Épictète adresse des paroles très dures à l'homme adultère :
" Mais qui te fera confiance ? Ne veux-tu pas qu'en conséquence on te jette toi aussi sur un tas d'ordures, comme un ustensile inutile, comme une ordure (Bréhier disait "fumier") ?" (Entretiens, Livre II, 4, traduction R.Muller)
L'accusé se défend, prétendant respecter les normes de l'école stoïcienne :
" Mais quoi ? Les femmes ne sont-elles pas par nature communes ?"
C'est alors qu´Épictète compare la légitime non à un cochon de lait tout entier mais à une portion de cette même viande :
" Le cochon de lait lui aussi est commun aux invités ; mais les parts une fois faites, vas-y, si tu le juges bon, enlève la part de ton voisin de table, vole-la à son insu, ou tends la main et goberge-toi ; et si tu ne peux arracher un morceau de viande, plonge tes doigts dans la graisse et lèche-les. Joli convive, et commensal bien socratique !"
La femme, comme le cochon de lait, a une fonction naturelle, mais telle femme n'est pas par nature faite pour tel homme (on est loin du mythe aristophanesque du Banquet). C'est "l'homme de loi" qui répartit les conjointes. Ne pas séduire la femme d'un autre est donc un devoir social, un officium.
Mais l' homme adultère sermonné par Épictète ne comprend peut-être pas bien ce que veut dire "se conformer à la nature" ; il croit que c'est réduire la chose à sa fonction naturelle (le cochon de lait est fait pour être mangé) alors que, pour le stoïcien, c'est prendre au sérieux tout autant la fonction sociale de la chose (or, on mange le cochon de lait au cours d'un repas pris en commun).
Plus généralement le philosophe stoïcien joue le jeu social selon les règles mais sans aller jusqu'à penser que les règles en question sont autres que sociales précisément. Ainsi le cochon de lait, à la différence du melon de Bernardin de Saint-Pierre, n'est pas fait pour être mangé en parts mais, les parts une fois distribuées, c'est raisonnable de ne pas prendre celle du voisin.
Le stoïcisme d'Épictète a beau être un providentialisme (qui s'exprime ici par un sexisme cru), il ne tombe pas dans l'excès de voir dans tout usage social la réalisation d'une fonction naturelle.
Mais l' homme adultère sermonné par Épictète ne comprend peut-être pas bien ce que veut dire "se conformer à la nature" ; il croit que c'est réduire la chose à sa fonction naturelle (le cochon de lait est fait pour être mangé) alors que, pour le stoïcien, c'est prendre au sérieux tout autant la fonction sociale de la chose (or, on mange le cochon de lait au cours d'un repas pris en commun).
Plus généralement le philosophe stoïcien joue le jeu social selon les règles mais sans aller jusqu'à penser que les règles en question sont autres que sociales précisément. Ainsi le cochon de lait, à la différence du melon de Bernardin de Saint-Pierre, n'est pas fait pour être mangé en parts mais, les parts une fois distribuées, c'est raisonnable de ne pas prendre celle du voisin.
Le stoïcisme d'Épictète a beau être un providentialisme (qui s'exprime ici par un sexisme cru), il ne tombe pas dans l'excès de voir dans tout usage social la réalisation d'une fonction naturelle.
Certes, mais comment pouvons-nous aujourd'hui nous convertir au stoïcisme, nous qui ne croyons pas plus dans les fonctions naturelles que dans l'évidence des fonctions sociales ?
Commentaires
Pourtant certains essayent sérieusement, en invoquant notamment des textes de Marc-Aurèle
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