jeudi 18 juillet 2019

Greguería n° 89

" Lo maravilloso es que miramos por los ojos como si no tuviésemos ojos."
" L'étonnant est que nous regardons à travers les yeux comme si nous n'avions pas d' yeux."

Commentaires

1. Le lundi 22 juillet 2019, 13:55 par gerardgrig
Le lampadaire était aussi lié a la thaumaturgie de Ramón. Dans les années 1920, et jusqu'au milieu des années 1930, il donnait des conférences "greguerizantes". À la fin de l'une d'elles portant sur les lampadaires, un aveugle est venu lui dire que grâce à lui, il les avait vus. Dans l'image, il y a aussi le curieux dessin du visage de Ramón, en double et en surimpression. La signature fait les yeux et le nez.
La bouche est fermée et elle est un trait tremblé. C'est l'organe de la gregueria, qui est avant tout vocale. Que représentent ces nuages, reliés par la bouche, sur les joues ? Sont-ils un maquillage pour le carnaval ? Ramón est bien l'auteur des greguerias, mais il est double, transparent, maquillé, stylisé, et en quelque sorte esthétisé.
2. Le vendredi 26 juillet 2019, 16:48 par Philalethe
Oui c'est une étrange image. Chaque chapitre de Automoribundia étant décoré d'une petite vignette, c'est ce visage que Ramón choisit de présenter au début du premier chapitre racontant sa naissance et commençant par ces mots difficilement traduisibles : Nací, o me nacieron - que no sé cómo hay que decirlo en estricta justicia. Je suis né ou ils me naquirent - je ne sais comment le dire en toute exactitude.
Ramón y explique qu'il est fait pour porter ce prénom, adapté parfaitement à son visage :
Je suis né pour m'appeler Ramón, et je pourrais même dire que j'ai le visage rond et gros de Ramón, digne de ce grand O sur lequel s'appuie le nom, et qui est exalté par son accent que seule l'imprimerie m'escamote parce que les majuscules n'y sont pas accentuées."
Certes c'est étrange qu'alors Ramón n'ait pas accentué le o dans son petit dessin...

Images ramoniennes.

Total de greguerías (Aguilar, Madrid, 1955)

Commentaires

1. Le jeudi 18 juillet 2019, 14:41 par gerardgrig
Dans ces images on voit que le cirque, le carnaval et le music-hall faisaient le décor des greguerias. C'était la Fête ! À gauche, on aperçoit peut-être le Café de Pombo.
2. Le samedi 20 juillet 2019, 12:18 par Philalethe
Oui, mais le réverbère et le double banc inoccupé délimitent aussi un espace solitaire.

mercredi 17 juillet 2019

Greguería n° 88

" Todo se especializa, y un día leeremos : "Encuadernaciones para alérgicos." "
" Tout se spécialise et un jour nous lirons : " Reliures pour allergiques. "

mardi 16 juillet 2019

Greguería n° 87

" Cada vez es mas modesto mi ideal : hoy he cortado las patas a una mesa."
" Chaque fois mon idéal est plus modeste : aujourd'hui j'ai coupé les pieds d'une table."

lundi 15 juillet 2019

Greguería n° 86

" Pensamiento consolador : el gusano también morirá."
" Pensée consolatrice : le ver mourra aussi."

dimanche 14 juillet 2019

Greguería n° 85

" El vanidoso pavo real tiene en la cola un coro de impertinentes de señora."
" Le vaniteux paon royal a sur la queue un choeur composé de faces-à-main de dame."

Commentaires

1. Le samedi 20 juillet 2019, 12:30 par gerardgrig
Les observations de la nature de Ramón ont une force comique. Il humanise la nature à outrance, en la ramenant à son monde limité et daté à lui. Dans le cas du paon, il y a une intention morale ou une critique sociale évidentes, tandis que les faces-à-main des dames évoquent les théâtres et les salons de son temps. La gregueria 51 du bourgeon qui éclot comme une rupture d'anévrisme fait penser à l'angoisse des fêtards des cafés madrilènes, quand ils anticipent leur fin. La gregueria 65 d'histoire naturelle des sauriens primitifs est un jeu de société, celui des ombres chinoises. Et il y a la gregueria spéléologique 63, et la finalité fantaisiste du stalactite. Que signifie cette vision désinvolte et trop distrayante de la science ? Est-ce du scepticisme ? Ramón montre l'ignorance humaine sans fard et il en rit.
2. Le vendredi 26 juillet 2019, 16:50 par Philalethe
Et puis désormais quand les paons me tournent le dos, je me sens encore regardé !

samedi 13 juillet 2019

Greguería n° 84

" Los locos son los que han encontrado una estratagema para no tener que pensar."
" Les fous sont ceux qui ont trouvé un stratagème pour ne plus avoir à penser."


jeudi 11 juillet 2019

Greguería n° 83

" Cuando en la guerra oímos hablar de divisiones, se nos presentan los soldados en forma de esa operación aritmética, y el cociente final depende de cómo fueron divididas las divisiones. ¡ Atroz cuando no dan sino 0000 ! "
" Quand pendant la guerre nous entendons parler de divisions, nous nous représentons les soldats par le moyen de cette opération arithmétique, et le quotient final dépend de la manière dont sont divisées les divisions. C'est atroce quand on n'a rien que 0 ! "

mercredi 10 juillet 2019

Greguería n° 82

" Proyectadas por una lámpara indiscreta, dos sombras gigantescas que ocupan el écran de varias medianerías nos regalan unos metros de pelicula gratis."
" Projetées par une lampe indiscrète, deux ombres gigantesques, qui occupent l'écran de plusieurs murs mitoyens, nous offrent quelques mètres de film gratuit."

Commentaires

1. Le vendredi 12 juillet 2019, 00:45 par gerardgrig
Ramón, que savait-il exactement des sciences de son temps ? Il y aurait à faire une épistémologie des greguerias. Ramón semble être gestaltiste en psychologie. Il y a des greguerias qui font penser à la Théorie de la Forme : la 70 et son homme-fleur, la 75 et son fauteuil hanté, le point sur un i de Musset, le château inversé en tête de mort de la 79. Dans la 82, les ombres portées, qui évoquent le cinéma en plein air, semblent illustrer la loi de familiarité de la Gestalt.
2. Le mardi 16 juillet 2019, 14:55 par Philalethe
S'agit-il d'un baiser ? Aujourd'hui, quelquefois, par le selfie, il est diffusé bien au-delà des murs mitoyens et les protagonistes se rêvent en acteurs !
3. Le samedi 20 juillet 2019, 11:52 par Philalethe
Dans son autobiographie, Automoribundia, Ramón, quand il raconte sa naissance, décrit ses premières perceptions comme étant des ombres : " (...) sombras largas y difusas, sombras vagas, como esas que en le techo de la habitación que da a la calle se reproducen, se mueven, se cruzan, se difuminan y se suceden suavemente." (" ombres longues et diffuses, ombres vagues, comme celles qui au plafond de la pièce qui donne sur la rue se reproduisent, se déplacent, se croisent, s'estompent et se succèdent doucement."). Mais à l'inverse de ce que décrit la greguería nº 82, ce sont cette fois des ombres projetées à l'intérieur.
4. Le lundi 22 juillet 2019, 14:14 par gerardgrig
Ramón était adepte de la psychanalyse "à la sauvage". Il était proche de Groddeck, qui était en marge du mouvement analytique, et duquel il appréciait la psychosomatique. En Espagne, Ortega y Gasset a commencé à parler de Freud. Dans "Le Docteur invraisemblable", Ramón utilise la psychanalyse comme matériau romanesque, comme Pierre Jean Jouve.

mardi 9 juillet 2019

Greguería n° 81

" He podido aislar el microbio de la risa. Si la risa no fuese un microbio, no nos reiríamos con ciertas obras abyectas ni en ciertos momentos en que es recomendada la seriedad... Los que cuentan chistes malos son los portadores de ese microbio."
" J'ai pu isoler le microbe du rire. Si le rire n'était pas un microbe, nous ne ririons pas avec certaines oeuvres abjectes ni à certains moments où le sérieux est recommandé... Ceux qui racontent des mauvaises blagues sont les porteurs de ce microbe. "