samedi 12 mars 2005

Les cyniques dont je ne parlerai guère (1)

Ne visant pas à écrire une encyclopédie du cynisme, j’évoquerai donc seulement en quelques lignes :
1) Cercidas de Mégalopolis, dont Pierre Larousse ignore même l’identité philosophique, puisqu’il lui consacre la note suivante que je relève in extenso :
« CERCIDAS, poète et législateur grec du 4ème siècle av. J.C. Il rédigea un code de lois pour Mégalopolis, sa patrie, et chercha à lui assurer la protection de Philippe, roi de Macédoine. Démosthène, pour cette raison, le compta parmi les mercenaires de Philippe et le mit au nombre de ceux qu’il accusait de trahison envers la Grèce. » (Tome III 1867)
C’est peut-être juste pour le plaisir de placer sur Internet ces lignes vieillies que je les recopie… En tout cas, je n’ai pas la chance de disposer de l’immense Dictionnaire des philosophes antiques de Goulet et de toute façon Léonce Paquet, un siècle plus tard (1975) le désigne encore comme « un réformateur social ». Il fallait bien faire revivre un instant ce cynique bâtisseur, rejeton sédentarisé de tous ces destructeurs plutôt nomades.
2) Démétrius, expulsé de Rome à deux reprises, par Néron et par Vespasien, admiré par Sénèque, critique des folies de Caligula.
3) Dion Chrysostome, d’abord rhéteur professionnel, d’où son surnom, Chrysostome, à-la-bouche-d’or, disciple, comme Epictète, du stoïcien Musonius (ce qui prouve que le cynisme n’est pas soluble dans le stoïcisme), lui aussi conspirateur, contre Domitien, et condamné pour cela à l’exil, transformant sa peine en vagabondage cosmopolitique. J’imagine que ces cyniques sont devenus réellement dangereux pour le pouvoir: ils n’attaquent plus le genre humain en moralistes mais ils font de la politique philosophique. L’exil n’est plus une affaire privée ou un rêve hautain, c’est une sanction imposée par l’Etat. Le cynique ne choisit pas l’exil comme mode de vie, il en est victime. De Pierre Larousse, je recopierai seulement ces quelques lignes romanesques :
« Il erra en fugitif, réduit souvent à labourer pour vivre (...) Il joue trop souvent l’illuminé » (Tome 6, 1870)
Larousse ne devait pas du tout aimer les illuminés mais avoir plus de sympathie pour les laboureurs.

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