Aujourd'hui, craignant le ridicule et pleine d'incertitudes, l'imagination humaine s'arrête généralement au seuil de l'au-delà.
Du moins c'est ainsi que sont interprétées quelquefois les expériences de mort imminente.
Kant, dans les lignes qui suivent, ne les vise pas, certes ; il y met en garde contre une introspection attentive à ce que notre pensée a d'involontaire et encline à y trouver des connaissances relatives à Dieu, au surnaturel, plus vaguement à la métaphysique. Reste que ce passage peut encore servir à rendre suspectes les interprétations religieuses des expériences de mort imminente :
" Une telle entreprise (Kant se réfère à " l'histoire intérieure du cours involontaire" de nos pensées et de nos sentiments) constitue, dans le désordre mental de prétendues inspirations d'en haut et de l'influx de forces venu sans notre participation et on ne sait d'où, le droit chemin pour céder aux délires de l'illumination ou à la tyrannie de l'épouvante. En effet, sans y prendre garde, nous faisons de prétendues découvertes de ce que nous avons introduit en nous-mêmes : là en vinrent une Bourignon avec ses représentations caressantes ou un Pascal avec ses représentations chargées d'effroi et d'angoisse(...) " (Anthropologie d'un point de vue pragmatique, I, I, 4)