" Dos maneras gregueristicas de decir eso : " los alicates bailan flamenco " o " bailaba como unos alicates "."
" Deux manières gregueristiques de dire : " les pinces dansent le flamenco " ou bien " il dansait comme le font les pinces."
" Dos maneras gregueristicas de decir eso : " los alicates bailan flamenco " o " bailaba como unos alicates "."
" Deux manières gregueristiques de dire : " les pinces dansent le flamenco " ou bien " il dansait comme le font les pinces."
" La alegoría es una metáfora que celebra su santo."
" L'allégorie est une métaphore qui célèbre sa fête."
Métaphore qui métamorphose la métaphore !
" Cabeza de ajos : tertulia bajo un mosquitero hasta que llega la cocinera y la acaba."
" Tête d'ail : cercle réuni sous une moustiquaire jusqu'à l'arrivée fatale de la cuisinière."
Si par peur des moustiques ils font le dos rond et se cachent, qu'en sera-t-il d'eux quand la cuisinière viendra les ajouter à sa sauce ?
" El agua no tiene memoria : por eso es tan limpia."
" L'eau n'a pas de mémoire : c'est pour cela qu'elle est si propre."
" Hay una cantidad de admiración destinada a cada epóca y la roba el que puede."
" Il existe une certaine quantité d'admiration pour chaque époque et s'en empare qui peut."
" Hay la actriz que entra en escena arreglándose el pelo y la que no lo toma en cuenta. La más natural es la primera."
" Il y a la comédienne qui se recoiffe en entrant en scène et celle qui n'en a cure. La plus naturelle est la première."
On peut comprendre la greguería de deux manières : par natural, Ramón qualifie-t-il l'attitude par rapport à la coiffure ou le jeu qui viendra des deux comédiennes ? Je préfère la deuxième hypothèse : celle qui retouche sa coiffure a sur scène le jeu spontané et vivant de qui a beaucoup travaillé. On sent en revanche l'artifice chez celle qui n'a été soucieuse ni de se coiffer ni de répéter assez.
" La linterna del acomodador deja una mancha de luz en el traje."
" La lampe de poche de l'ouvreur laisse une tâche de lumière sur le costume."
Lisant les romans de Jean Échenoz, je suis quelquefois surpris par l'incorrection de certaines de ses phrases, comme celle-ci, tirée de Des éclairs (ce sont les quatre premières lignes du chapitre 22) :
" Ces moments de fêtes, Gregor sait bien ce que c'est. Aussi prémuni qu'il ait pris soin d'être, bardé de textiles et de bonne volonté, le froid s'infiltre en lui par leurs interstices avec l'accablement par les neurones."
J'ai traduit sur ce blog quelques centaines de greguerías de Ramón Gómez de la Serna, en voici de nouvelles, mais commentées quelquefois désormais.
" Abuelas que llevan un niño de la mano van presumiendo de madres : su última coquetería."
" Grands-mères, qui tenant un petit par la main, jouent à la mère : c'est leur dernière coquetterie."
" Le bon vieux temps où, à l'arrêt des émissions, succédait l'écran neigé, neigeux, l´équivalent de la lanterne balancée dans les rues, dormez en paix. Et si j'ai connu ça, c'était aussi que l´Histoire, l´ Histoire des conduites, s'était tellement accélérée que n'importe qui, à présent, pouvait se bercer à la pensée qu'il avait été le témoin d'une époque révolue. À la limite, un enfant de dix ans pouvait raisonnablement concevoir la publication de ses Mémoires, et n'importe quel objet constituait le début du stock d'un antiquaire réputé. On assistait à un embaumement généralisé des réflexes, des goûts morts-nés, qui transformaient le monde occidental en une gigantesque place Rouge, où chacun défilait devant son propre mausolée."
Ces lignes sont tirées de Felicidad (1993), recueil de nouvelles de Frédéric Berthet (1954-2003). Lyonnais, il avait préparé le concours de la rue d'Ulm au Lycée du Parc. Pierre Jouguelet avait été son professeur de philo en HK et Jacques Rimbault en K.