Relisant Le vampire de Baudelaire, je m'aperçois d'une étrange anomalie :
" (...)
— Infâme à qui je suis lié
Comme le forçat à la chaîne.
Comme au jeu le joueur têtu,
Comme à la bouteille l’ivrogne,
Comme aux vermines la charogne,
— Maudite, maudite sois-tu !"
En toute logique, le poète aurait dû écrire " comme à la charogne les vermines ". Mais les contraintes de la rime l'ont emporté sur les exigences de la raison ! D'ailleurs ce n'est qu'à la rime que pense Antoine Adam dans sa belle édition des Fleurs du mal :
" On notera la disposition des rimes, embrassées dans ce quatrain,alors qu'elles étaient croisées dans les deux premières strophes." (Classiques Garnier, 1959, p. 314). Rien non plus dans l'édition de la Pléiade.
En tout cas, de cette irrégularité naît l'image rare d'un cadavre addict aux vers, telle une bouteille à la recherche désespérée de qui la boira.