Avec Picasso, et les femmes de Picasso, on aborde un vaste sujet. Actuellement, la mode est à la déconstruction du mythe Picasso, même si l'on sauve les périodes bleue et rose qui ont précédé le cubisme. Le livre de Ramón sur Picasso et le cubisme est introuvable. Ramón était sûrement moins naïf que le public de son époque sur le sujet. Dans cette gregueria, il pose une question bizarre, hors-cadre, impertinente. On dirait qu'il ne se faisait pas un mythe de Picasso, même s'il savait l'apprécier. Il lui préférait sans doute Dali ! En tout cas, il pensait peut-être que "Guernica" ne valait pas le "Tres de mayo" de Goya.
Le rapport d'imitation de Ramón à Picasso ou Dali est intéressant, d'un point de vue financier et marchand. Dans les cafés madrilènes et argentins, Ramón devait monnayer ses greguerias illustrées et signées, comme Picasso faisait avec ses dessins sur des bouts de nappes, dans une forme d'économie alternative. Néanmoins, Ramón ne fut jamais un homme d'affaires, comme Picasso et Dali, qui ont bénéficié de bulles spéculatives qui durent encore, et de l'aide d'institutions culturelles. Ramón se ruina partout, à force de tout donner de lui. À la fin de sa vie, Dali a laissé le souvenir d'un artiste qui poussait un chariot la nuit dans les caves du Ritz, chargé de rames de papier recouvertes de sa signature dupliquée à l'infini, et destinées à être commercialisées.
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