Le rapprochement de la gregueria avec les images doubles de Dali, auquel Ramón consacra un livre, était inévitable. Cette combinaison d'images s'associe idéalement avec la putréfaction et la scatologie comme fond des choses, ce qui est aussi une forme de dédoublement. On ne peut pas voir les deux images en même temps, et il y a un battement entre elles, propice à l'inversion et à l'égalisation des conditions : la tête de mort semble appeler le même compliment, pour ses yeux noirs, que la ballerine, dans une danse macabre. On pense aussi au "Viva la muerte !" qui serait au fond de l'âme espagnole, si elle existe. On a surtout le souvenir que ce cri fut récupéré par les fascistes espagnols, mais il traduit un sentiment tragique de la vie, un "amor fati". Quant aux images doubles de Dali associées à la mort, elle semblent avoir eu une influence capitale sur lui. La psychanalyse s'en mêle et donne un rôle symbolique à la Mère. Dali avait un frère mort avant lui, qui s'appelait aussi Salvador. Comme Mark Twain avec son jumeau mort, il n'a jamais su s'il était lui ou son frère.
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