Les critiques d'art sont d'accord. C'est le contraste avec le tissu des coussins qui rehausse l'éclat de la chair de la Maja, en nous donnant l'illusion qu'elle flotte dur l'eau. C'est une Vénus sorti de l'eau, mais dans une maison de plaisir. En nous invitant à regarder les coussins, Ramón nous donne un conseil de sybarite. Il faut se concentrer sur les préliminaires lié au contexte de l'objet désiré, pour parvenir à l'acmé du plaisir.
2. Le mercredi 12 février 2020, 01:27 par gerardgrig
En attribuant un caractère éthéré de nuage à un élément du tableau, sur lequel il se concentre, Ramón tente de remédier à l'inconfort de l'universel sans concept de l'art. La Maja nue et poilue est-elle encore de la provocation pornographique, le double licencieux et dissimulé de la Maja vêtue ? A-t-elle jamais été de l'art, et si ce n'est pas le cas, pourquoi en serait-elle aujourd'hui ? Toute nudité peinte n'est-elle pas d'essence pornographique ? Las de ces questions lancinantes, Ramón regarde les nuages.
Ramón aime voir le naturel comme culturel et réciproquement. En plus il renverse ici le rapport fond/forme. Plus d'érotisme, et encore moins de pornographie : un ciel sur fond de femme nue.
" Uno de los gestos más conmovedores de la calle es el de la vendedora de castañas o de cacahuetes abriendo nuestro bolsillo para echar en su fondo la medida.'
" Un des gestes les plus émouvants dans la rue est celui de la vendeuse de châtaignes ou de cacahuètes quand elle ouvre notre poche pour glisser au fond la quantité qui nous revient."
La rencontre de la justice dans la vie quotidienne est toujours émouvante. Il doit y avoir des raisons pour que ce geste soit parmi les plus émouvants.
2. Le mercredi 29 janvier 2020, 18:23 par Philalèthe
Il y a un air de famille entre cette vendeuse et les épouses qui se mettaient à genoux pour lacer les souliers de leur époux, droit debout, lui !
Il y a ce rapport de classes entre la vendeuse des rues et le bourgeois qu'elle sert, et que traduit sa posture. Mais cette situation est sublimée par la puissance de la féerie. La vendeuse des rues, c'est la marchande d'allumettes d'Andersen. Elle peut faire advenir la magie dans la vie quotidienne. Elle pourrait remplir d'or la poche du bourgeois.
" Devant les cosmos humides, tendres, pleins de sèves et de courbes, me revient l'idée très simple que la vue est soutenue par le toucher, le toucher par l'ouïe, l'ouïe par le goût, que la réalité est faite de cet équilibre de concordances où Pascal situait le sol véritable de la certitude " écrit Louis Althusser le 21 août 1942 dans son Journal de captivité (Stock/Imec, 1992, p.103)
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