" Nietzsche era de aquellos hombres que, para no necesitar dentadura postiza, se dejaban el bigotazo."
" Nietzsche était de ces hommes qui, pour éviter le dentier, se laissaient pousser une grosse moustache."
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1. Le vendredi 17 janvier 2020, 22:18 par gerardgrig
Dans "Aurore", Nietzsche explique le secret de sa moustache : "Nous oublions trop facilement qu’aux yeux des étrangers qui nous voient pour la première fois nous sommes tout autre chose que ce que nous pensons être nous-mêmes : et généralement nous ne sommes rien de plus qu’une particularité qui saute aux yeux et détermine l’impression d’ensemble. Ainsi le plus doux et le plus équitable des hommes n’a qu’à porter une grosse moustache, et il pourra en quelque sorte s’asseoir à son ombre, et s’y asseoir en paix, – les yeux ordinaires voient en lui l’accessoire d’une grosse moustache : à savoir un caractère militaire, prompt à s’échauffer, violent à l’occasion – et ils se comportent avec lui en conséquence." Platon l'avait bien vu. Le problème de l'homme juste, c'est que cela ne se voit pas. Pour survivre dans le monde de la compétition sociale, il vaut mieux avoir l'air d'un timocrate, d'un Spartiate, plutôt que d'un gourou athénien. Ramón y voit l'indice d'une coquetterie. Dans le registre de la plaisanterie sur Nietzsche, Ramón aurait aimé le livre de Jean-Baptiste Botul, "Nietzsche et le démon de midi".
Nombreux sont ceux désormais qui fabriquent la particularité qui saute aux yeux en vue de déterminer une fausse impression d'ensemble ! Plus que jamais, nous devons donc être tel l'entendement face aux formes peut-être délicieuses mais accidentelles de la cire !
" Hay unos hombres fracasados que han pasado a la categoría de inservibles, que son " hombres tachados " parangonables con los " precios tachados " de la propaganda liquidadora."
" Il y a des hommes coulés qui sont entrés dans la catégorie des inemployables : ce sont des " hommes barrés " comparables aux " prix barrés " de la publicité qui liquide."
Le théâtre dont parle Ramón doit être le vaudeville espagnol, appelé la zarzuela. À égalité avec la blague de café, Ramón pratique le mot d'esprit du théâtre de boulevard. Sur scène, le trait d'esprit de cette gregueria serait d'autant plus drôle dans la bouche d'un comédien qui, en réalité, parlerait de lui-même en feignant de l'oublier. Ici, l'influence du trait d'esprit gaulois du boulevard est manifeste. Robert de Flers disait plutôt : la vertu, c'est comme la Bretagne, c'est beau mais c'est triste. Blague à part, le théâtre ne donne pas vraiment l'illusion de vérité, avec ses personnages qui gesticulent et crient sur scène pour qu'on les entende dans le fond de la salle. Paradoxalement, c'est le cinéma qui crée l'indécision entre la vérité et le mensonge. D'ailleurs, dans la réalité, nos d'histoires d'amour ne font que rejouer des scènes vues au cinéma.
Dans cette gregueria, Ramón fait le contraire de Washington Irving, qui américanisait l'espagnolisme ("Les Contes de l'Alhambra"). Ramón espagnolise Mark Twain et sa célèbre boutade, "la familiarité engendre le mépris et les enfants".
" Hay un bigotillo que pone entre comillas todo lo que dice su propietario y, a veces, pone diėresis o acento circunflejo a las palabras."
" Il existe une sorte de petite moustache qui met entre guillemets tout ce que dit son propriétaire et qui, parfois, met un tréma ou un accent circonflexe sur les mots."
On dirait que Ramón a eu le pressentiment du "body language", qui de nos jours s'impose partout, mais avec les deux doigts des mains qui font des guillemets anglais. Néanmoins, les guillemets sont fixes chez Ramón, ce qui fait du discours de l'orateur une citation infinie. La moustache sert aussi à l'accentuation écrite, ce qui encourage une économie de moyens pour la diction de l'orateur, lequel peut se borner à l'énonciation. Le message de cette gregueria est la loi du moindre effort.
" Hay un momento, al quitarnos la chaqueta, en que nos quedamos como presos, atados súbitamente codo con codo. El supuesto policía de la conciencia aparece detrás de nosotros."
" Quand nous enlevons notre veste, il y a un moment où nous restons comme emprisonnés, attachés soudainement par les coudes. Le présumé policier de la conscience est apparu derrière nous. "
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1. Le mercredi 25 décembre 2019, 17:15 par gerardgrig
Dans la vie quotidienne, il y a des occasions d'accident stupide, comme de rester prisonnier d'un vêtement que l'on a voulu retirer, avec un petit début de désespoir si l'on est seul. Pour remédier à cette angoisse, il n'y a rien de mieux que la fiction assortie d'un dessin, qui font penser à une idée de roman. Le personnage du policier de la conscience a la dureté de la loi, mais il est aussi un ange gardien. Il permet de conjurer la stupidité du hasard qui règle nos vies.
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"Nous oublions trop facilement qu’aux yeux des étrangers qui nous voient pour la première fois nous sommes tout autre chose que ce que nous pensons être nous-mêmes : et généralement nous ne sommes rien de plus qu’une particularité qui saute aux yeux et détermine l’impression d’ensemble. Ainsi le plus doux et le plus équitable des hommes n’a qu’à porter une grosse moustache, et il pourra en quelque sorte s’asseoir à son ombre, et s’y asseoir en paix, – les yeux ordinaires voient en lui l’accessoire d’une grosse moustache : à savoir un caractère militaire, prompt à s’échauffer, violent à l’occasion – et ils se comportent avec lui en conséquence." Platon l'avait bien vu. Le problème de l'homme juste, c'est que cela ne se voit pas. Pour survivre dans le monde de la compétition sociale, il vaut mieux avoir l'air d'un timocrate, d'un Spartiate, plutôt que d'un gourou athénien.
Ramón y voit l'indice d'une coquetterie. Dans le registre de la plaisanterie sur Nietzsche, Ramón aurait aimé le livre de Jean-Baptiste Botul, "Nietzsche et le démon de midi".