" Le peinan, le calzan, duerme, y estudia. Nadie dira que desaprovecha el tiempo - on le coiffe, on le chausse, il dort, et il étudie. Personne ne dira qu'il perd son temps - " (Manuscrit du Musée du Prado)
C'est le ministre qui lit en diagonale ses dossiers pendant sa toilette, avant d'aller en réunion. Personne n'imagine avec quelle légèreté les gens sont gouvernés. Ce n'est pas nécessairement dû à l'incompétence et au favoritisme. Sous la Vème République en France, quand Giscard était ministre des finances au Louvre, il passait son temps chez les antiquaires de la Rue de Rivoli. En conseil des ministres, Pompidou lui reprochait de lire ses dossiers en diagonale. C'est le problème de la spécialisation. Mieux vaut un généraliste, un littéraire qui bûche tard ses austères dossiers d'économie, parce que cela l'intéresse paradoxalement, qu'un spécialiste polytechnicien qui s'ennuie dans son bureau, parce qu'il sait tout dans son domaine d'expertise, et qui rêve d'art.
2. Le mercredi 27 mars 2019, 11:44 par lena galpesc
alors vous aimerez Macron , le Giscard de l'an 2017. On ne lit pas les dossiers car on sait d'avance ce qu'il y a dedans. sauf le jour où il y a un truc inédit, et où on approuve, ou donne son paraphe, à ses dépends, car la presse n'attend, comme Lendl face à McEnroe (pardon pour la ringardise des souvenirs tennistiques), que la faute pour faire un revers.
Vous avez raison d'identifier une allusion politique dans ce Capricho. D'ailleurs les trois autres explications manuscrites mentionnent explicitement les moeurs des ministres. Celle de Ayala est claire : " Les ministres attendent la dernière minute pour prendre connaissance des affaires de leur charge (...)" Il semble que la gravure est à clef et que soit visé le Duc de Parque. Cela dit, les commentateurs sont divisés : pour l' un (E. Piot, 1842), le duc avait à coeur de montrer qu'il ne passait pas plus de temps à cultiver son esprit que celui qu' on prenait à le coiffer. Mais d'après Lefort (1867), le duc avait acquis grâce à ce temps de lecture une culture immense qu'il mettait à profit au cours de missions diplomatiques. E. Helman (1963) cite un journal satirique de 1789 L'inoculation de la raison : " Nous nous ne regardons rien, mais nous jugeons de tout. D'un coup nous gouvernons un royaume et pendant qu'on nous peigne, on rédige un code."
Commentaires
de l'an 2017. On ne lit pas les dossiers
car on sait d'avance ce qu'il y a dedans.
sauf le jour où il y a un truc inédit, et où on approuve, ou donne son paraphe, à ses dépends, car la presse n'attend, comme Lendl face à McEnroe (pardon pour la ringardise des souvenirs tennistiques), que la faute pour faire un revers.