Un internaute peut-être égaré est à la recherche de la recette de la sagesse. Je crains de renforcer son égarement: il n'y en a pas. D'abord, ce que j'appelle sagesse n'est pas un état observable mais un idéal. Le sage est juste l'idéal des philosophes (du moins de certains d'entre eux car d'autres s'en moquent à tire-larigot). Ensuite, par définition, une recette est un procédé qu'on peut appliquer machinalement, même si ce n'est pas le cas la première fois qu'on la suit. Enfin elle est diffusable et applicable universellement, pourvu qu'on s'y attelle (je peux faire à Pékin la recette de la tarte Tatin). On me dira que Michel Foucault a parlé de techniques de soi pour désigner les moyens qu' ont inventés les philosophes antiques pour se transformer dans le sens de la sagesse. Bien sûr mais de telles techniques reviennent à des ordres qu'on se donne à soi-même et aux autres éventuellement ( comme, par exemple, "vis dans le présent, ne pense pas tout le temps à l'avenir" ) sans que personne ne puisse assurer que chacun est en mesure grâce à elles de se transformer dans le sens désiré (ce qui ne veut pas dire que personne n'est en mesure de le faire). Il me semble plutôt que les philosophes en question ne cessent jamais d'appliquer ces techniques et que la vie philosophique en ce sens-là ne dépasse pas cet effort constant et difficile d' améliorer celui qu'on est. L'oeuvre de Marc-Aurèle n'est qu' un ensemble de règles qu'il se propose de suivre et dont le lecteur d'hier et d'aujourd'hui peut s'inspirer. Pas plus qu'on ne pourra inventer des pilules qui rendent sage (qu'on ne me parle pas des antidépresseurs ou des anxiolytiques !), on ne découvrira des "kits mentaux" permettant d'atteindre la béatitude.
Commentaires
Socrate considère que le véritable philosophe est celui qui ce prépare pour mourir. Celui qui n'accède pas par la pensée au savoir du philosophe serait alors incapable de mourir et son âme serait condamnée, aprés la mort du corps, à érrer sur terre ou peut être à se réincarner dans des corps d'animaux. Il mourrirait pas totalement puisqu'il n'aurait pas réussit à séparer à travers de la pensée son âme du corps. Par contre, le véritable philosophe, lui libère son âme du corps et à travers de la mort de celui-ci, son âme s'élève et accède à la vérité. La mort, pour Socrate, serait un état de réussite de l' âme et un synonime de vérité.
Ma thèse est donc la suivante:
L'homme sage est celui dont l'âme accède à la vérité, donc c'est un homme mort. Alors tout philosophe véritable mort est un homme sage. Comment peut-on dire que la pilule qui donne accés à la sagesse n'existe pas? Il suffit de pensée pendant toute la vie sur la véritable éssence de toute les choses (comme l'aurait fait Socrates) pour devenir sage. Aprés la mort bien sur. Il faut méditer, puis mourir. Voilà la formule sécrète. Ce n'est pas difficile du tout et il est impossible de démontrer que Socrate ne soit pas dans ce moment un homme sage. Aucun neurologue ne sait sonder la vériter. Au moin pendant qu'il est vivant.