L'Université de Pittsburgh possède les "Gregues" de Ramón, qui sont ses "greguerias intimes". Il s'agit de sa bibliothèque de travail, un trésor de citations. Elle comprend des fiches cartonnées et des coupures de presse, en abondance, car Ramón avait une formation journalistique. On apprend que ses maîtres antiques en gregueria étaient Euripide, Horace et Ovide. Il prenait aussi des citations chez les auteurs du Siècle d’or (Góngora, Quevedo et Gracián), ses prédécesseurs, ou dans la littérature des avant-gardes (Breton et les surréalistes, García Lorca, etc.). Il reconnaissait Cernuda et Neruda comme des continuateurs de l'art de la gregueria. Néanmoins, on voit aussi que tout écrit l' intéressait, parce qu'il pouvait l'aider à résumer la vie par une citation, et mettre un peu la vie entre parenthèses. La gregueria des deux pelles, ces superbes parenthèses symboliques qui font disparaître une vie d'homme dans le néant, est éclairante pour cela. Cette hantise de la littérature s'élargissait même, en rendant inutile la citation écrite. La jeune et belle Italienne sortant d'une église semblait citer Pétrarque, par son geste, et changer de prénom.
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