samedi 20 mars 2010

Ce que tout professeur de philosophie du Secondaire devrait déclarer au tout début de ses cours.

" Il y a de bonnes raisons de douter du type d'analyse qui va suivre. Je le ferais moi-même si je n'en étais pas l'auteur" comme l'écrit Erving Goffman dans Les cadres de l'expérience (1974 Minuit p.21-22).
Mais alors qui se donnerait la peine d'écouter ?
Que gagne-t-on à écouter, pire à apprendre, une analyse qui n'est pas incontestable ?
Il faudrait avoir compris d'abord qu'il y a de bonnes raisons de chercher un type d'analyse dont il n'y aurait pas de bonnes raisons de douter (au point que le rêve secret de maints philosophes est de sortir des limites du genre dans lequel il réfléchit). Il faudrait aussi avoir saisi que la découverte des bonnes raisons de douter est un perfectionnement intellectuel de soi. En premier lieu, parce qu'on n'accède à ses raisons, si on a la chance d'y accéder, qu'après être passé par la compréhension d'une analyse robuste et charpentée ; en second lieu, parce que ces raisons ne sont pas données et qu'il faut les produire, tâche d'autant plus difficile que le type d'analyse dont on parle est doté d'un système immunitaire relativement efficace (je veux dire par là que l'analyse contient les arguments devant désamorcer les objections prévisibles).
On réalise vite alors que cette honnêteté préliminaire suppose des élèves déjà largement philosophes.
D'où la pertinence pédagogique des préliminaires plus dogmatiques.

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