mardi 12 décembre 2006

Thomas Nagel et Pythagore.

Le philosophe américain Thomas Nagel écrit dans Le point de vue de nulle part (1986) :
« On peut concevoir que le moi se déplace d’un corps à un autre, même si en réalité ce n’est pas possible. On peut également envisager la persistance du moi au-delà d’un effondrement total de la continuité psychologique – comme dans le fantasme de la réincarnation sans mémoire. » (p.43 de l’édition française)
A la lumière de ce texte, il est clair que les deux possibilités conceptuelles envisagées par Nagel ne correspondent ni l'une ni l'autre à la théorie pythagoricienne de la migration des âmes. Pythagore, lui, a formulé l’impensable : un moi qui, telle une poupée russe, en contient un autre qui en contient un autre, sachant que la première poupée russe n’attend que la mort de son corps pour se retrouver à son tour incluse dans une autre poupée et ceci sans fin ni une quelconque progression (par absence de capitalisation des mémoires). Pythagore a finalement voulu l’impossible : faire d’autrui un autre moi (au sens fort où l’esprit d’autrui serait tout entier en moi). « Je me souviens à la première personne des souvenirs d’autrui. » ainsi parle le pythagoricien. Clairement le pythagorisme repose sur une impossibilité conceptuelle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire