jeudi 14 juin 2007

Flash-back: le cynisme, Pascal et le repos.

Des lettres pseudépigraphes des philosophes cyniques Diogène et Cratès (écrites sans doute entre le deuxième siècle avant notre ère et le premier après) ont été publiées en 1998 chez Actes Sud dans la collection Babel.
Voici la lettre 8 de Cratès, adressée aux riches :
« Allez vous faire pendre : vous avez des lupins, des figues, de l’eau et des tuniques de Mégare, et pourtant vous partez en mer, vous cultivez quantité de terres, vous pratiquez la trahison, vous exercez la tyrannie, vous commettez des meurtres, et ainsi de suite, quand il faudrait rester en repos. Quant à nous, nous sommes dans le repos absolu, affranchis de tout mal par Diogène de Sinope, et sans rien avoir, nous avons tout, alors que vous, en ayant tout, vous n’avez rien, parce que vous vivez dans la rivalité, la jalousie, la crainte et la vanité. » (traduction de Geoges Rombi et de Didier Deleule p. 13)
Ce qui évoque Pascal :
« Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, j’ai souvent dit que le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » (Pensée 126 éd. Le Guern)
Sauf que le repos cynique diffère radicalement du repos pascalien. Entre le premier et le second il y a eu le péché originel, qui a rendu la solitude insupportablement douloureuse :
« Mais quand j’y ai pensé de plus près et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir les raisons, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près. » (ibidem)
Le repos cynique : le remède à l’agitation.
L’agitation pascalienne : le remède au repos.

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