 mars 2020, 03:57 par gerardgrig
Dans le domaine de la métaphysique de l'amour, Ramón semble être plus proche du pessimisme de Schopenhauer que du romantisme existentiel de Kierkegaard. Pour ce dernier, notre premier amour est comme le Christ, car il est toujours notre contemporain. C'est pourquoi il est impossible de répéter un premier amour. Il a une telle capacité de survie en nous, qu'il disqualifie toute tentative de répétition. La métaphore de la distance kilométrique traduit donc bien un écart entre un modèle et une copie, mais Ramón met cela sur le compte de l'éternel féminin confronté à l'âge. Il est vrai que Kierkegaard n'épargne pas Régine Olsen, dans l'analyse de l'échec de leur premier amour. Pour le Danois, la philosophie, comme l'épiphanie du premier amour, restent des affaires d'homme.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:31 par Philalèthe
Peut-être s'agit-il moins des marques de l'âge que de celles du désabusement, de l'amertume etc.

mercredi 11 mars 2020

Greguería n°316

" La vida la había dado tantos disgustos que ya no podía reírse con la boca y con los ojos al mismo tiempo."
" La vie lui avait causé tant de contrariétés qu'elle ne pouvait plus rire de la bouche et des yeux à la fois."

Commentaires

1. Le jeudi 12 mars 2020, 14:36 par gerardgrig
Ramón décrit "The Pagliacci syndrome". Dans "Mon Père et ses Verres", Bobby Lapointe chantait "Son cœur pleure mais sa|Bouch'rit". On pourrait ajouter : "Si tu es gai ris-don(c), Paillasse !" Cela ne déplairait pas à Ramón, amateur de vieilles blagues d'étudiant. L'École de Salamanque ne devait pas être triste.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:34 par Philalèthe
À moins que ce ne soit une fine remarque de psychologie behavioriste....

mardi 10 mars 2020

Greguería n°315

" El primer contacto que tenemos con el purgatorio es cuando nos planchan el traje en el quitamanchas."
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" Le premier contact que nous avons avec le purgatoire est quand on repasse notre costume chez le teinturier."

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1. Le mercredi 11 mars 2020, 18:40 par gerardgrig
Ramón se moque de ses souvenirs de catéchisme. C'est ce dernier qui a inventé le Purgatoire, lequel n'est jamais mentionné dans la Bible, sinon par allusion à une forme de purification et de pardon après la mort. Saint Pierre parle aussi d'esprits en prison après la mort, tandis que saint Paul approuve le baptême pour les morts. Il y a l'Évangile de saint Marc, qui parle du miracle de Jésus qui guérit la fièvre de la belle-mère de Simon. Le mal d'un virus est l'analogue de l'attente d'un salut dans un Purgatoire. Mais en réalité, les âmes du Purgatoire sont déjà sauvées. On ne comprend pas pourquoi le Purgatoire vient relativiser la menace de l'Enfer, bien que l'Église précise que l'on ne devient pas saint au Purgatoire. Pour Ramón, le passage par le teinturier est la parabole illustrée du séjour au Purgatoire, même si sa durée est indéterminée. Il devait aussi connaître l'étrange nouvelle de Mérimée, "Les Âmes du Purgatoire", une parodie de la littérature espagnole, qui raconte l'histoire de Don Juan de Maraña, et qui semble nous suggérer que le Purgatoire est la parodie de l'Enfer, mais que le tragique de l'Enfer demeure au fond des âmes.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:49 par Philalèthe
Croyances religieuses à part, la crémation de notre cadavre commencera bien par la combustion de nos habits.

lundi 9 mars 2020

Greguería n°314

" Después de la lluvia todos tenian el rostro pintado a la acuarela."
" Après la pluie, tous avaient le visage peint à l'aquarelle."

dimanche 8 mars 2020

Greguería n°313


" Tarjeta de visita : etiqueta de la botella de cada uno."
" Carte de visite : étiquette sur la bouteille qu'est chacun de nous."

vendredi 6 mars 2020

Greguería n°312


" Cisnes blancos con el cuello negro : reclamo para guantería."
" Cygnes blancs à col noir : publicité pour des gants."

Commentaires

1. Le samedi 7 mars 2020, 14:23 par gene pelcals
intéressant de voir combien Ramon est obsédé par les femmes gantées.
2. Le mercredi 11 mars 2020, 10:42 par Philalèthe
Oui, et plus généralement par les gants. Mais par définition mon anthologie rend mal les obsessions. Certes elle fait aussi grâce des

jeudi 5 mars 2020

Greguería n°311

" Lo de " Doña " pone un poco de bigote a la mujer por culpa de la tilde de la eñe."
" Le " Doña " donne un peu de moustache à la femme par la faute du tilde sur le ñ."

Commentaires

1. Le jeudi 12 mars 2020, 00:22 par gerardgrig
Ramón cultive une forme de derridisme par anticipation, avec des remarques un peu kabbalistiques sur les lettres et leurs accents espagnols. Il met à jour un "glyphe" littéraire, picto-idéo-phonographique, qui relève de la "différance grammatologique" derridienne. Il s'agit chez Ramón d'une redescription formaliste, pour regarder avec optimisme, et excuser, le détail de la moustache que la brune espagnole a fatalement. C'est une manière tragi-comique d'accepter le destin.
2. Le jeudi 19 mars 2020, 08:44 par Philalèthe
Ramón voit le mot comme un hiéroglyphe.
3. Le jeudi 19 mars 2020, 10:48 par Philalèthe
Voir aussi le début du Cratyle de Platon : 
" (...) il existe une dénomination correcte naturellement adaptée à chacun des êtres : un nom n'est pas l'appellation dont sont convenus certains en lui assignant une parcelle de leur langue qu'ils émettent, mais il y a, par nature, une façon correcte de nommer  les choses, la même pour tous, Grecs et Barbares."
Sauf que le cratylisme  est l'idée que l'étymologie du signe est une description vraie de son référent alors que la greguería en question fait du mot un dessin ressemblant au référent. Ressemblance indélicate et peut-être même souvent  fausse...
Mais, dans une logique strictement cratyléenne, si on supprime le tilde de doña, la dame perd son vrai nom...
4. Le jeudi 19 mars 2020, 19:51 par gerardgrig
Avec la femme à moustache, nous abordons la question du genre. Cette gregueria est-elle phallogocentrique ? Ramón était-il un macho ? Un Espagnol ne saurait médire de la corrida.
5. Le vendredi 20 mars 2020, 22:47 par Philalèthe
Il y a beaucoup de greguerías misogynes, quelquefois platement misogynes, mais je ne les traduis pas.

mercredi 4 mars 2020

Greguería n°310

" El suicida quiso cerrar los ojos para no ver la vida y se quedaron abiertos."
" Le suicidé a voulu fermer les yeux pour ne plus voir la vie mais ils sont restés ouverts."