C'est l'avis de Jonathan Haidt qui dans The Happiness Hypothesis. Finding modern truth in ancient wisdom (2006) écrit :
" L'importance que le Bouddha accordait au détachement pourrait également être due aux turbulences de son époque : rois et cités guerroyaient, la vie et le destin des gens pouvaient être anéantis en un instant. Lorsque la vie est imprévisible et dangereuse (comme l'était celle des philosophes stoïciens à la merci des caprices de leurs empereurs romains), il est idiot de chercher à atteindre le bonheur en contrôlant le monde extérieur. Mais aujourd'hui, la situation est (en général) bien différente. Les gens vivent dans des démocraties assez riches, peuvent se fixer des buts à long terme et espérer les atteindre. Pour la première fois dans l' histoire de l'humanité, la plupart des gens (dans les pays riches) vivront au-delà de leurs 70 ans et n'enterreront pas leurs enfants. On est vacciné contre les maladies, à l'abri des tempêtes et assuré contre le feu, le vol et les accidents de voiture. Bien sûr on rencontre tous de mauvaises surprises, mais on peut s'adapter et faire face à la plupart d'entre elles. Et nous pensons tous que nous sortons plus forts de l'adversité. Ainsi, rompre tout attachement, éviter les plaisirs de la sensualité et parvenir à éviter la douleur de la perte et de la défaite me paraît maintenant une réponse inappropriée à la présence des instants de souffrance que comprend inévitablement toute vie." (Éditions Mardaga, 2010, p.128)
Oserait-on aller jusqu'à dire désormais que la valeur du stoïcisme est de permettre dans les époques troublées aux gènes du stoïcien de se reproduire ?
Commentaires
C'est le mystère de la foi, de l'assentiment.
D'ailleurs, il ne faudrait pas trop rêver de la spiritualité sans religion, de la religion sans Dieu.
Les moines bouddhistes disent qu'ils pratiquent bien une religion, et que Bouddha croyait en Brahma, le créateur du monde.
Le Bouddhisme le plus religieux est celui du Tibet. C'est le Bouddhisme tantrique du Dalaï-Lama, personnage stupéfiant par son nombre de fidèles et de sympathisants. Quant au Védanta, il est hyper-dévot.
Faut-il considérer le stoïcisme comme une religion ?
Prendre la voie dialectique du détachement du détachement serait peut-être aussi un dépassement hégélien nécessaire.
On pourrait faire valoir en sens inverse qu'avec les moyens modernes de communication notre vie affective est plus que jamais ballotée au gré de ce qui ne dépend pas de nous ...