Après avoir fait du Freud, peut-on espérer refaire du La Bruyère ?
Louis-Ferdinand Céline :
" De nos jours, faire le "La Bruyère" c'est pas commode. Tout l'inconscient se débine devant vous dès qu'on s'approche" (Voyage au bout de la nuit La Pléiade, p.397)
Bonjour, J'essaye comprendre votre rapprochement (et par la même celui de Céline). Ici, vous semblez faire un parallèle entre le moraliste La Bruyère, et la psychanalyse Freudienne. Est-ce à dire que le moraliste dont l'objectif semble de mettre à jour les vices cachés derrière nos vertus partage avec Freud - à un degré moins achevé - cette mission (désolé je ne trouve pas de terme plus adéquat)?
Une lecture possible : faire le "La Bruyère", c'est penser que les esprits peuvent être décrits adéquatement sans mentionner l'inconscient : même si la description fait ressortir quelquefois le caché, l'esprit décrit reste intégralement connaissable pour le psychologue pénétrant. L'inconscient, présenté ici comme indéterminable, changerait la donne : le doute sur la possibilité de connaître à fond un homme naît ; du coup l'écrivain qui fait du La Bruyère comme si Freud n'était pas passé par là court le risque de passer pour aveugle et naïf.
Certes on pourrait reprendre l'idéal de connaissance de la Bruyère, en tenant en compte l'inconscient mais on risque d'aboutir à un échec à cause de cet inconscient inobservable. La gravité de l'échec est relative à la manière dont on comprend le "pas commode" : ardu ou impossible ?
Finalement on peut comprendre la phrase au moins de trois manières : a) décrire l'esprit en 1932 avec les concepts de La Bruyère est mal reçu. b) reprendre le projet psychologique de La Bruyère en tenant en compte la réalité de l'inconscient est une tâche difficile. c) c'est une tâche impossible
Ces deux dernières phrases concluent un chapitre à la fin duquel Bardamu et Madelon, "pour faire psychologues" essayent "d'analyser un peu le caractère de Robinson. " Il n'est pas jaloux précisément qu'elle me dit alors, mais il a des moments difficiles. - Ça va ! ça va !..." que j'ai répondu et je me suis lancé dans une définition de son caractère à Robinson, comme si je le connaissais, moi son caractère, mais je me suis aperçu tout de suite que je ne connaissais guère Robinson sauf par quelques grossières évidences de son tempérament. Rien de plus. C'est étonnant ce qu'on a du mal à s'imaginer ce qui peut rendre un être plus ou moins agréable aux autres...On veut le servir pourtant, lui être favorable, et on bafouille...C'est pitoyable, dès les premiers mots...On nage."
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J'essaye comprendre votre rapprochement (et par la même celui de Céline). Ici, vous semblez faire un parallèle entre le moraliste La Bruyère, et la psychanalyse Freudienne. Est-ce à dire que le moraliste dont l'objectif semble de mettre à jour les vices cachés derrière nos vertus partage avec Freud - à un degré moins achevé - cette mission (désolé je ne trouve pas de terme plus adéquat)?
a) décrire l'esprit en 1932 avec les concepts de La Bruyère est mal reçu.
b) reprendre le projet psychologique de La Bruyère en tenant en compte la réalité de l'inconscient est une tâche difficile.
c) c'est une tâche impossible