Écho de Kant, §42 de La critique de la faculté de juger (De l'intérêt intellectuel concernant le beau) : cf. le jeune espiègle caché dans un buisson qui imite à la perfection le chant d'un rossignol... Ah ! ces maudits imitateurs qui vous gâchent le plaisir !
Judicieux rapprochement ! Vous enrichissez ma lecture de ce texte car, en lisant cette greguería, j'ai pensé à autre chose : que l'incertitude vient de ce qu'on ne sait pas si c'est vraiment un rossignol ou un autre oiseau. Inquiet de bien classer ce chant éphémère, on ne peut pas se concentrer sur sa beauté. Peut-être qu'en termes kantiens on peut dire que, soucieux de la beauté adhérente, on perd de vue la beauté libre...
Il me semble que le livre célèbre de Marcel Moré, "Le dieu Mozart et le monde des oiseaux" abonde dans ce sens. Quand on a entendu les chants d'oiseaux dans la musique de Mozart, qui fait plus que les imiter, en les "transfigurant" et en leur donnant des "âmes", on se demande si l'oiseau que l'on entend dans la nature ne chante pas du Mozart.
Dans le cas que vous évoquez, celui de l'esthète qui perçoit la nature à travers les oeuvres qu'elle a inspirées, l'incertitude est vraiment feinte. Mais pourquoi pas ? Ces greguerías invitent souvent à la pluralité des interprétations.
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Ah ! ces maudits imitateurs qui vous gâchent le plaisir !